France Travail : 43 milliards d’euros pour quel résultat ?

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France-Soir
Publié le 04 février 2025 - 14:22
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POLE EMPLOI
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AFP
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Lorsqu’on interroge le directeur général de France Travail sur le fonctionnement de son agence, sa réponse fuse : "Enfumage" et "mensonge".  C’est la portée de l’échange entre Sarah Knafo, députée Reconquête et Thibaut Guilluy, DG de France Travail (ex-Pôle emploi) depuis 2023. 

Dans un long post X la députée détaille son propos chiffres et sources à l’appui, et dénonce “des salaires mirobolants, l’inefficacité, la souffrance des salariés, l’opacité des chiffres, des fêtes somptuaires”… par une institution financée par le contribuable. 

 

Une agence financée par l’argent des Français 

Chaque mois, 4 % du salaire des travailleurs est prélevé pour alimenter les 43 milliards d’euros du budget de France Travail. Sur cette somme près de 6 milliards constituent le budget de fonctionnement de France Travail. Comme toute institution publique une exigence de transparence et d’efficacité est attendue, à ce titre la députée rappelle que les résultats sont loin d'être à la hauteur. 

 

Thibaut Guilluy : Un parcours politique avant une nomination stratégique 

Dans son post X, Sarah Knafo pointe le parcours de l’actuel directeur général de France Travail, Thibaut Guilluy. Candidat LREM aux législatives de 2017, il avait pour suppléante la fille de Brigitte Macron. “Monsieur Guilluy est donc un homme politique. Il a perdu les élections, mais a vite été recasé… “ il a été successivement nommé Haut-commissaire à l’emploi en 2020, puis directeur général de France Travail en 2023. Il préside également plusieurs agences publiques, notamment le Conseil de l’inclusion dans l’emploi, ça ne s’invente pas, et Les entreprises s’engagent. 

 

Des performances de l’agence décevantes 

France Travail emploie 54 000 salariés pour mettre en relation les entreprises et les demandeurs d’emploi. Pourtant, seuls 12,9 % des chômeurs trouvent un emploi grâce à ses services. Un chiffre si accablant que l’agence ne les publie plus officiellement, obligeant à remonter à un rapport de l’INSEE de 2017 pour les obtenir. En comparaison, LinkedIn emploie seulement 16 000 personnes dans le monde entier, mais facilite chaque jour 11 520 embauches – sans financement public. 

Pour les résultats, M. Guilluy nous donne uniquement un chiffre de 4 millions de contrats signés. « C’est pas rien ! » dit-il. Certes. Mais,en réalité, c’est très peu. 

👉 Il faut savoir qu’en 2022, 47,3 millions de contrats de travail ont été signés, rien que dans le secteur privé (INSEE). Donc 43 millions sans l’aide de France Travail, sans argent public, sans #NotreArgent. 

👉 Sur les 4 millions de contrats célébrés par M. Guilluy, combien sont, en fait, des contrats précaires de quelques semaines, renouvelés plusieurs fois dans l’année, ou des « emplois aidés », donc des emplois financés encore avec #NotreArgent, qui masquent la situation catastrophique du chômage en France ? Là aussi, nous attendons ces chiffres avec impatience ! 

Sarah Knafo

 

Une gabegie financière mise en lumière par la Cour des comptes 

Malgré cet échec, les ressources de France Travail ne cessent d’augmenter. Le rapport de la Cour des comptes est sans appel : "Les résultats obtenus par Pôle emploi en matière de taux de retour à l'emploi sont décevants". Pourtant, la seule réaction de l’agence fut de dénoncer un rapport "exclusivement à charge". 

Autre aberration : alors que France Travail est censée aider les chômeurs à acquérir des compétences, l’agence finance des entreprises privées pour former ses propres salariés à leur métier ! Pire encore, elle sous-traite certaines de ses missions à des sociétés extérieures pour un coût de 1,2 milliard d’euros en une seule année. 

Et les dirigeants ? Le dernier chiffre disponible indique que le directeur général touchait 20 000 euros par mois en 2009. Depuis, aucune information sur son salaire actuel, mais les sommes allouées aux hauts cadres restent considérables, avec certains salaires atteignant 14 000 euros mensuels. 

 

Des dépenses absurdes et des fêtes financées par le contribuable 

Lors d’une émission télévisée, M. Guilluy se félicitait d’avoir fêté la signature de 40 contrats de travail. Pendant ce temps, LinkedIn en facilite 11 520 par jour. Le Canard Enchaîné a quant à lui révélé que France Travail organise des réceptions fastueuses, allant jusqu'à 300 000 euros. Un gaspillage difficile à justifier au vu des résultats obtenus. 

 

Un service inefficace et kafkaïen 

France Travail, censé accompagner les chômeurs, se transforme en "machine infernale" bureaucratique, où les formations imposées sont déconnectées des besoins réels. "Je savais que ça ne me servirait à rien, mais c’était obligatoire sous peine d’être radié !" raconte un ancien bénéficiaire. 

Les conseillers eux-mêmes sont épuisés, obligés de prescrire des prestations inutiles sous pression de leur hiérarchie. La Cour des comptes et même la CGT Chômeurs pointent ce scandale : "Le gouvernement détourne donc les allocations chômage pour engraisser des entreprises privées". 

 

Faut-il repenser ce service public ? 

Face à ces dérives, Sarah Knafo pose des questions essentielles : 

  • Pourquoi payer 54 000 conseillers pour proposer des offres d’emploi que des tas de sites internet ou d’agences d’intérim proposent déjà ? 
  • Quelle est la plus-value de France Travail en matière de recherche d’emploi, par rapport au secteur privé, puisque même France Travail lui achète des formations, voire lui sous-traite son travail ? 
  • Ne faut-il pas réformer en profondeur ce système inefficace qui gaspille l’argent public ? 

Si les résultats de France Travail sont insuffisants, son directeur persiste à défendre un système qu’il a servi toute sa carrière. Le problème, ce n’est pas que France Travail manque de moyens : c’est qu’il dilapide. 

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