Marco Rubio, 30 jours d’un diplomate hors pair  ? les priorités de la diplomatie américaine sous Trump

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France-Soir
Publié le 22 février 2025 - 18:30
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Marco Rubio, 30 jours d’un diplomate hors pair ? les priorités de la diplomatie américaine sous Trump
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Le 21 février 2025, Catherine Herridge, journaliste reconnue pour son travail d’investigation, a publié sur X un entretien exclusif et non édité avec le secrétaire d'État américain, Marco Rubio. Ce face-à-face propose un aperçu rare et détaillé des premières 30 jours de Marco Rubio à la tête du Département d’État sous l’administration Trump. Dans une atmosphère tendue marquée par des conflits globaux, des tensions avec des alliés et des défis géopolitiques majeurs, cet entretien met en lumière les ambitions, les stratégies et les visions d’un homme considéré comme un « faucon » de la politique étrangère américaine. Cet article permet de plonger dans les déclarations percutantes de Marco Rubio, d’analyser son approche diplomatique et d’explorer les implications de ses propos pour les relations internationales. 

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Décor solennel pour une conversation stratégique : une attention particulière a été donné dans cette interview importante à l’image et au décor. L’image accompagnant le post de Catherine Herridge montre Marco Rubio, vêtu d’un costume sombre, et la journaliste, habillée élégamment en rouge, assis dans une salle aux murs pastel ornés de meubles anciens et de peintures classiques. Le cadre, avec son tapis orné de motifs complexes et son architecture élégante, évoque les institutions historiques du pouvoir américain, renforçant l’importance de l’échange. Ce décor solennel plante la conversation et donne un cadre en adéquation avec la gravité des sujets abordés, allant des relations tumultueuses avec la Russie et l’Ukraine aux tensions avec l’Iran, en passant par l’influence croissante de la Chine et le rôle émergent des médias indépendants.

Marco Rubio, premier Latino à occuper le poste de secrétaire d'État, a été confirmé à l’unanimité par le Sénat américain en janvier 2025, marquant un tournant symbolique et politique. Connu pour ses positions fermes contre l’Iran et la Chine, Marco Rubio incarne l’approche « America First » de Donald Trump, combinée à une expérience approfondie en politique étrangère acquise lors de son mandat au Sénat et à son rôle au sein du Comité des relations étrangères. Cet entretien, donc, n’est pas seulement une conversation : c’est avant tout une fenêtre sur la manière dont l’administration Trump entend remodeler l’ordre mondial.

 

Les priorités diplomatiques de Rubio : paix par la force et engagement direct

Dès les premières minutes de l’entretien, Marco Rubio expose les grandes lignes de ses 30 premiers jours à la tête du Département d’État. « Nous avons travaillé sans relâche pour redéfinir les relations avec nos partenaires et adversaires, en mettant l’accent sur la paix par la force, comme l’a toujours prôné le président Trump » déclare-t-il. Cette déclaration, qui fait écho aux principes de l’administration Trump, souligne une volonté de combiner une posture ferme avec des négociations stratégiques, notamment dans les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient.

Marco Rubio apporte aussi une critique sur la politique étrangère américaine qu'il juge désalignée de l'intérêt national américain depuis la fin de la Guerre froide. « Nous devons définir ce qu'est notre intérêt national », insiste-t-il, soulignant la nécessité de recentrer les efforts du département d'État pour servir les intérêts américains avant tout. Cette approche pragmatique se traduit par une révision en profondeur des programmes d'aide étrangère, avec plus de 250 dérogations accordées pour des projets jugés cruciaux, tels que la lutte contre le trafic de fentanyl au Guatemala.

Un point central de l’entretien concerne les relations avec la Russie et la guerre en Ukraine. Rubio aborde les pourparlers en cours, notamment les négociations avec des diplomates russes en Arabie saoudite : « les négociateurs américains, dont Marco Rubio, ont convenu de quatre principes pour faire avancer les discussions sur un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine, y compris le redéploiement des ambassades. » Dans l’entretien, Marco Rubio précise « Pour que nous puissions avancer, nous devons restaurer des relations diplomatiques fonctionnelles avec Moscou. Cela nécessite des ambassades opérationnelles et un engagement direct avec les Russes. » Il ajoute vers la 25ème minute une affirmation audacieuse : « Le président Trump est le seul leader mondial capable de mettre fin à la guerre en Ukraine. » Cette déclaration, qui a suscité des réactions mitigées dans les médias et sur les réseaux sociaux, reflète la confiance de Rubio en la capacité de Trump à influencer Vladimir Poutine, une idée renforcée par un appel téléphonique récent entre les deux leaders, selon Reuters.

Cependant, cette approche a suscité des tensions avec les alliés européens et ukrainiens. Marco Rubio admet avoir « poussé en retour » contre le président ukrainien Volodymyr Zelensky, notamment sur une proposition impliquant des droits miniers qui, selon des posts sur X comme celui de @libsoftiktok, aurait été acceptée puis publiquement rejetée par Zelensky. Marco Rubio explique : « Les Européens n’ont pas été consultés, et cela a créé des frictions. Mais nous cherchons une solution durable, pas une trêve temporaire. » Ces propos révèlent les défis diplomatiques auxquels Marco Rubio est confronté, notamment le risque d’aliéner des partenaires clés tout en poursuivant une stratégie centrée sur les intérêts américains.

Le Moyen-Orient : Gaza, l’Iran et la reconstruction

L’entretien aborde également les enjeux au Moyen-Orient, en particulier la situation à Gaza et la menace iranienne. Dès le début de l’entretien Marco Rubio détaille une proposition américaine pour la reconstruction de Gaza après les conflits avec Israël et le Hamas : « Nous travaillons avec des partenaires régionaux, comme les Émirats arabes unis, pour garantir une reconstruction durable, mais cela dépend de la fin des hostilités et d’une gouvernance stable. » Cette déclaration, bien que vague sur les détails, suggère une approche pragmatique mais ferme, alignée sur les objectifs de Trump de réduire l’influence iranienne dans la région.

La reconstruction de Gaza est donc une équation complexe dont le plan américain pour Gaza, sous la houlette de Trump, se heurte à la résistance des partenaires régionaux. Rubio admet que le plan présidentiel n'est pas universellement accepté, en particulier par des pays comme l'Égypte ou la Jordanie, et appelle à des propositions alternatives pour reconstruire Gaza sans la menace du Hamas. « Si vous n'aimez pas le plan du président, proposez-en un meilleur », défie-t-il.

Sur l’Iran, Marco Rubio adopte une posture résolue « nous ne permettrons pas à l’Iran de se doter d’armes nucléaires. Le président Trump m’a donné des instructions claires : si l’Iran était impliqué dans un acte d’assassinat contre lui, les conséquences seraient immédiates et sévères. » Ses propos vers la 27 ème minute soulignent la ligne dure de Rubio envers Téhéran, une position qu’il avait déjà défendue lors de ses années au Sénat, comme le rappelle un article de la BBC daté du 14 novembre 2024, le décrivant comme un « faucon » de la politique étrangère.

La Chine, le Canada et les médias indépendants : une vision globale

Marco Rubio ne se limite pas aux crises immédiates. Il aborde (28 :00) également la rivalité avec la Chine en affirmant : « La Chine est l’adversaire le plus avancé que l’Amérique ait jamais affronté. Nous devons investir dans une politique industrielle pour contrer leur plan ‘Made in China 2025’ et protéger notre souveraineté technologique. » Cette déclaration fait écho à ses positions antérieures, comme celles rapportées par Al Jazeera le 21 janvier 2025, où il identifiait la Chine comme « le défi définissant le XXIe siècle ».

Une remarque plus surprenante concerne le Canada, à 36h00, où Marco Rubio évoque une blague devenue virale : « Lors d’un moment micro ouvert, le Premier ministre Trudeau a plaisanté sur le fait que le Canada pourrait devenir le 51e État si les relations commerciales étaient égalisées. Le président Trump a répondu en disant que, dans ce cas, cela pourrait être une solution logique. » Cette anecdote, confirmée dans un post de Catherine Herridge , le 21 février 2025, a suscité des réactions amusées et sceptiques sur X, mais elle illustre aussi l’humour caustique de Trump et la flexibilité diplomatique de Marco Rubio.

Enfin, Marco Rubio consacre une partie de l’entretien à partie de la 40 -ème minute au rôle croissant des médias indépendants face aux médias traditionnels en déclin : « Nous ne pouvons pas permettre que notre message soit filtré uniquement par les médias patrimoniaux. Leur audience diminue, et les gens se tournent vers des plateformes comme X pour obtenir des informations. » Cette position est soulignée dans un autre post de Herridge, où Marco Rubio annonce l’ouverture de la salle de briefing du Département d’État aux journalistes indépendants, reflète une stratégie de communication moderne et alignée sur les priorités de Trump.

Réactions et implications

Les réactions à cet entretien ont été variées, mais majoritairement positives, notamment parmi les soutiens de Trump. Des utilisateurs comme @PC108050911824 ont salué Rubio : « @SecRubio est en train de tout écraser ! Il m’a convaincu. »  D’autres, comme @Renball ont loué Catherine Herridge : « C’est génial de voir un vrai journaliste obtenir cet entretien. RIP aux médias traditionnels. » Cependant, des critiques, comme @MachineGunChos1 ont posé des questions non abordées, telles que « Que s’est-il passé à Guantanamo ? », indiquant des attentes plus larges.

Sur le plan international, les propos de Rubio ont suscité des préoccupations, notamment en Europe et en Ukraine, où ses déclarations sur l’exclusion initiale des Européens des négociations avec la Russie ont été perçues comme une rupture avec les normes diplomatiques traditionnelles. Comme le rapporte Reuters le 16 février 2025, « les leaders européens craignent qu’un accord entre Trump et Poutine ne compromette la sécurité continentale. » Rubio a tenté de rassurer, affirmant que « les Ukrainiens et les Européens seraient inclus dans toute négociation réelle », mais les tensions persistent.

Un Nouveau chapitre pour la diplomatie américaine

Cet entretien marque un moment clé dans la diplomatie américaine sous Trump. Avec sa vision de « paix par la force », ses positions fermes contre l’Iran et la Chine, et son engagement envers les médias indépendants, Rubio se positionne comme un acteur central dans la redéfinition des relations internationales. Cependant, ses défis sont nombreux : gérer les tensions avec les alliés, naviguer dans des conflits complexes et maintenir la crédibilité de l’Amérique sur la scène mondiale.

Cet échange, riche en citations percutantes et en insights stratégiques, illustre non seulement les priorités de Rubio, mais aussi les attentes et les incertitudes d’un monde en pleine mutation. Alors que les mois à venir verront se dérouler les négociations avec la Russie, l’Iran et la Chine, Rubio devra prouver que son approche audacieuse peut transformer les paroles en actions concrètes, tout en préservant les alliances fragiles forgées par des décennies de diplomatie. Pour l’instant, cet entretien reste une forme de testament de son ambition et de sa détermination à façonner un nouvel ordre mondial sous l’égide de Trump. Le règne du courage de la Paix avec l’Art du compromis semblent bien dans l'air outre-atlantique alors qu'en France, on s'enfonce dans les jeux d'appareil politiques en tentant de faire bonne figure

 

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