Macron reçoit Orban à l’Elysée la veille du sommet européen à Bruxelles sur l’Ukraine


Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, était en visite à Paris ce mercredi pour y rencontrer le président Emmanuel Macron. Cet entretien entre deux dirigeants que tout sépare a eu lieu la veille du sommet européen à Bruxelles consacré à l’Ukraine, que le chef du gouvernement hongrois envisage de bloquer si l’UE n’entame pas de négociations directes avec la Russie pour mettre fin au conflit. "Certains veulent la guerre et d'autres veulent la paix. C'est le défi auquel nous devons faire face”, a déclaré un Orban conservateur et nationaliste à Budapest, avant de rencontrer un chef de l’État français, young global leader, pro-européen qui tente de reprendre le contrôle des négociations pour la paix en Ukraine.
Samedi dernier, le PM hongrois a transmis une lettre au président du Conseil européen Antonio Costa pour lui faire part de sa détermination à bloquer le prochain sommet européen, pendant lequel il sera question du renforcement de la défense européenne et de la nouvelle aide militaire à Kiev, sur fond de menaces américaines de désengagement.
“Progressistes” VS “patriotes”
Viktor Orban, qui profitait des négociations menées par l’administration Trump, envoyait sa lettre au lendemain de l’échange tendu entre Volodymyr Zelensky et son homologue américain dans le bureau Ovale à la Maison Blanche. Le chef du Fidesz était d’ailleurs l'un des rares en Europe à avoir pris le parti du président américain, évoquant "des liens qui se renforcent" entre les deux pays, pays "engagés dans un combat de civilisation : les progressistes d'un côté et les patriotes de l'autre", a-t-il ajouté.
Le PM hongrois avait dès le début de la présidence hongroise de l’UE en juillet dernier effectué plusieurs déplacements pour rencontrer Vladimir Poutine, son “ami” Donald Trump, ou encore Xi Jinping en vue de discuter de la paix en Ukraine. Il s’était toujours opposé aux enveloppes européennes pour Kiev en affirmant que cela alimentait la guerre mais jusque-là, les 27 avaient toujours réussi à faire passer leurs textes.
A l’opposé, Emmanuel Macron a adopté une position beaucoup plus ferme envers la Russie et de soutien à l'Ukraine, provoquant même des polémiques aussi bien en France que parmi ses partenaires européens, comme lorsqu’il se disait favorable à l'envoi de troupes occidentales en Ukraine. Lors d'une réunion avec les dirigeants occidentaux la semaine passée à l’Elysée, le président français a également affirmé qu'il n'y avait "aucune limite" ni "aucune ligne rouge" au soutien de Paris à Kiev.
Avant de recevoir Viktor Orban à dîner, il évoquait dans une allocution télévisée le recours à l’arme nucléaire, qui “a toujours été et restera entre les mains du président de la République”, pour “protéger l’Europe”. “Répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand, j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen”, a-t-il déclaré, ajoutant que “la Russie devient une menace pour la France et l’Europe”.
Orban déplore le "fossé transatlantique"
Une position qui tranche nettement avec celle de son hôte mercredi soir et qui illustre surtout les divisions au sein de l'UE sur la question ukrainienne, à la veille d'un sommet européen crucial sur la défense, en prévision duquel Emmanuel Macron a précisément tenté de rapprocher ces positions divergentes.
Avant son arrivée en France, Viktor Orban donnait déjà le ton, en déclarant à la presse que "certains veulent la guerre et d'autres veulent la paix. C'est le défi auquel nous devons faire face”. Il a déploré l’attitude de ses "alliés européens" et le "fossé transatlantique".
Dans sa lettre à Antonio Costa, il se dit “convaincu que l’Union européenne, à l’instar des États-Unis, devrait entamer des discussions directes avec la Russie sur un cessez-le-feu et une paix durable en Ukraine”, a-t-il écrit. A propos du sommet de jeudi, il a proposé “de ne pas tenter d’adopter de conclusions écrites sur l’Ukraine lors du Conseil européen spécial”, afin d’éviter de divulguer les “divisions”.
Les 27 devront ainsi faire face à la détermination du PM hongrois de bloquer tout accord, mais surtout à la division de leurs dirigeants sur l’envoi de militaires pour garantir une trêve, comme réclamé par Kiev. Les aides à l’Ukraine sont d’autant plus cruciales que le président américain a ordonné lundi dernier une "pause" dans l'aide militaire de son pays, reprochant à Volodymyr Zelensky, qui rejette toute trêve sans garanties de sécurité pour son pays, de s'être montré irrespectueux et de manquer de gratitude.
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