Au CNRS, la création des "Key Labs" élitistes divise
La semaine dernière, les chercheurs du CNRS ont protesté contre la création des "Key Labs", des laboratoires de pointe financés au détriment des autres. Une initiative qui exacerbe les tensions internes et remet en cause le leadership du président, Antoine Petit.
Les "Key Labs", nouveaux laboratoires d'élite censés représenter l’excellence scientifique, font l’effet d’une petite bombe au CNRS. Derrière cette idée se cache une politique d’économie qui entraîne l’exclusion financière des laboratoires jugés "moins compétitifs". Les chercheurs dénoncent cette compétition forcée, accentuée par une réduction drastique des crédits de recherche, imposée par un contexte politique tendu. Le président du CNRS, Antoine Petit, défend son projet en soulignant qu’il est nécessaire pour rester compétitif face aux enjeux internationaux.
Mais, comme le rapporte France Info, ses arguments ne semblent pas convaincre. Le collectif Rogue ESR, soutenu par une majorité de chercheurs et étudiants, dénonce une politique de "coup de poignard dans le dos" : en concentrant les financements sur quelques laboratoires, cette réforme crée des inégalités criantes entre les équipes. "Ce qui nous est proposé, c'est de nous battre pour des miettes", affirme Olivier Berné, astrophysicien au CNRS et membre du collectif. Pour lui, ce projet transforme la recherche en une compétition malsaine, où les labos devront rivaliser pour une part de plus en plus restreinte des financements.
Le projet de loi de finances 2025, qui impose des économies sur le CNRS, n'arrange pas les choses. Les sénateurs ont déjà annulé plus d'un milliard d’euros, et l'idée des "Key Labs" ne semble être qu'une manière déguisée d'appliquer des coupes budgétaires sans en assumer pleinement la responsabilité. Mais cette division entre laboratoires ne fait qu’alimenter un ressentiment grandissant, avec en toile de fond une question cruciale : qui décide de l’élite scientifique ?
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.