La France rétrocède à la Côte d'Ivoire sa base militaire historique près d'Abidjan

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AFP
Publié le 20 février 2025 - 15:22
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Sanogo / AFP
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La France a rétrocédé ce jeudi à la Côte d'Ivoire la grande base militaire qu'elle occupait depuis près de 50 ans près d'Abidjan, un départ somme toute concerté contrairement à d'autres pays africains qui ont récemment chassé l'armée française.

Le retour dans le giron ivoirien de la base abritant le 43e Bataillon d'infanterie et de marine (43e BIMa) à Port-Bouët a été acté lors d'une cérémonie en présence des ministres de la Défense des deux pays, Téné Birahima Ouattara et Sébastien Lecornu.

Le drapeau national aux couleurs orange, blanche et verte de la Côte d'Ivoire a été hissé sur la place d'armes de cette base stratégique située près de l’aéroport d’Abidjan, et rebaptisée à cette occasion du nom de Thomas d'Aquin Ouattara, premier chef d'Etat-major de l'armée ivoirienne.

"Cet acte marque une nouvelle étape dans les relations d’amitié et de coopération stratégique entre nos deux nations", a déclaré Téné Birahima Ouattara lors de la cérémonie.

"Le monde change, il est évident que notre relation de défense devait évoluer", a de son côté souligné M. Lecornu, saluant un moment "historique" et la "relation faite d’amitié et d’un très grand professionnalisme" entre les deux pays.

"La France transforme sa présence mais ne disparaît pas", a-t-il ajouté.

Téné Birahima Ouattara a tenu à "rassurer" la France que la coopération militaire serait à l'avenir "aussi bonne qu’elle a toujours été".

Ces dernières semaines, une petite centaine de parachutistes ivoiriens a déjà pris ses quartiers sur ce camp, et plusieurs exercices communs ont été menés.

- Anticiper -

Cette rétrocession, annoncée le 31 décembre par le président ivoirien Alassane Ouattara, ponctue un processus initié il y a deux ans entre les deux pays, et alors que la France a annoncé sa volonté de réorganiser son dispositif militaire en Afrique.

"Les autorités ivoiriennes savent très bien que les idées souverainistes existent dans le pays. Il faut donc anticiper le départ de la base militaire française avant que cela ne devienne une revendication populaire", a par ailleurs expliqué à l'AFP l'analyste politique ivoirien Geoffroy Kouao.

Face à la prise de pouvoir par des putschs de juntes devenues hostiles au Sahel, l'armée française déployée dans la lutte antijihadiste a dû plier bagage, de gré ou de force.

D'abord au Mali, en février 2022, avec la fin de l'opération Barkhane, puis un an plus tard au Burkina Faso voisin, lorsque les autorités ont brutalement dénoncé l'accord militaire liant les deux pays.

A peine quelques jours après leur prise de pouvoir en juillet 2023, les putschistes du Niger ont fait de même, obtenant le départ en décembre de la même année des 1.500 soldats déployés dans la lutte antijihadiste.

Enfin, plus récemment, le Tchad a prié l'armée française de quitter le territoire en quelques semaines et le Sénégal négocie le départ des troupes d'ici fin 2025.

La Côte d'Ivoire fait donc figure d'exception dans ce paysage défiant sinon hostile envers la présence française. Le pays a gardé des liens privilégiés avec la France depuis son indépendance en 1960, malgré une décennie de crise dans les années 2000.

- "Bons rapports" -

Ce partenariat va se poursuivre : le retrait des soldats va s'opérer progressivement au cours de l'année 2025 et environ 80 d'entre eux vont se maintenir sur la base pour des missions de formation et d'accompagnement.

"Paris restera un partenaire privilégié dans la formation, le renseignement et surtout dans la lutte contre le terrorisme", pointe Geoffroy Kouao.

Les liens entre les deux armées remontent à 1961, et un accord de défense signé au lendemain de l'indépendance, mais la présence française sur le territoire remonte à l'époque coloniale.

Le 43e BIMa s'est installé en 1978 sur cette base.

En 2002, après une tentative de coup d'Etat contre le président de l'époque Laurent Gbagbo et la prise de contrôle d'une partie du pays par des rebelles, la France avait mis en place la force Licorne, pour protéger ses ressortissants et tenter de stabiliser le pays.

En novembre 2004, le 43e BIMa avait servi de refuge à des centaines de civils français victimes de pillages lors de vastes manifestations antifrançaises. Au plus fort de cette crise entre les deux pays, marquée également par plusieurs dizaines de morts côté ivoirien, la France a compté plus de 5.000 militaires dans le pays.

En avril 2011, quelques mois après une élection présidentielle aux résultats contestés par Laurent Gbagbo, Licorne avait mené, aux côtés de l'ONU, des bombardements sur la résidence du président sortant, qui sera finalement arrêté. La mission de la force a pris fin en 2015.

 

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