Clash Trump-Zelensky : la suspension de l’aide militaire pour l’Ukraine

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Oleg Nesterenko pour France-Soir
Publié le 06 mars 2025 - 12:14
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Ce lundi 3 mars, Donald Trump a ordonné une « pause » dans l’aide militaire des Etats-Unis d’Amérique à l’Ukraine. Non seulement les nouvelles aides à venir sont stoppées, mais également celles déjà approuvées par l'ancienne administration de Joe Biden et pas encore livrées font également l’objet du gel par la Maison Blanche.

La suspension est immédiate et effective : les trains entiers de l’aide militaire américaine sont bloqués sur la frontière ukraino-polonaise et ne poursuivront pas leur acheminement vers le destinataire. 

Avec le fossé de la rupture des relations bilatérales américano-ukrainiennes qui s’est concrétisé ce lundi, étant saturées par la composante émotionnelle, la majeure partie des informations qui circulent sur le sujet ne reflètent que vaguement les réelles conséquences concrètes qui auront dorénavant lieu sur l’Ukraine.

Quelle sont ses conséquences ?

Depuis le début de la guerre, les États-Unis ont été, de très loin, le principal allié de l'Ukraine. Parmi les armes fournies par les États-Unis, il existe plusieurs éléments d’importance stratégique que les forces armées ukrainiennes ne seront pas en mesure de substituer. En Europe, soit ils ne sont pas du tout produits, soit produits en quantité négligeable. La cessation de l'aide militaire américaine à l’Ukraine est, tout simplement,fatale vis-à-vis des capacités à combattre de l’armée ukrainienne.

Le système satellite Starlink

En cas de suppression par les Américains du système satellite Starlink pour l’Ukraine qui est également en train d’être mis en place, les militaires ukrainiens perdront leur principale source d'information et d’échange directement sur le champ de bataille. 

Sans échange immédiat d'informations sur le champ de bataille, les soldats seront désormais privés de reconnaissance et de ciblage de qualité. Dans ce cas, la qualité opérationnelle de l'artillerie ukrainienne se verra reculer à des décennies en arrière. En conséquence directe, cela entraînera une augmentation considérable de la consommation de munitions, qui font déjà grand défaut, et, en outre, le matériel militaire ukrainien sera détruit par les forces armées russes à une cadence encore plus soutenue qu’aujourd’hui. 

Pour les Ukrainiens, il n’y a aucune alternative au système Starlink. A l'avenir, il peut potentiellement être remplacé par le système européen de navigation global par satellite Galileo, mais ceci est impossible à court terme. Par ailleurs, comment le système Galileo se comportera dans les conditions de combat et combien de temps prendra son déploiement et son adaptation - cela reste une inconnue.

Le système de défense aérienne Patriot 

Le système de défense aérienne américain Patriot est l'un des meilleurs au monde, même s’il est moins performant que le système russe ZRS S-400 « Triumph ». À l'heure actuelle, il est connu que 6 de ces batteries Patriot protègent les grandes villes ukrainiennes des missiles russes les plus dangereux. Les munitions pour de tels systèmes de défense aérienne ne sont fabriquées qu'aux États-Unis et avec la cessation de livraisons, les forces armées ukrainiennes seront rapidement confrontées à une pénurie de missiles et devront choisir les sites à protéger et ceux à laisser sans défense. 

MLR et missiles 

Avec la cessation de l'aide militaire américaine, l'armée ukrainienne perd également les missiles guidés pour les lance-roquettes mobiles MLRS à chenilles et les HIMARS à roues. Les États-Unis ont fourni à l’Ukraine deux types de munitions : GMLRS avec la portée allant à 90km et ATACMS avec la portée allant à 300km. 

Le problème est que les GMLRS ne sont fabriqués qu'aux États-Unis dans les usines de Lockheed Martin. Et il n'y a rien pour remplacer ces missiles. Ni quantitativement ni qualitativement. 

En ce qui concerne les missiles de croisière européens SCALP/Storm Shadow lancés à partir d'avions - ils ne suffisent guère à remplacer les ATACMS américains. 

Il faut comprendre qu'une fois sans artillerie de longue portée et de haute précision et sans les missiles de croisière, les forces armées ukrainiennes ne pourront plus frapper les dépôts d'armes, les dépôts pétroliers, les raffineries, les postes de commandement, les aérodromes et les polygones russes. Les frappes sur ces installations n’ont jamais été critiques, mais ont perturbé quand même la logistique et l'approvisionnement de l’armée Russe.

La grave pénurie d'obus

Dès le début de la guerre et surtout depuis les derniers mois, l'armée ukrainienne connait une importante pénurie d’obus d’artillerie. Le rapport des tirs dans la zone d'affrontement a atteint par endroits 1 à 10 en défaveur de l'Ukraine.

La Russie et ses alliés produisent environ 3 millions de munitions par an et à un prix incomparablement moins élevé qu’en Occident. De leur côté, les États-Unis et l'Europe n'ont la capacité de produire qu'environ 1,2 million de munitions par an.

Un tel rapport de capacité de production est nettement en défaveur des alliés de Kiev et avec l’abandon de la participation par Washington dans l’effort de guerre du côté ukrainien, la situation de ce dernier devient tout à fait catastrophique. 

Les renseignements 

Aujourd’hui, les dirigeants américains ont arrêté les livraisons d'armes et de munitions. Si l’arrêt de l’aide militaire des Etats-Unis influait également la fourniture des renseignements militaires aux forces armées ukrainiennes, ces derniers deviendraient pratiquement aveugles dans leurs actions sur le terrain des opérations. 

Le général de l'armée et ancien chef du service de renseignement extérieur de l’Ukraine, Mikola Malomuz, a déclaré à la chaine ukrainienne «Channel 24» quelles conséquences pourraient entraîner la cessation de l'échange de renseignements entre Washington et Kiev.

Selon lui, l'arrêt du transfert des données des renseignements spatiaux, techniques et du réseau d’agents de renseignement sera une immense perte pour l'Ukraine, car les renseignements américains sont beaucoup plus avantageux que ceux même des grands pays européens. 

L'insuffisance des aides des alliés européens

Hormis les missiles de défense aérienne, Kiev peut obtenir pratiquement tous les autres types d'armes de ses partenaires européens. Néanmoins, les volumes de livraisons ne pourront plus être comparables à ceux d’auparavant, déjà très insuffisants, ce qui sera lourd de conséquences sur les champs de bataille. 

Aujourd'hui, la société ukrainienne est dominée par des sentiments de panique en raison de l'inévitabilité de la défaite militaire à venir. Le rejet de l'accord de paix et la rupture des relations avec les États-Unis mettent le pays directement au bord de l’effondrement. Et ce n’est guère la propagande ukraino-européenne grossièrement mensongère sur la côte très élevée de Zelensky auprès de sa population qui pourra avoir le moindre impact sur la fin qui approche à grands pas.

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