Dissuasion nucléaire française en Europe : une bombe diplomatique menace-t-elle le TNP ? Alerte de BonSens.org à l'AEIA


Le 4 mars 2025, une lettre adressée à Rafael Mariano Grossi, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a jeté une lumière crue sur une proposition explosive du président français Emmanuel Macron : étendre la dissuasion nucléaire française à l’Europe. Cette missive de l’association BonSens.org alerte sur une possible violation du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) et demande une enquête urgente.
L’association @BonsensOrg a adressé ce jour une lettre officielle par LRAR internationale (et par mail) à M. Rafael Mariano Grossi, Directeur Général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), pour signaler une possible violation du Traité sur la non-prolifération… pic.twitter.com/Uju59ChiiV
— BonSens.Org (@BonsensOrg) March 4, 2025
Alors qu’un sondage France-Soir/BonSens de janvier 2025 révèlait que 77 % des Français jugent le risque de guerre nucléaire réel, cette initiative divise et inquiète, ravivant les tensions autour de la prolifération et de la sûreté mondiale. Que signifie cette démarche ? Qui est l’AIEA ? Et pourquoi ce sujet fait-il trembler l’ordre international ?
Un signalement alarmant
La demande de BonSens.org repose sur une prémisse claire : les déclarations récentes de Macron, relayées notamment par Le Parisien le 3 mars 2025 (« Étendre la dissuasion nucléaire française à l’Europe »), pourraient contrevenir aux articles 1 à 3 du TNP. Ce traité, en vigueur depuis 1970, interdit aux États dotés d’armes nucléaires (comme la France, avec ses 290 ogives – source statistica) de transférer ces armes ou leur contrôle à des États non dotés, et aux seconds de les acquérir. L’idée d’un « partage » nucléaire avec l’Europe ou l’Union européenne (UE) soulève des soupçons de prolifération indirecte.
La lettre souligne un précédent : le « partage nucléaire » au sein de l’OTAN, où des pays comme l’Allemagne ou la Belgique hébergent des armes américaines sous contrôle strict des États-Unis. Cet arrangement, bien que controversé, est toléré car Washington conserve la décision finale. En revanche, si la France allait plus loin - par exemple, en cédant un contrôle opérationnel à l’UE ou à des États non dotés comme la Pologne - , elle violerait l’article 1 du TNP, exposant le traité à une crise majeure.
BonSens.org insiste aussi sur un point juridique : ni l’Europe (un concept géographique) ni l’UE (une organisation supranationale) ne sont des États signataires du TNP. Doter l’UE d’un pouvoir nucléaire impliquerait soit un transfert illégal de la France, soit une rupture par des membres non dotés de leurs engagements. Ajoutant une couche de défiance, la lettre évoque la « culture mafieuse » au sein de la Commission européenne, citant la médiatrice Emily O’Reilly dans Politico (20 décembre 2024), pour disqualifier l’UE comme gestionnaire potentiel d’armes atomiques.
La demande est limpide : l’AIEA doit
- enquêter sur les intentions françaises, analyser les discours officiels,
- interroger les parties prenantes (France, Allemagne, Pologne),
- et produire un rapport technique sur la conformité au TNP.
En cas de violation avérée, l’affaire pourrait être portée au Conseil de sécurité de l’ONU.
Extrait de la lettre de BonSens.org a l'AEIA consulté par France-Soir.
Qu’est-ce que l’AIEA ? Une sentinelle nucléaire mondiale
L’AEIA, créée en 1957 et basée à Vienne, est une organisation autonome sous l’égide de l’ONU. Son mandat, défini par son Statut, mêle promotion de l’énergie nucléaire pacifique et prévention de la prolifération militaire. Avec 175 États membres en 2025, elle joue un rôle clé dans la vérification des engagements du TNP via son système de garantie des inspections, et des audits pour s’assurer que les matériaux nucléaires ne sont pas détournés vers des armes.
L’AIEA n’est pas un tribunal, mais une autorité technique. Elle a acquis une stature mondiale en enquêtant sur des crises comme le programme nucléaire iranien ou en sécurisant des sites menacés, comme Zaporijjia en Ukraine depuis 2022. Dans ce cas, elle pourrait demander des clarifications à la France et évaluer si l’extension de la dissuasion reste doctrinale ou franchit la ligne rouge d’un transfert opérationnel.
Le contexte parait propice, mais dangereux et contraire au TNP - une France audacieuse dans un monde instable
L’initiative de Macron s’inscrit dans un climat géopolitique tendu. La guerre Russie-Ukraine, débutée en 2022, a ravivé les craintes nucléaires, l’AIEA elle-même alertant sur les risques autour des centrales ukrainiennes. Parallèlement, le sondage France-Soir/BonSens de janvier 2025 montre une anxiété croissante : 77 % des Français perçoivent un risque réel de guerre nucléaire, un chiffre reflétant l’impact des tensions Est-Ouest et des discours belliqueux.
Macron, souvent perçu comme un stratège opportuniste pas toujours bien compris, cherche à repositionner la France comme leader européen. Depuis le Brexit, elle est le seul État nucléaire de l’UE, et son arsenal de 290 ogives déployées sur sous-marins et avions Rafale, lui confère une influence unique. Proposer une « dissuasion européenne » pourrait renforcer la souveraineté de l’UE face à la Russie ou à la Chine, tout en compensant les doutes sur l’engagement américain dans l’OTAN sous Trump. Cette audace heurte un mur juridique et politique.
Les enjeux : prolifération, sûreté et défiance
- Violation du TNP ? La lettre de BonSens.org insiste sur la distinction entre doctrine et action. Si la France étend sa dissuasion sans transférer d’armes ou de contrôle, elle reste dans les clous, comme les États-Unis avec l’OTAN. Mais toute ambiguïté, par exemple, des ogives déployées en Pologne ou un commandement partagé avec l’UE, serait une rupture.
- Sûreté nucléaire mondiale : avec 77 % des Français craignant une guerre nucléaire, et probablement identique dans d’autres pays, le sujet est explosif. Un élargissement mal contrôlé du parapluie français pourrait déstabiliser l’équilibre stratégique.
- Crise de confiance envers l’UE : La lettre critique la corruption supposée des institutions européennes, rendant l’idée d’un contrôle nucléaire par l’UE peu crédible.
Géopolitique en ébullition et la possible fin du TNP ?
Jamais depuis la Guerre froide le monde n’a semblé aussi proche d’une rupture géopolitique majeure, comme en témoigne l’idée avancée par Chrystia Freeland, candidate à la direction du Parti libéral canadien, de s’appuyer sur les armes nucléaires britanniques pour protéger le Canada face aux pressions de Donald Trump (The Telegraph, 3 mars 2025). Cette proposition, aussi audacieuse qu’inédite, pourrait marquer un tournant fatal pour le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), déjà fragilisé par des décennies de tension et de contournements. Si des États comme le Canada, historiquement non nucléaires, envisagent de s’abriter sous l’arsenal d’autres puissances, cela risque d’entraîner une cascade de prolifération, chaque nation cherchant à sécuriser sa souveraineté par des moyens similaires.
À cela s’ajoute une rumeur persistante : ce soir, devant le Congrès,
Trump pourrait annoncer le retrait des États-Unis de l’ONU, motivé par une volonté d’échapper aux contraintes multilatérales face à une Europe de plus en plus belliqueuse.
Ce week-end, des dirigeants européens, tels qu’Emmanuel Macron et Friedrich Merz, ont multiplié les déclarations escalatoires après la décision américaine de couper le financement à l’Ukraine, révélant une posture de faucons sans les moyens réels de leurs ambitions. Ursula von der Leyen a même proposé une armée européenne dotée d’un budget colossal de 800 milliards d’euros, une réponse ambitieuse, mais incertaine face à une Amérique qui semble seule à vouloir éviter une troisième guerre mondiale.
Dans ce contexte, un retrait américain de l’ONU pourrait être motivé par la volonté ferme de Trump d’empêcher au plus vite de voir l’allié Américain attiré contre sa volonté dans un conflit que les Européens ne semblent pas refuser de toutes leurs forces. En effet, ces derniers se sont donnés le mot pour attiser le risque « perçu » des ambitions de la Russie sur d’autres territoires européens. Un risque bien plus théorique que réel qui sert donc de motif pour essayer de rallier les européens à une escalade éloignant de la paix. Si Trump sortait les États-Unis de l’Otan, cela entrainerait une rapide reconfiguration totale des alliances
Le TNP, la déclaration de Macron et une double trahison en germe ?
Cependant, la suggestion de Chrystia Freeland d’un recours aux armes nucléaires britanniques s’inscrit aussi dans un climat où le président français, Emmanuel Macron, a ouvert la porte à une extension du parapluie nucléaire français à l’Europe. Cette déclaration soulève une question troublante : en proposant de partager un arsenal nucléaire avec d’autres nations européennes, Macron ne risque-t-il pas de saper le TNP de l’intérieur, au point de frôler un acte de trahison vis-à-vis des principes fondateurs de ce traité ?
Le TNP, qui limite strictement le transfert de technologies nucléaires militaires, pourrait être interprété comme violé si la France formalisait un tel partage avec des pays comme l’Allemagne, où Friedrich Merz a déjà appelé à un accès conjoint aux arsenaux français et britanniques et à reconstruire une puissance militaire. Une telle initiative, bien que motivée par la crainte d’un désengagement américain sous Trump, pourrait être perçue comme une provocation par d’autres puissances nucléaires, Russie et Chine en tête, accélérant une course aux armements incontrôlable.
Mais la trahison ne s’arrête pas aux frontières internationales. À l’intérieur même de la France, cette proposition risque de fracturer davantage une société déjà divisée sur la question de la souveraineté nationale et de l’indépendance stratégique. En plaçant l’arme nucléaire française, symbole ultime de la dissuasion et de l’autonomie gaullienne, au service d’une Europe fédérale, Macron pourrait être accusé de trahir un héritage historique cher à une partie de l’opinion publique et des élites militaires, qui y verraient une dilution de la puissance française au profit d’une ambition continentale incertaine.
Si Macron agit ainsi pour contrer l’isolationnisme trumpien et répondre aux pressions internes européennes, il joue un jeu doublement dangereux : compromettre un pilier de la sécurité mondiale tout en s’aliénant une partie de sa propre nation. Un point de plus à prendre en considération dans l’évaluation des risques insensés que le président Macron fait prendre à la nation. Cela menant à une réitération des interrogations sur l'état de santé du président.
France-Soir et la santé de Macron : un président apte à manier l’atome ?
France-Soir s’était déjà inquiété de la capacité d’Emmanuel Macron à gérer l’arme nucléaire. En 2024, face à des rumeurs sur sa santé, le journal a cherché à localiser le Dr Perrochon, médecin personnel du président, pour obtenir des éclaircissements sur son état de santé – une obligation de transparence que le président Macron avait prise lors de ses campagnes électorales, mais qui n’a pas été tenue. N’obtenant pas de réponse claire, France-Soir avait saisi le Conseil constitutionnel, invoquant l’article 7 de la Constitution, qui prévoit l’empêchement du président en cas d’incapacité. Leur question était brutale : Macron présente-t-il les aptitudes physiques et mentales pour contrôler un arsenal de 290 ogives nucléaires ?
Cette démarche, bien que médiatique, soulève une interrogation légitime. Le président français détient un pouvoir quasi absolu sur la dissuasion, pouvant ordonner une frappe sans consultation obligatoire. Si sa santé ou sa lucidité était altérée, comme certains le craignent face à son activisme diplomatico-militaire, les implications seraient graves, surtout avec une proposition aussi risquée que le partage nucléaire européen. Le Conseil constitutionnel n’a pas donné suite publiquement, mais l’épisode alimente les doutes sur la stabilité du décideur derrière cette initiative.
Réactions possibles et scénarios
L’AIEA pourrait accepter la demande d’enquête, lançant une analyse des discours de Macron et interrogeant Paris sur ses intentions. Si la France clarifie que sa dissuasion reste sous contrôle national, l’affaire pourrait s’éteindre. Un refus ou des preuves de partage opérationnel mèneraient à un rapport accablant.
Une enquête pour désamorcer la crise ?
La lettre à Grossi, amplifiée par les inquiétudes de France-Soir sur Macron, cristallise les angoisses d’une époque. L’extension de la dissuasion française, si elle reste théorique, est un coup audacieux. Mais si elle devient réalité, elle pourrait fissurer le TNP et confirmer les craintes des 77 % de Français sondés. L’AIEA doit enquêter avec prudence, tandis que la santé du président ajoute une couche d’incertitude. La réponse de Grossi dira si cette bombe diplomatique s’éteint ou explose.
La légitimité de l’association BonSens.org : un intérêt à agir ?
BonSens.org est une association française fondée en 2020, s’est fait connaître pour ses prises de position critiques envers les politiques publiques, notamment sur la transparence et la santé. Sa légitimité à saisir l’AIEA repose sur son statut d’acteur de la société civile préoccupé par la sûreté publique et la gouvernance mondiale. Bien que l’AIEA ne traite pas directement avec des ONG, BonSens a un intérêt à agir : alerter sur un risque de prolifération nucléaire touche à sa mission de défense de la santé des citoyens face à des décisions perçues comme opaques ou dangereuses. Cependant, son influence reste limitée face aux États, et sa démarche pourrait être vue comme symbolique, visant à amplifier le débat public plutôt qu’à obtenir une réponse institutionnelle directe.
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