Trump au Congrès : un discours qui tient ses promesses et secoue le monde


Hier soir, le 4 mars 2025, Donald Trump, fraîchement réinvesti pour son second mandat, a prononcé un discours retentissant devant le Congrès américain au Capitole. Diffusée à 21h00 heure locale (02h00 CET), cette allocution d’une heure a marqué les esprits par son ton résolument optimiste et sa fidélité aux engagements de campagne. Devant un hémicycle partagé entre ovations républicaines et huées démocrates, Trump a dévoilé une vision ambitieuse pour l’Amérique, mêlant nationalisme assumé, pragmatisme économique et repositionnement stratégique sur la scène mondiale. Un discours qui mérite une analyse approfondie des points clés, des surprises, des réactions nationales et internationales, ainsi que des premiers sondages.
L’Amérique d’abord, fidèle à la promesse électorale
Trump a débuté son discours sur une note conquérante : « Les États-Unis sont sur le point de connaître un retour en force comme le monde n’en a jamais vu et n’en verra peut-être jamais plus. » Ce mantra a servi de fil rouge à une allocution articulée autour de trois priorités : la politique intérieure, l’économie et une politique étrangère recentrée sur les intérêts américains.
- Immigration et souveraineté nationale : fidèle à sa ligne dure, Trump a célébré le lancement de son programme d’expulsion massive des migrants en situation irrégulière : « En 43 jours, nous avons fait plus que bien des administrations en huit ans. Notre pays ne sera plus un terrain de jeu pour le chaos. » Cette fermeté, promise durant la campagne, a galvanisé les républicains, qui y voient une réponse concrète à une crise migratoire jugée hors de contrôle par une partie de l’électorat. Mais elle a aussi subi les huées démocrates, notamment lorsque Trump a ajouté que « notre pays ne sera plus ‘woke’ », une pique directe aux initiatives de diversité de l’administration Biden.
- Économie, les droits de douane comme levier : sur le front économique, Trump a défendu ses droits de douane contre le Canada et le Mexique, tout en minimisant les risques : « Quelques perturbations valent bien la renaissance de nos industries. Les emplois reviendront, et l’Amérique sera riche à nouveau. » Si cette mesure vise à relocaliser les emplois, elle inquiète les marchés financiers, déjà secoués par ces annonces. Trump a également célébré des investissements privés, citant l’exemple de BlackRock, qui a racheté deux ports panaméens : « Aujourd’hui même, une grande entreprise américaine a annoncé qu’elle achetait les deux ports autour du canal de Panama. » Une preuve, selon lui, que sa politique attire les capitaux.
- Politique étrangère, pragmatisme et réévaluation des priorités : En matière de relations internationales, Trump a surpris en réitérant son intention de « reprendre » le canal de Panama et en évoquant une ambition inattendue : « Nous assurerons votre sécurité, nous vous rendrons riches et, ensemble, nous mènerons le Groenland vers des sommets que vous n’auriez jamais imaginés possibles. » Cette mention du Groenland, territoire autonome danois, a ravivé les spéculations sur ses visées expansionnistes. Plus attendu, il a justifié la fin de l’aide militaire à l’Ukraine, une promesse électorale tenue après son altercation avec Volodymyr Zelensky. « Pourquoi dépenser des milliards pour un conflit qui ne nous concerne pas directement ? » a-t-il lancé, suggérant que ces fonds pourraient avoir été détournés par la corruption ukrainienne, un argument qui résonne avec les soupçons de nombreux Américains.
Les surprises, un mélange d’audace et de retenue
Le discours n’a pas manqué de moments inattendus, fidèles au style affirmatif de Trump. L’évocation du Groenland, bien que vague, a intrigué : s’agit-il d’une provocation ou d’un projet économique sérieux ? Trump n’a pas clarifié, mais cette ambition illustre son goût pour les annonces spectaculaires. À l’inverse, son silence sur les grâces des émeutiers du 6 janvier, pourtant promises, a déçu certains partisans, suggérant une prudence tactique face à un sujet encore brûlant.
Enfin, un incident a marqué la soirée : L’expulsion du démocrate Al Green, après ses interruptions répétées, a ajouté une note dramatique. Entre les « USA ! USA ! » des républicains et les huées adverses, cet incident a souligné la fracture politique, mais aussi la capacité de Trump à tenir la scène, imperturbable.
Réactions aux États-Unis : une popularité dopée, malgré la division démocrate
Les réactions américaines ont reflété la polarisation habituelle, mais avec un net avantage pour Trump. Les républicains ont applaudi un discours « fidèle au peuple ». Mike Johnson, président de la Chambre, a déclaré : « Trump incarne la volonté des Américains de reprendre le contrôle. » Sur Truth Social, les partisans ont exulté : « Enfin un président qui tient parole ! »
Les démocrates, eux, ont dénoncé une posture « isolationniste ». Elizabeth Warren a critiqué sur X : « Abandonner l’Ukraine, c’est trahir nos valeurs. » Pourtant, cette indignation semble minoritaire. Les manifestations anti-Trump à Washington ont été modestes, contrastant avec l’enthousiasme de ses soutiens. Les médias conservateurs, comme Fox News, ont loué « un plan clair pour l’avenir », tandis que CNN a concédé une « rhétorique efficace », malgré des réserves sur les faits.
Réactions internationales : inquiétudes et opportunités
À l’étranger, la fin de l’aide à l’Ukraine a suscité des remous. Emmanuel Macron a appelé à une « réponse européenne forte » sans nommer Trump directement, tandis qu’Olaf Scholz a averti : « Laisser l’Ukraine seule face à la Russie aurait des conséquences graves pour la sécurité mondiale. » Cependant, cette décision, cohérente avec la doctrine « America First », pourrait pousser l’Europe à assumer davantage ses responsabilités, un scénario que Trump semble anticiper.
Au Canada et au Mexique, les droits de douane ont dominé les débats. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a promis des « mesures de rétorsion » si nécessaire, qualifiant la politique de Trump de « menace pour nos économies intégrées ». Le président mexicain, Andrés Manuel López Obrador, a adopté un ton plus mesuré : « Nous chercherons le dialogue, mais nous défendrons nos intérêts. »
En Russie, le Kremlin a salué l’approche de Trump. Dmitri Peskov, porte-parole de Vladimir Poutine, a déclaré : « Une Amérique qui se concentre sur elle-même est une bonne nouvelle pour la stabilité mondiale. » Cette réaction n’a surpris personne, compte tenu des tensions russo-américaines sous Biden.
Enfin, le Danemark a réagi avec stupeur à la mention du Groenland. La Première ministre Mette Frederiksen a ironisé : « Le Groenland n’est pas à vendre, et encore moins à conquérir. M. Trump devrait relire ses livres d’histoire. » Cette pique rappelle son rejet similaire en 2019.
Sondages : un succès populaire
Contrairement à certaines données initiales, les sondages post-discours confirment un large soutien. Une enquête CNN auprès de 1 000 téléspectateurs indique que 66 % ont approuvé le discours, contre 32 % de désapprobations. Ce chiffre, inférieur aux 76 % évoqués par certains sur X, reste impressionnant pour un président souvent clivant. L’approbation générale de Trump, à 47 % selon Gallup avant le discours, pourrait grimper, portée par cette performance. Sur X, #TrumpSpeech domine, avec des commentaires majoritairement positifs : « Il fait ce qu’il a promis, point. »
Ces chiffres reflètent un engouement pour sa ligne pragmatique, notamment sur l’Ukraine. Beaucoup d’Américains se demandent si les milliards investis là-bas – estimés à 175 milliards depuis 2022 – n’ont pas été gaspillés dans un système gangrené par la corruption, un grief que Trump exploite habilement.
Cela dénote fortement avec le faible taux d’approbation de Macron en France où seulement 4 % des Français pensent qu’il mène le pays dans la bonne direction.
Discours en VO
Analyse critique : une stratégie risquée mais cohérente
Coté positif, ce discours offre un cap clair et populaire : Trump a tenu parole, un atout majeur. Sa fermeté sur l’immigration et les douanes répond aux attentes de sa base, tandis que son désengagement ukrainien soulage les contribuables lassés de financer des conflits lointains. Les soupçons de corruption en Ukraine – bien documentés par des rapports comme ceux du Washington Post sur des détournements d’aide – donnent du poids à son discours. Sa vision économique, si elle fonctionne, pourrait redynamiser l’industrie américaine.
Cependant, des incertitudes persistantes perturbent : les droits de douane risquent de perturber les chaînes d’approvisionnement, et l’isolationnisme pourrait affaiblir l’influence américaine. Si l’Ukraine s’effondre sans aide, la Russie pourrait en profiter, un scénario que Trump semble sous-estimer. Enfin, son silence sur certains dossiers sensibles, comme le 6 janvier, pourrait raviver les tensions internes.
Un pari audacieux qui a séduit
Le discours du 4 mars 2025 marque un tournant. Trump y déploie une stratégie fidèle à ses promesses : recentrer l’Amérique sur ses intérêts, réduire les engagements coûteux et controversés, comme en Ukraine, et relancer l’économie par le nationalisme. Si les risques existent, son succès populaire – 66 % d’approbation – montre qu’il touche une corde sensible. Reste à transformer ces mots en résultats. Les mois à venir diront si ce « retour en force » continue à tenir ses promesses des premiers mois ou s’effrite face aux réalités. Pour l’heure, Trump prouve qu’il sait tenir un cap, et ça plaît.
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