Espagne : cumuler chômage et salaire pour encourager le retour à l'emploi

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Trina Banderas, France-Soir
Publié le 13 novembre 2023 - 10:30
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Nadia Calvino
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Stefani Reynolds / AFP
La première vice-présidente du gouvernement espagnol, Nadia Calviño, a exclu la possibilité d'une réduction légale de la durée maximale du travail.
Stefani Reynolds / AFP

MONDE - Pendant la prochaine législature espagnole, l'amélioration des normes du travail et l'augmentation de la productivité constitueront les deux principaux défis en matière d'emploi. S'il est réélu, le gouvernement actuel prévoit de réformer les politiques de l'emploi afin d'encourager les 2,7 millions de chômeurs espagnols à réintégrer le marché du travail.

Jeudi 2 novembre, la première vice-présidente du gouvernement espagnol, Nadia Calviño, et le secrétaire d'État à l'Emploi, Joaquín Pérez Rey, ont souligné que certains chômeurs en Espagne ne sont pas motivés par l’idée de retourner au travail pendant qu'ils reçoivent des allocations. En d'autres termes, ces personnes refusent parfois des emplois parce qu'elles estiment qu'il est plus avantageux de profiter de leur temps libre et de recevoir des allocations plutôt que de travailler pour un salaire qui ne leur semble pas suffisant. Ces derniers comparent souvent les deux options et choisissent le chômage.

Percevoir 100 % de son nouveau salaire ainsi qu'une partie de l'allocation

Pour résoudre ce problème, le gouvernement envisage de mettre en place une mesure préconisée par l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Cette proposition vise à rendre les allocations de chômage compatibles avec un salaire. Ainsi, une personne recevant des allocations de chômage et se voyant offrir un emploi pourrait percevoir 100 % de son nouveau salaire ainsi qu'une partie de l'allocation, par exemple 85 %, au cours du premier mois.

Cette proportion diminuerait progressivement au fil des mois jusqu'à ce que les allocations cessent d'être versées. Pendant un certain temps, le travailleur recevrait à la fois son salaire et les allocations, ce qui l'encouragerait à accepter l'emploi, car son revenu serait doublé. Cette mesure vise à stimuler la reprise de l'emploi et à faciliter la transition des chômeurs vers le marché du travail.

"La réforme du niveau d'aide à l'emploi est en cours, et il existe une disposition expresse pour garantir la compatibilité des allocations de chômage avec le travail. Il y a plusieurs façons de le faire, mais nous devrons déterminer laquelle est la plus appropriée", a déclaré le secrétaire d'État.

D'autres propositions sont actuellement à l'étude, notamment le durcissement des conditions conduisant à la perte du droit à l'allocation, en limitant par exemple le nombre de refus d'offres d'emploi du service public de l'emploi. L'OCDE a déjà signalé que l'Espagne était l'un des pays de l'UE ayant les critères les moins stricts, et a recommandé de réviser ces normes afin de réduire le taux de chômage.

Une productivité faible et un taux d'emploi insuffisant

Pour réduire l'écart de revenus par habitant avec les autres pays de l'UE, l'Espagne doit non seulement améliorer ses taux d'emploi, mais aussi accroître sa productivité. Ángel Gavilán, directeur général de l'économie et des statistiques à la Banque d'Espagne, a souligné que l'absence de convergence du niveau de revenus par habitant avec la zone euro est principalement due à deux faiblesses persistantes de l'économie espagnole : une productivité faible et un taux d'emploi insuffisant.

Il est essentiel d'augmenter la productivité en Espagne, qui stagne depuis deux décennies, pour mettre en œuvre des mesures telles que l'augmentation du salaire minimum (correspondant à 1 080 euros par mois en 14 versements) et la réduction de la journée de travail que le gouvernement envisage d'approuver par voie législative.

Pour réduire le nombre d'heures travaillées dans le pays, actuellement de 40 heures par semaine, sans entraîner une baisse proportionnelle du produit intérieur brut (PIB), le gouvernement devra considérablement augmenter la productivité. Il est donc important d'améliorer fortement la productivité tout en introduisant des réductions du temps de travail pour maintenir l'équilibre économique.

Nadia Calviño a exclu la possibilité d'une réduction légale de la durée maximale du travail de 40 à 37,4 heures sans négociation préalable avec les partenaires sociaux car les employeurs s'y opposent fermement. "L'engagement du gouvernement en faveur du dialogue social est irréversible et nous allons continuer dans cette voie", a-t-elle assuré. Cependant, l'accord entre les partis de gauche (PSOE et Sumar) sur la réduction des heures de travail n'envisage pas explicitement la possibilité d'aboutir à un consensus.

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