Belgique : le nationaliste flamand Bart De Wever nommé Premier ministre après sept mois de négociations

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France-Soir
Publié le 04 février 2025 - 10:45
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A son tour, la Belgique met ses pendules à l’heure des tendances politiques actuelles. Après sept mois de négociations, pendant lesquelles le libéral Alexander De Croo, l’un des perdants des élections de juin dernier, a géré les affaires courantes, Bart De Wever, chef de la Nieuw-Vlaamse Alliantie (Nouvelle Alliance flamande, NDLR), a été nommé Premier ministre lundi 03 février. Indépendantiste de par son parcours, cet ancien maire d’Anvers et député fédéral depuis l’été dernier entend redresser un pays “en très mauvais état” et ciblé par une procédure de déficit excessif par l’Union européenne (UE). Il a fait part de ses projets de limiter les dépenses publiques et de réviser la politique belge en matière d’immigration et de sécurité. Bruxelles rejoint à son tour la tendance nationaliste qui s’affirme aussi bien en Europe qu’ailleurs dans le monde.

Lors des élections législatives fédérales belges de juin dernier, la N-VA est parvenue à se maintenir comme premier parti en Flandre, contredisant les prédictions des sondages. L'Open VLD, parti de l’ex-Premier ministre depuis 2020, Alexander De Croo, a connu un recul important, au même titre que d’autres formations politiques.

La Belgique “est en très mauvais état”

Les résultats n’ont pas permis de dégager une majorité distincte, compliquant la constitution d’un gouvernement composé de partis aux idéologies divergentes. Les réformes socio-économiques à mener pour assainir les finances publiques, avec un déficit public attendu à 4,6% du PIB pour 2024, a compliqué les négociations. Celles-ci ont aussi buté sur d’épineuses questions comme les intérêts des régions flamande et wallonne, la politique migratoire ainsi que la réforme des retraites.

Après 239 jours sans gouvernement, la Belgique tient finalement son Premier ministre et son exécutif. Bart De Wever, 54 ans, a pris ses fonctions hier, lundi 3 février. Les Belges ne resteront pas, comme entre 2010 et 2011, 541 jours sans gouvernement.  

Ce natif d’Anvers est le petit-fils d’un membre de la Ligue nationale flamande, parti politique fondé en 1933 et dissous en 1944, et le fils d’un membre de la Volksunie, le parti nationaliste flamand. Il participe à la création en 2001 du N-VA, formation politique qui peine au début à remporter des sièges malgré plusieurs scrutins avant de frapper un bon coup en 2004 en s’alliant avec les chrétiens-démocrates flamands pour remporter les élections législatives. Bart De Wever devient député au Parlement flamand et président du parti.

La Nouvelle Alliance flamande parvient en 2010 à se hisser à la tête des partis politiques en remportant 27 sièges à l’Assemblée fédérale mais attendra 2014 pour être admis au sein de la coalition gouvernementale, jusqu’à 2018. Entre-temps, Bart De Wever est maire d'Anvers depuis 2013 et conserve ses sièges de député.  

Lundi, il a prêté serment devant le roi Philippe au palais royal avec les quatorze membres de son gouvernement. “Ce pays est en très mauvais état. Nous sommes prêts à le gouverner s’il y a des progrès communautaires concrets à réaliser et si le développement ultérieur de l’autonomie de la Flandre n’est pas un tabou”, avait-il déjà expliqué en janvier.  

Réduction des dépenses publiques, durcissement de la politique migratoire

La Belgique fait actuellement l’objet, au même titre que la France, d’une procédure de déficit excessif par l’UE. Le gouvernement BDW envisage de dégager 20 milliards d’euros pour rentrer dans les clous. Samedi déjà, il évoquait la limitation des dépenses publiques, la réduction des aides sociales, la limitation des allocations chômage, mais surtout une politique plus stricte en matière d’immigration et de sécurité.  

“On va mener une politique migratoire assez stricte, la plus stricte possible dans le cadre européen. Ça, c'est une belle opportunité pour la N-VA et aussi le socio-économique”, a-t-il déclaré. C’est aussi une “opportunité historique de sortir du déficit, des dettes, et la politique d'assistanat du Parti Socialiste".

“Le budget va évoluer vers le pire budget du monde occidental si on ne fait rien. La politique a changé, donc on doit changer la politique. On doit finalement adopter des grandes mesures, des grandes réformes pour les pensions, pour la fiscalité, le marché du travail, que la Commission européenne nous préconise de faire depuis deux décennies déjà, mais qu'on n'a jamais fait”, a-t-il ajouté, évoquant “10 ans d'assainissement" à “faire avec des libéraux et des socialistes. Vous pouvez vous imaginer que ce n'est pas facile..."

Bart De Wever envisage aussi une réforme institutionnelle, malgré l’absence de majorité distincte durant cette législature. Il aborde “la suppression du Sénat, qui est pour moi un symbole de gaspillage d'argent public, et des mesures comme ça”.  

La nomination de Bart De Wever comme Premier ministre vient confirmer une tendance nationaliste plus large observée en Europe et dans le monde. En Europe, on peut citer l'exemple de Giorgia Meloni en Italie ou de Viktor Orbán en Hongrie. Cette tendance reflète une réaction à la mondialisation, aux crises économiques et migratoires, ainsi qu'un désir de certains électeurs de renouer avec une forme de souveraineté nationale perçue comme menacée par les institutions supranationales comme l’UE.

 

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