Les hauts murs d'une autre Notre-Dame

Auteur(s)
Vincent Laroche pour France-Soir
Publié le 05 mars 2025 - 16:30
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norte dame
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Iroz / AFP
Iroz / AFP

On parle, enfin, de Notre-Dame de Bétharram, école catholique et béarnaise d’excellence.

Après des décennies de violence cachée, de maltraitance, de graves sévices, d’agressions sexuelles et même de viols d’enfants, par personnes ayant autorité.

Le degré de ces violences institutionnelles est hallucinant, « l’enfer » d’après les témoignages des ex-enfants violentés : Vexations, insultes et humiliations publiques, souvent pour des « broutilles », et surtout graves voire très graves châtiments corporels : Cet enfant mis à terre et roué de coups de pied dans le ventre et dans la tête pour avoir fait tomber une bille dans le dortoir, cet autre qui a reçu 21 fortes gifles consécutives pour un motif bénin (celui qui a perdu 40 % de son audition ?), ce témoignage sur des lobes d’oreille arrachés… On parle donc à mon sens, au moins dans certains cas, s’ils sont établis par l’instruction, d’actes de torture et de barbarie et pas seulement de « violences aggravées par personnes ayant autorité ». Tous actes et toutes violences commis le plus souvent par des surveillants, appointés avec de l’argent public, s’agissant d’une école privée historiquement sous contrat avec l’État, mais aussi parfois par certains « bons pères » (l’auteur des coups de pied à l’enfant à terre était le Principal de l’école en cause, un père).

S’y ajoutent les agressions sexuelles et viols commis surtout par les « bons pères », dont celui d’un très jeune garçon le jour de l’enterrement de son père. Des élèves s’en seraient également rendus coupables, de même qu’au moins un surveillant, mis en examen.

Plus de 130 plaintes à ce jour, d’autres peut-être à suivre, à moins qu’on entende de nouveau, le temps ayant passé : « La majorité des faits est prescrite, grâce à Dieu ».

Il a fallu attendre 1996, à la suite d’une première plainte consécutive à une violente gifle, pour que la tutelle d’État intervienne, sur saisine de la justice et diligente une inspection commandée par le ministre de l’Éducation nationale en poste à l’époque, Monsieur BAYROU, laquelle se montrera totalement défaillante, le rapport d’inspection dédouanant l’institution de toute violence organisée. Rapport rédigé sans audition préalable d’élèves ou de parents présents, mais uniquement sur les dires des responsables rencontrés. Il se disait semble-t-il auparavant, dans la bourgeoisie locale, que la discipline y était stricte, mais sans plus. Des décennies pendant lesquelles : « On ne savait pas, on ne pouvait pas savoir ». Peut-être, en l’absence de plainte jusqu’en 1996, mais depuis lors, quel suivi rapproché mis en place par l’État pour écarter toute poursuite ou récidive de ces actes, au-delà des poursuites judiciaires engagées contre les auteurs identifiés ?

Pire, le prêtre dirigeant l’institution, poursuivi pour des faits d’agressions sexuelles et de viol sur enfant(s) mineur(s), a néanmoins pu s’enfuir au Vatican avant de se donner la mort à Rome, échappant ainsi aux suites judiciaires. Avec quels appuis, avec quelles complicités cette fuite a-t-elle pu avoir lieu dans un tel contexte ?

Il est nécessaire, il est même impératif, que la justice passe et se montre implacable, en prononçant de très sévères sanctions pour les auteurs encore vivants de ces actes criminels aggravés, et en fixant à la hauteur voulue les réparations auxquelles ont droit les ex-enfants victimes dont les témoignages ont été recueillis et certifiés lors de l’instruction judiciaire.

Par ailleurs, une commission d’enquête parlementaire, en cours, pourrait permettre de déterminer s’il y a eu ou non des pressions politiques pour que ce dossier soit traité dans la discrétion. Elle pourrait notamment mettre un terme, ou non, à la mise en cause publique et très politique dont fait l’objet le Premier ministre, accusé d’être intervenu -dans le cadre de ses fonctions locales-, après 1996, pour que la discrétion prévale et, peut-être, pour que la justice soit clémente. En finir avec l’insidieuse rumeur, qui peut tuer si elle est infondée. Faire toute la clarté, qu’attendent en priorité les ex-enfants victimes.

Au delà,

Compassion et accompagnement, si nécessaire, pour toutes les victimes, recherche de nouveaux témoignages.

Renforcement et répétition régulière des contrôles de la tutelle d’État sur les institutions publiques ou privées d’enseignement avec internat.

Pour qu’on soit assuré que : « Plus jamais ça ! ».

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