L'administration Biden a-t-elle perdu la trace des milliards de crypto-monnaies saisis ?
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Le chaos des Crypto-Actifs saisis : quand le gouvernement américain perd le contrôle : le marché des cryptomonnaies, en constante évolution, a pris une place significative dans les sphères financières mondiales. Cependant, une récente controverse aux États-Unis met en lumière une réalité troublante : les autorités fédérales, chargées de gérer des milliards de dollars en actifs numériques saisis, semblent incapables de suivre leur propre inventaire. Deux articles récents, publiés respectivement par CoinDesk le 20 février 2025 et Leading Report, exposent les défaillances du U.S. Marshals Service (USMS) et de l’administration Biden dans la gestion des cryptomonnaies saisies, notamment le bitcoin (BTC). Ces révélations mettent en lumière la situation chaotique de l’administration Biden aux conséquences sur les plans économique, politique et juridique.
Une gestion défaillante au cœur du USMS
Le U.S. Marshals Service, une agence fédérale sous l’égide du Département de la Justice (DOJ), est responsable de la gestion des actifs saisis lors d’enquêtes criminelles. Ces actifs incluent des biens traditionnels comme l’immobilier ou les véhicules, mais aussi, de plus en plus, des cryptomonnaies. Parmi celles-ci, le bitcoin représente une part importante, notamment grâce à des saisies historiques comme celle de Silk Road en 2013, où des milliards de dollars en BTC ont été confisqués par le FBI.
Selon CoinDesk, le USMS est confronté à des problèmes organisationnels et procéduraux profonds qui l’empêchent de quantifier précisément ses avoirs en cryptomonnaies. L’agence ne peut même pas fournir une estimation approximative de la quantité de bitcoins qu’elle détient. Ce manque de transparence est d’autant plus alarmant que le gouvernement américain envisage, sous l’impulsion de la nouvelle administration Trump, de constituer une réserve nationale de bitcoins, un projet qui nécessiterait une gestion rigoureuse et centralisée de ces actifs.
The Leading Report va plus loin en affirmant que l’administration Biden aurait « perdu la trace » de milliards de dollars en cryptomonnaies saisies. Cette accusation repose sur des rapports antérieurs, notamment celui de l’Office of the Inspector General (OIG) de 2022, qui avait déjà pointé du doigt des lacunes dans les politiques de stockage, de quantification et de valorisation des actifs numériques par le USMS. Par exemple, l’agence n’a pas de système adéquat pour suivre les « forked assets » (actifs issus d’une bifurcation de blockchain, comme Bitcoin Cash ou Bitcoin SV), ce qui entraîne des pertes potentielles lors de leur liquidation.
Un épisode particulièrement révélateur mentionné par CoinDesk concerne la perte de contrôle de deux portefeuilles Ethereum en 2022, due à une mise à jour logicielle. Cet incident illustre une dépendance excessive à des outils rudimentaires, comme des tableurs Excel, pour gérer des actifs d’une valeur colossale. Chip Borman, vice-président d’Addx Corporation, une entreprise ayant collaboré avec le USMS, a décrit une situation où l’agence est « à un mauvais jour d’une erreur d’un milliard de dollars ». Cette vulnérabilité organisationnelle soulève des questions graves sur la capacité du gouvernement à sécuriser ces actifs précieux.
Les points clés à retenir sont les suivants :
- Une incapacité à quantifier les actifs- Convergence sur un point central : le USMS ne sait pas combien de cryptomonnaies il détient. CoinDesk rapporte qu’une estimation approximative du bitcoin en possession de l’agence est hors de portée, tandis que The Leading Report évoque des « milliards de dollars » perdus dans les méandres administratifs. Cette opacité est d’autant plus problématique que ces actifs sont volatils et que leur valeur peut fluctuer drastiquement.
- Des problèmes structurels anciens – Ces dysfonctionnements ne datent pas d’aujourd’hui. Dès 2022, l’OIG avait alerté sur l’absence de politiques claires et sur des procédures contradictoires. Le USMS a tenté de remédier à ces lacunes en engageant des prestataires privés, mais le processus de passation de marchés traîne depuis des années, aggravant la situation.
- Une gestion coûteuse et mal comprise - CoinDesk met en lumière une méconnaissance fondamentale au sein du USMS : l’agence ne saisit pas que la gestion d’un actif numérique, même de faible valeur, nécessite autant de ressources que celle d’un actif plus coûteux. Lors d’une discussion avec Addx Corporation, le USMS a exprimé sa surprise face au coût élevé des solutions de garde, estimant qu’il ne gérerait jamais plus de 500 dollars à la fois – une sous-estimation absurde au regard des milliards en jeu.
- Conflit politique autour de la liquidation - En janvier 2025, la sénatrice Cynthia Lummis a écrit au directeur du USMS pour s’opposer à la liquidation précipitée de 69 370 BTC (environ 6,6 milliards de dollars) issus de Silk Road. Elle argue que cette vente, justifiée par la volatilité des prix, va à l’encontre des projets de réserve nationale de bitcoins de l’administration Trump, illustrant un conflit entre les priorités de l’administration sortante et entrante.
Les implications économiques de cette mauvaise gestion sont considérables
Tout d’abord, l’incapacité à suivre les actifs saisis expose le gouvernement à des pertes financières massives. Si des bitcoins ou d’autres cryptomonnaies sont mal gérés ou perdus – comme dans le cas des portefeuilles Ethereum – des fonds qui pourraient financer le DOJ ou d’autres programmes fédéraux sont irrémédiablement dilapidés.
Ensuite, la volatilité des cryptomonnaies amplifie ces risques. Par exemple, une liquidation hâtive, comme celle envisagée pour les BTC de Silk Road, pourrait déprimer le marché, faisant chuter la valeur du bitcoin et affectant les investisseurs privés. À l’inverse, une conservation mal sécurisée pourrait entraîner des vols ou des piratages, un scénario déjà vu dans le secteur privé.
Enfin, cette situation compromet la viabilité d’une réserve nationale de bitcoins. Si le gouvernement américain ne peut pas gérer efficacement les actifs qu’il possède déjà, comment pourrait-il constituer et maintenir une réserve stratégique ? Cela pourrait décourager les investisseurs institutionnels et internationaux, qui verraient dans ces défaillances un signe d’instabilité.
Sur le plan politique, ces révélations alimentent un débat partisan
The Leading Report, avec son ton critique envers l’administration Biden, suggère une volonté délibérée de "perdre" ces actifs, peut-être pour des motifs politiques ou budgétaires obscurs. Bien que cette accusation reste spéculative, elle s’inscrit dans un contexte de transition tendu entre les administrations Biden et Trump, ce dernier ayant fait des cryptomonnaies un axe de sa politique économique.
La lettre de Cynthia Lummis illustre cette fracture : elle accuse le DOJ de précipiter les ventes pour des raisons qui contredisent les objectifs de la nouvelle administration. Ce conflit pourrait transformer la gestion des cryptomonnaies en un enjeu électoral, opposant les partisans d’une approche conservatrice (réserve nationale) à ceux d’une liquidation rapide.
Les conséquences multiples juridiques et institutionnelles sur la confiance
Juridiquement, l’incapacité du USMS à gérer ces actifs pourrait ouvrir la porte à des litiges. Les propriétaires originaux des cryptomonnaies saisies, même dans des affaires criminelles, pourraient contester leur gestion ou leur liquidation si des erreurs sont avérées. L’exemple des portefeuilles Ethereum perdus montre que des failles techniques pourraient aussi exposer l’agence à des accusations de négligence.
Institutionnellement, ces défaillances sapent la crédibilité du DOJ et du USMS. Une agence censée faire respecter la loi et protéger les actifs publics ne peut pas se permettre de telles lacunes sans perdre la confiance du public et des partenaires privés. Cela pourrait conduire le Congrès à intervenir, soit en réformant les processus du USMS, soit en transférant la gestion des cryptomonnaies à une autre entité plus compétente.
Outre le scandale de l’USAID, dont les répercussions mondiales sont nombreuses, avec par exemple l’ingérence dans les élections roumaines annulées ou les similitudes avec le rôle questionnable de l’Agence Française du Développement, scandale révélé par France-Soir en novembre 2023 (184 dollars par Français versus 131 dollars par Américain), ainsi que les milliards de dépenses déraisonnables et potentiellement frauduleuses, les articles de CoinDesk et The Leading Report révèlent un autre scandale silencieux : le gouvernement américain, malgré son rôle de leader mondial, est-il dépassé par la complexité des cryptomonnaies ?
Entre une gestion chaotique, des pertes potentielles de milliards et des tensions politiques, cette situation exige une refonte urgente des pratiques du USMS. À l’heure où les actifs numériques prennent une importance stratégique, ces défaillances ne sont pas seulement un embarras administratif – elles menacent la stabilité économique et la légitimité institutionnelle des États-Unis. Le chaos des crypto-actifs saisis doit cesser, sous peine de transformer une opportunité en fiasco historique.
La crise des subprimes de 2008 s'était soldée par une non-réglementation des marchés de ces produits exotiques qui ont eu des conséquences désastreuses sur des millions de gens, il ne faudrait pas que la perte de contrôle de l'administration vienne entacher la confiance relative que les marchés peuvent avoir dans les instruments de financement. En outre, vient se poser la question de l'usage des crypto dans l'industrie pharmaceutique ou autres industries pour masquer certains transferts. Avec la volatilité de ces outils monétaires, il est facile d'octroyer des millions tout en donnant l'impression que cela ne valait quelques euros - plus qu'utile pour rémunérer opaquement divers comptes de key opinion leader, des polices d'assurance-vie ou des fonds de retraite privés. Un autre audit qui devra être menée par les citoyens avertis.
En France, on rappelle que la Société Générale avait été dépassée par l’affaire Kerviel ainsi que la faillite du Crédit Lyonnais. À l’heure où les niveaux d’endettement national touchent des sommets jamais atteints, il devient essentiel de restaurer outre le contrôle des outils financiers, la crédibilité des actions politiques. Aux États-Unis la mise en place effective du Département d’Efficacité Gouvernementale (DOGE) donne une transparence sans précédent sur les dérives de la bureaucratie. En France, nous en sommes toujours à l’ère de l’opacité des dépenses publiques et surtout de l’absence de conséquences juridiques pour les mis en causes qui peuvent donc continuer impunément. N’est-il point temps que cela s’arrête ?
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