Les pays baltes se débranchent du réseau électrique russe pour se connecter au réseau européen

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France-Soir
Publié le 11 février 2025 - 10:30
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Les pays baltes se déconnectent du réseau électrique russe pour se brancher à la Zone synchrone d'Europe continentale, le système électrique européen. La mesure a été officialisée ce samedi 08 février 2025 par la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie, qui disent craindre que Moscou n’ait recours à cette “arme énergétique” contre eux. L’annonce est célébrée en Europe, particulièrement à la Commission européenne.  

Ces trois anciennes républiques soviétiques avaient signé en 2001 un accord, BRELL (pour Biélorussie, Russie, Estonie, Lettonie, Lituanie), définissant la synchronisation de leur système électrique avec le réseau synchrone appelé l'IPS/UPS. Six ans plus tard, c’est-à-dire à partir de 2007, les pays baltes ont entamé des démarches pour intégrer le réseau européen. 

Mais le processus a pris de longues années sans pouvoir aboutir. De nombreux problèmes technologiques et financiers ralentissaient cette intégration, tout comme la nécessité de diversifier entretemps l'approvisionnement, via notamment des câbles sous-marins. 

Les pays baltes se branchent au réseau européen via la Pologne 

Le début de la guerre en Ukraine en 2022 a accéléré le processus. La Lituanie, la Lettonie et l’Estonie ont alors exprimé des appréhensions à dépendre de la Russie. Ces trois pays ont cessé d'acheter du gaz et de l'électricité russes dès 2022 mais leurs réseaux électriques sont restés connectés à la Russie et au Bélarus car la régulation de la fréquence était encore contrôlée depuis Moscou. 

C’est cette régulation qui garantissait un flux d’électricité stable, primordial pour une alimentation électrique fiable des appareils, aussi bien industriels que ménagers.  

Samedi matin, ces pays baltes, membres de l’UE et de l’Otan depuis 2004, ont officialisé leur sortie du réseau russe. "Je peux confirmer que le processus de déconnexion a débuté à 06H" (04H GMT), a indiqué le porte-parole de l'opérateur public lituanien du réseau électrique national Litgrid, Matas Noreika.    

Le ministre de l’Energie, Zygimantas Vaiciunas, a également réagi, affirmant “ôter à la Russie la possibilité d'utiliser le système électrique comme outil de chantage géopolitique". De même pour le Premier ministre Gintautas Paluckas, qui affirme être “prêt” et qui décrète “une nouvelle ère de l’indépendance énergétique”. Vilnius prévoit même, au même titre que l’Estonie et la Lettonie, des célébrations officielles auxquelles est conviée la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen ainsi que les dirigeants de deux autres pays baltes.  

La cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas, ancienne Première ministre estonienne, très critique à l’égard de Moscou, a salué "une victoire pour la démocratie".   

De son côté, la Lettonie a physiquement coupé samedi un câble électrique la reliant à la Russie. 

Le directeur de Litgrid, Rokas Masiulis, a affirmé que la Lituanie et ses voisins fonctionneront en "mode isolé" pendant environ 24 heures pour tester la fréquence de leur réseau. "Nous devons effectuer des tests pour garantir à l'Europe la stabilité de notre système énergétique", a-t-il expliqué. 

A l’issue de ces 24 heures, les États baltes intégreront le réseau européen via la Pologne. Au total, 1,6 milliard d'euros ont été investis dans les trois pays baltes et en Pologne dans le projet de synchronisation. Les responsables lituaniens et polonais entameront le processus de synchronisation aux alentours de midi dimanche. 

"Divers risques à court terme sont possibles, tels que des opérations cinétiques contre des infrastructures critiques, des cyberattaques et des campagnes de désinformation”, a averti le département de la sécurité de l'Etat lituanien, qui pointe la Russie du doigt. Le président letton, Edgars Rinkevics, réaffirmant comme son homologue lituanien être “totalement prêt”, a aussi évoqué de “possibles provocations”.  

Moscou rassure sur son système unifié et sur Kaliningrad 

La Pologne, actuellement présidente de l’UE pour une durée de 6 mois et fervent soutien de Kiev, a annoncé l’envoi d'hélicoptères et de drones pour surveiller la connexion avec la Lituanie.  

En Estonie, où la réaction à la déconnexion du réseau russe est modérée, la police et des volontaires seront mobilisés pour surveiller les infrastructures électriques essentielles jusqu'au week-end prochain, à cause des risques de sabotage. Le ministère estonien du Climat a appelé la population à vivre comme d'habitude. Car "plus votre comportement sera habituel et prévisible (...), plus la gestion du réseau énergétique sera facile". 

Cette déconnexion intervient dans un contexte tendu en mer Baltique, où plusieurs câbles sous-marins de télécommunications et d'énergie ont été endommagés ces derniers mois. Les accusations sont orientées vers la Russie mais le Kremlin dément.  

De son côté, Moscou n’a pas encore commenté le retrait des trois pays baltes de son réseau. La semaine dernière, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que la Russie avait "pris toutes les mesures nécessaires pour garantir le fonctionnement fiable et ininterrompu" de son système énergétique unifié.   

Il restait à connaître le sort de l’enclave russe, Kaliningrad, située derrière la Lituanie et donnant sur la mer Baltique. Le système énergétique de de Kaliningrad a commencé à fonctionner en "mode insulaire", sans connexion au réseau de la Russie continentale, après la décision des pays baltes de se débrancher du réseau russe.   

La région est prête à fonctionner de manière autonome, selon le ministère russe de l’énergie. “Les décisions opportunes du président et du gouvernement russes ont permis de préparer à l'avance le système énergétique de la région de Kaliningrad à un fonctionnement autonome. Aujourd'hui, la capacité totale des centrales électriques de Kaliningrad s'élève à 1,88 GW, soit deux fois la consommation électrique de pointe de la région, ce qui permet d'assurer un approvisionnement fiable en électricité aux citoyens en toutes circonstances”, a-t-on déclaré. 

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