Des créateurs détournent l'algorithme de TikTok pour lever des fonds à des fins humanitaires


Sur TikTok, les utilisateurs sont de plus en plus nombreux à exploiter les rouages de l’algorithme du réseau social pour lever des fonds en faveur de causes humanitaires, étudiantes ou médicales.
Le principe est simple : TikTok rémunère les créateurs ayant plus de 10 000 abonnés en fonction du nombre de vues, de likes et de partages. Plus une vidéo est longue et engageante, plus elle rapporte. Résultat : des vidéos d’appels à l’aide prolifèrent. De Gaza à Mayotte, des étudiants aux retraités, les demandes affluent, transformant l'attention des spectateurs en une monnaie sonnante et trébuchante. « TikTok est le réseau sur lequel il est le plus facile de générer de l’argent », explique Lydia Menez, journaliste spécialiste du numérique, citée par Usbek & Rica. Contrairement à YouTube ou Instagram, où la monétisation est plus complexe, la plateforme chinoise offre un accès rapide à une source de revenus – encore faut-il savoir capter l’audience.
Mais la solidarité a ses obstacles : l’algorithme de TikTok, friand de contenu commercial, tend à invisibiliser certains sujets sensibles, comme la guerre ou les violences. Pour contrer cette censure, les utilisateurs rivalisent d’ingéniosité : en détournant les mots-clés ou en utilisant des hashtags anodins, ils dupent l’algorithme. Ainsi, la tendance « Cute Winter Boots », qui cumule 2,5 milliards de vues, cache en réalité des discussions sur l’immigration et les abus de l’agence ICE. Une stratégie qui, selon Lydia Menez, relève d’un « détournement intelligent » des logiques commerciales du réseau social.
Si cette nouvelle forme de solidarité numérique séduit par son accessibilité – donner du temps plutôt que de l’argent –, elle reste fragile. TikTok, soucieux de préserver son modèle publicitaire, pourrait resserrer les conditions d’accès à la monétisation. « Cela reste un épiphénomène », prévient Menez. L’application, déjà sous surveillance aux États-Unis, pourrait voir ses règles changer du jour au lendemain. Mais en attendant, les appels à l’aide continuent de défiler.
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