Investiture espagnole : le soutien de Carles Puigdemont, qui exige l’amnistie des indépendantistes catalans, crucial pour Pedro Sánchez

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Trina Banderas, France-Soir
Publié le 02 novembre 2023 - 14:41
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Puigdemont
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Photo by Kenzo TRIBOUILLARD / AFP
Carles Puigdemont à Bruxelles, Parlement Européen 5 juillet 2023
Photo by Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

MONDE - Le gouvernement intérimaire espagnol, dirigé par le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, se trouve actuellement dans l'ultime phase des préparatifs pour son second mandat. L'actuel chef de l'État désireux d'éviter des élections anticipées, aspire à le débuter dès la semaine prochaine (7-8 novembre).

Suite à sa victoire aux élections de juillet, le chef du Parti populaire, Alberto Feijóo, a tenté en vain de former une coalition suffisamment solide pour son investiture. Face à l'absence de consensus, c'est désormais au tour du Premier ministre sortant, Pedro Sánchez, de prendre la relève pour diriger le pays.

Pedro Sánchez dispose jusqu'au 27 novembre d'un délai pour rassembler le soutien parlementaire nécessaire à son investiture. Cependant, l'objectif du Parti socialiste espagnol (PSOE) est que sa nomination intervienne lors du congrès du Parti socialiste européen à Malaga, les 10 et 11 novembre.

Dans cette perspective, le PSOE a récemment conclu un accord avec le parti de gauche Sumar, dirigé par Yolanda Díaz. Toutefois, il reste crucial d'obtenir le soutien du parti indépendantiste catalan Junts per Catalunya, dirigé par Carles Puigdemont, pour consolider cette majorité.

Bras de fer politique

Depuis octobre 2017, Carles Puigdemont s’est soustrait à la justice espagnole, s’exilant à Waterloo, près de Bruxelles, à la suite du référendum illégal en Catalogne. C'est pourquoi Bruxelles, et plus particulièrement Waterloo, ont été récemment au centre de l'attention tant nationale qu'internationale. En effet, c'est là que se joue le sort du gouvernement progressiste que Pedro Sánchez tente de mettre en place depuis juillet.

Les conditions posées par Puigdemont en échange de son soutien compliquent évidemment les négociations en cours.

L'une des principales demandes de Puigdemont est l'adoption d'une loi d'amnistie, permettant d'effacer les infractions liées à la participation au référendum de 2017. En d'autres termes, cela impliquerait l'abandon des poursuites judiciaires contre les partisans de l'indépendance catalane, y compris Puigdemont lui-même. De plus, l'indépendantiste catalan insiste sur l'examen de la possibilité d'organiser un nouveau référendum en Catalogne et sur la reconnaissance du "conflit politique" dans la région.

L'amnistie et l'avenir du gouvernement espagnol

En cas d'échec de ces négociations, les Espagnols pourraient être appelés à voter de nouveau, probablement à la mi-janvier 2024 - une option que Sánchez espère éviter à tout prix. "L'amnistie représente un moyen de progresser vers l'harmonie et la réconciliation entre les Catalans et le reste du peuple espagnol", a souligné le Premier ministre lors d'une déclaration samedi au siège de son parti à Madrid." Il a ajouté : "C'est le seul moyen possible pour qu'il y ait un gouvernement en Espagne".

La portée de l'amnistie discutée en coulisses est actuellement inconnue, mais les négociations avec M. Puigdemont "avancent dans la bonne direction" et se poursuivront dans les prochains jours, selon une déclaration publiée lundi 30 octobre par le Parti socialiste.

Manifestations en Espagne

Dimanche dernier, environ 100 000 personnes ont manifesté dans la capitale du pays. Cette mobilisation avait pour objectif de protester contre l'amnistie des politiciens catalans. La mobilisation, orchestrée par la fondation Denaes affiliée au parti d'extrême droite Vox, a arboré le slogan : "Contre l'amnistie et le coup d'État de Sánchez !"

La réunion du 30 octobre à Bruxelles entre Carles Puigdemont et Santos Cerdán, numéro 3 du PSOE, a également renforcé l'opposition de la droite et de l'ultra-droite à l'idée d'une loi d'amnistie. Cette situation suscite de nouvelles manifestations à travers l'Espagne en ce mois de novembre. Un nouveau rassemblement est prévu à Madrid le samedi 18 novembre, avec la participation d'Alberto Núñez Feijóo et Vox. L'organisation Cataluña Suma por España a elle émis un appel le 31 octobre pour une manifestation le dimanche 12 novembre à Barcelone. À cette même date, Pedro Sánchez pourrait être investi avec le soutien des partis indépendantistes, si un accord était trouvé (le PSOE préférerait que cela se réalise le 8 novembre).

Le processus électoral et les négociations politiques en Espagne

En Espagne, les élections générales se tiennent conformément à la Constitution de 1978. Le pays fonctionne comme un royaume parlementaire avec un roi en tant que chef de l'État et un Parlement composé du Congrès des députés et du Sénat. Les membres du Congrès des députés sont élus au suffrage universel direct selon un système proportionnel basé sur les votes pour les partis politiques. Le parti ou la coalition obtenant la majorité des sièges au Congrès des députés forme le gouvernement. Le leader de ce parti devient le candidat au poste de président du gouvernement.

Pour être confirmé en tant que président du gouvernement, ce candidat doit recevoir une majorité de votes au Congrès des députés. En cas d'absence de majorité claire, des alliances politiques peuvent être formées pour constituer un gouvernement stable. Actuellement en Espagne, la situation politique implique Pedro Sánchez, leader du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), qui aspire à former un gouvernement en obtenant le soutien des indépendantistes catalans.

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