Prevotella et Covid-19 : La science appartient à tout le monde par Bio Moon - Exclusif
Précision du Directeur de la Publication:
Le contenu d'actualité et l’approche collaborative en confinement nous ont incités à couvrir ce sujet. La thèse initiale d'internet mettait en avance la recherche collaborative et la contribution à la résolution d’un problème médical. Lors du contact avec Bio Moon, celui-ci voulait garder l'anonymat. Nous avons fait les recoupements d’information, validé les adresses IP. Nos hypothèses étaient que cela pouvait être vrai ou faux. La conversation n’a été engagée que dans cette optique. A la fin de l'entretien, Bio Moon a de lui-même décliné son identité. C’est un professeur de SVT en France dans une académie de province, qui a fait des choix dans la vie, d’abord d’être engagé dans le monde associatif, le conseil puis éducatif. Notre conversation fut un échange à hauteur d’hommes, qui est la marque de fabrique de France-Soir avec des contributeurs respectant la critique contradictoire, positive et travaillant de manière collaborative. Ceci est une tribune libre proposée à Bio Moon pour exprimer sa démarche citoyenne, répondre aux détracteurs de son approche. Le « vous » utilisé s’adresse alternativement à la presse ou aux scientifiques.
"Science sans conscience n'est que ruine de l'âme" Rabelais
TRIBUNE : La pandémie de Covid-19 a commencé début décembre soit il y a maintenant bientôt 5 mois. Lors de l’émergence de cette maladie, les scientifiques les plus aguerris estimaient alors qu’il s’agissait d’une « grippette », qui plus est à la télévision. Auraient-Ils fait erreur ? Plus de 120 000 morts et la moitié de la population mondiale est assignée à résidence. Sans leurs évaluations scientifiques hâtives, nous aurions pu prendre les mesures nécessaires, fermer les aéroports pour limiter les effets du virus en France. A cette heure, le plus grand espoir de traitement de nos essais médicaux, le remdésivir, s’effondre (Note 1). De plus, les premiers vaccins ne seraient prêts que pour l’automne voire la fin d’année, sans être sûr de leur efficacité, ni de leur toxicité. Ceci « dans le meilleur des cas » disent les spécialistes.
Dans ce contexte, je me suis permis, de faire une hypothèse en m’appuyant sur des paramètres connus et reconnus par tous. J’ai passé des nuits, à lire des publications validées par la communauté scientifique, et à faire des recoupements. Hormis votre journal et quelques autres, j’ai l’impression que pour la plupart d’entre eux, j’ai commis un blasphème et qu’il frappe ma démarche de recherche participative d’un procès en hérésie.
Il ne s’agit pas là d’un droit de réponse, France-Soir a déjà traité le sujet avec neutralité et rigueur. (Note 2), cependant quelques précisions s’imposaient tant sur le fond et sur la forme.
1 - Fact Checking et Fake News sont dans un même bateau…
Au Moyen Age, étaient frappées d’hérésie, toutes personnes qui se permettaient de remettre en cause les conceptions de l’Eglise. La réaction, de certains journalistes et des chercheurs, donné le même sentiment. La seule différence est qu’à l’époque, la science était sous tutelle de l’Eglise, elle est aujourd’hui celle des Etats et des grands laboratoires.
Que l’on contredise un propos est une très bonne chose, qu’on le critique et le challenge aussi. Qu’on le méprise à ce point appelle une réponse : Surtout lorsque ceux, dont le travail est avant tout de traquer les « fake news », de mettre de la rigueur là où il y a de la rumeur, se permettent des contre-vérités aberrantes, surtout lorsqu’ils sont censés informer le plus grand nombre.
La meilleure manière de lutter contre les fake news est de ne pas en produire soi-même.
En outre, les experts ont caricaturé les propos tenus pour le déconstruire et ont avancés des arguments scientifiques totalement incorrects :
Argument 1 : Cette bactérie est un hôte normal de l'intestin humain. On la retrouve souvent et elle est très représentée chez 20 à 25% de la population. La seule caractéristique identifiée chez les personnes où elle est très présente consiste en un régime alimentaire riche en fibres. (Note 3)
Pourquoi est-ce faux ?
Prevotella n’est pas présente que dans le tube digestif. A l’intérieur du tube digestif, son abondance correspondrait effectivement à une bonne santé. Cependant dans les voies respiratoires et dans le vagin, ce sont ses interactions au sein du microbiome qui conditionnent son impact sur la santé.
Chez la femme par exemple, c’est le rapport des communautés Lactobacilles/Prevotella qui serait impliqué dans de nombreuses vaginites chroniques. Il y aurait même un lien entre l’abondance de Prevotella dans le vagin et l’obésité chez les femmes (Note 4) et c’est aussi un signe de pathologies inflammatoires. La littérature est vaste sur le sujet et disponible afin d’éviter la fake news.
Argument 2 : En outre, les analyses des bactéries responsables d’infections secondaires invasives chez les patients Covid+ ont mis en cause diverses souches bactériennes, mais pas Prevotella. Chakraborty se défausse en accusant la sensibilité des tests. (Note 5)
Pourquoi est-ce faux ?
Tout d’abord, les données citées proviennent de Chine et on peut d’ailleurs lire au point 4.5.6 « Surinfection bactérienne et fongique, que cependant, ces pathogènes ont été rapportés chez des patients chinois et sont à comparer à l’écologie locale ; chaque pays, région et hôpital devra adapter les données épidémiologiques des agents ».
Les éminents scientifiques « en d’autres temps, ministres de la vérité et du savoir autorisé » ont manqué de précision. En science, la précision est très importante. Des questions auraient dû être posées sur les méthodes employées par les médecins chinois pour effectuer leurs analyses ? Quels micro-organismes étaient ciblés par ces analyses ?
Des bactéries aérobies, celles que l’on recherche traditionnellement dans les cas de pneumonies communautaires et nosocomiales. On ne recherche que rarement les bactéries anaérobies et encore moins les commensales. Ce qui nous amène à cette seconde erreur qui conclut qu’il n’y a pas de traces de Prevotella alors qu’elle n’a pas été recherchée.
Les « experts en vérité » ont pêché peut-être par ennui ou précipitation :
Pas facile de trouver une information qui vaille un article. Dès qu’il y en a une, il faut être le premier et publier. En 24 heures, beaucoup s’étaient copiés oubliant au passage de vérifier la source de l’information. Seraient-ils tous contaminés par le virus de l'indolence ? :
Pour le valider cela, Il suffisait de taper Prevotella sur Google et d’utiliser les filtres pour retrouver la première publication, « Covid-19 : Et si on ne cherchait pas à tuer le virus ». Cette hypothèse ne vient pas d’une équipe de recherche internationale, ni d’Israël Magazine, ni de Whattsapp. 30 secondes suffisent pour le vérifier.
Il s’agissait juste de proposer une autre approche devant le désarroi de la cour des sachants. Une approche plus environnementale, moins ciblée sur les antiviraux, qui a fortiori, ne tiennent pas leurs promesses. Aucun complotisme. Tous les propos sont documentés par des publications médicales validées par la communauté scientifique internationale.
Le professeur aguerri avait laissé une petite faille pour vérifier le degré de curiosité des lecteurs (celle que l’on utilise dans l’enseignement pour tester si la classe suit) :
J’ai mis en première référence dans la bibliographie, l’extrait d’une revue validée par Mr Bruno Lina du conseil scientifique qui parle des aspects prometteurs de l’approche par le microbiome pour le traitement des infections virales des voies respiratoires où il parle notamment de Prevotella. Je ne m’attendais pas à ce que des journalistes mainstream fassent preuve d’une telle précipitation, d’une telle paresse.
En comparaison, avec des personnes qui m’étaient inconnues sur internet, nous avons partagé, échangé, critiqué les informations et d’autres sources. Ce ne sont que des internautes en quête d’information, de renseignement et de partage. Ils ont lu chacune des publications et fait leurs recherches. Internet est bien fait pour cela non ? Pour que l’on échange.
Ce qui est plus consternant de la part des médias, est la manière irrespectueuse et injurieuse dont ils ont parlé de Sandeep Chakraborty : (C’est la personne avec qui j’ai travaillé sur les analyses et les recherches)
Oui, ses publications ne sont pas officielles, oui, elles sont lacunaires, il est confiné chez lui.
Non, Sandeep Chakraborty n’a pas dit que le SRAS-Cov-2 était un bactériophage. Cela vient de moi.
Sandeep est une personne humble et généreuse, qui travaille d’arrachepied depuis 3 mois. Personne ne l’aurait traité de la sorte si je n’étais pas allé le chercher. Il a juste mis ses compétences de bio-informaticien au service du plus grand nombre, sans rien demander, juste pour se rendre utile, pour s’assurer que les données étaient bien traitées, que rien ne nous échappait. Sandeep ne voulait pas qu’on parle de lui, se contentait de conduire les analyses avec les maigres moyens dont il dispose et élaborait des hypothèses évolutives. Il n’a jamais rien affirmé de ferme.
Jeter en pâture le patronyme d’une personne dont n’a pas vérifié le propos, que l’on n’a même pas essayé de contacter, c’est tout inacceptable à mes yeux. Les Américains l’ont adopté suite au remue-ménage virtuel mis en place : de nombreux chercheurs échangent avec lui, des médecins lui fournissent des données. En France, son nom a été jeté en pâture et on le fait passer pour un incompétent.
Nous retiendrons peut-être de cette crise qu’il faut repenser l’élitisme, qu’il a vécu. C’est à espérer, car cela ne correspond à aucune grille sérieuse d’évaluation.
Le statut et les diplômes ne garantissent ni les compétences, ni la rigueur et encore moins la conscience professionnelle. Ils ne donnent pas le droit de mépriser les autres, de dénigrer systématiquement le propos d’autrui parce qu’il n’est pas du sérail. Aucun diplôme ne peut sanctionner la probité, l’opiniâtreté et la créativité.
2 - Le modèle Prevotella
La contradiction met à bas le doute et peut ainsi inspirer les plus grandes découvertes. Je serais heureux que mon hérésie environnementale soit contredite par un généticien, qui suite à ses travaux, trouverait une piste sérieuse. L’idée n’est pas d’avoir raison, c’est de réfléchir ensemble. Deux cerveaux, valent mieux qu’un, même si c’est le cerveau de gens qui ne sont rien à bien des yeux.
Les héros de cette bataille, les médecins et les soignants vont tous les jours au front, regarder la souffrance des malades et bien trop souvent la mort. Devons-nous rester docilement confiné à compter les morts en jouant à Candy Crush ? Souhaitant juste me rendre utile, devant la complexité de cette maladie, je me suis dit, comme Sandeep, que d’autres pistes avaient peut-être été ignorées. Sans prétention aucune, comme un autre internaute, je me suis documenté.
En premier lieu, un point interloquant était le fait que les enfants n’étaient que très peu touchés :
Ce fut l’élément de départ. Les recoupements s’enchainèrent, fluides, bien plus fluides que toutes les explications floues et contredites que l’on brasse depuis des mois : masques, respirateurs, tests.
Ce propos a, semble-t-il, été mal saisi par les journalistes. Lire, sans étudier les publications scientifiques soutenant un propos, n’induit que trop souvent le dénigrement. La bibliographie n’est-elle pas importante pour un journaliste ?
Ici ne sont proposés pour la plupart que de nouvelles références permettant aux médias de reprendre la bibliographie des articles écrits, afin de compléter leur base de connaissance. Un autre point surprenant est le degré d’obsolescence de la base de connaissance de grands scientifiques et pontes de la médecine. Ces recherches serviront au moins à faire une mise à jour, pour peu qu’elles soient lues.
Revenons aux enfants. Ces derniers ont un microbiome pulmonaire et buccodentaire dominé par les Bactérioidètes et les firmicutes alors que chez les adultes, c’est la communauté Prevotella qui sera d’autant plus représentée avec l’âge et selon les terrains infectieux en présence. Elle s’installe effectivement progressivement avec l’âge, ce que j’ai toujours dit.
Que savons-nous de Prevotella, ? Prevotella est :
En abondance dans le vagin féminin causant souvent des vaginites et inflammations chroniques et a potentiellement un rôle dans le développement du cancer du col de l’utérus. C’est le rapport de son abondance avec celle des lactobacilles qui explique les inflammations de l’épithélium vaginal car Prevotella est connue pour ses interactions très étroites avec le système immunitaire et spécifiquement avec le réseau de cytokines. Elle peut provoquer des orages de cytokines. « Prevotella Cytokines » dans Google, on y trouve nombre de publications validées par la communauté scientifique.
Un facteur commun à la contraction et au développement de nombreuses maladies inflammatoires chroniques : obésité, diabète, BPCO, Asthme. Selon, les tissus, son abondance ou sa relative absence expliquerait là encore le développement et/ou l’aggravation de ces maladies. C’est dire son importance dans la réaction immunitaire.
Assez caractéristique des régimes alimentaires et donc des cultures, comme bien d’autres germes. Ces derniers n’ont pas toutes les caractéristiques citées précédemment.
Connue pour provoquer ou participer aux pathologies affectant différents tissus qui ne sont pas sans rappeler les symptômes du Covid-19 : Gencives, poumons, cœur, cerveau, articulation. Elle peut générer des thromboses de la veine porte (Note 6) ce qui rappelle Covid-19. Prevotella et le microbiome sont aussi capables d’interagir avec l’enzyme ACE2 et le système rénine angiotensine (Note 7).
Tous ces éléments sont disponibles sur internet, et provient de plusieurs publications officielles produites par des chercheurs reconnus. Ces informations sont mises à disposition afin de compléter la base de connaissance. Cela rendra votre intervention plus crédible et évitera des propos déplacés dans l’éventualité où vous êtes amenés en parler devant le grand public à la télévision ou dans les journaux. Il y a des enfants, des sachants qui écoutent, je suis sûr que comme moi, vous ne voudriez pas être pris en défaut.
Dogme et dédain, le double aveugle, voilà pourquoi nous sommes aussi en détresse face à cette crise. Si d’aventure, quelqu’un cherche à apprendre la rigueur, basant ses propos sur ce que l’on appelle la communauté scientifique,
cette posture peut être bien plus absurde qu’une démarche de recherche participative et collaborative :
L’hypothèse, la supputation avancée est que le SARS-Cov-2 est un bactériophage de Prevotella.
Faux négatifs, porteurs sains, enfants, symptômes. Tout désigne un comportement très particulier de ce virus. Il n’existe aucun modèle, aucune hypothèse pour expliquer l’entièreté de ces spécificités.
Est-il encore permis, « en temps d’inquisition élitiste », de faire des recoupements, de suggérer des liens, d’émettre une hypothèse ? Vous avez affirmé sans sourciller que le SARS-Cov-2 est un virus eucaryote. En avez-vous des preuves ? Les clichés montrant un virus dans des cellules épithéliales ?
Conclusion hâtive : Un bactériophage pourrait très bien infecter ou même simplement collaborer avec une bactérie, capter ses potentialités par transfert de gènes et donc obtenir suite à ce processus la capacité d’infecter les cellules humaines. Elle n’a d’ailleurs même pas besoin de pratiquer la phagie. Des collaborations entre un virus et une bactérie avec transfert de gènes, il n’y a rien « d’absurde », c’est même assez classique. Aucune preuve n’existe.
Vous opposez que l’on ne connaît pas de phages qui attaque les cellules humaines et que les bactériophages sont tous de la famille des Myoviridae et que les coronavirus ne sont pas des bactériophages.
La réalité est qu’on apprend tous les jours sur les bactériophages et que les découvertes remettent même en cause le statut des virus (note 8). De plus 90% des bactériophages appartiennent au même groupe, seuls 10% font partie de familles différentes et ne ressemblent en rien à la forme caractéristique que trop d’entre vous ont exposée. Vous opposez que c’est un virus à ARN. Pour être complet éviter de donner des leçons s’il vous plait expliquez avant tout qu’il existe de nombreux phages à ARN.
Les coronavirus ne sont pas des bactériophages. Ce qui est inconnu n’est pas inconcevable, c’est un nouveau paradigme. On ne sait rien de ce virus. Les scientifiques se disent être totalement déboussolés par ce virus. Ne pas concevoir une chose ne veut pas dire qu’elle n’existe pas. L’imagination est une force en science, l’étroitesse d’esprit et le dogmatisme, des poisons qui ont depuis la nuit des temps empêchés l’avancée des sciences. Pour être complet, avant d’aller plus loin dans les oppositions systématiques et stériles que l’on peut lire et entendre, on a découvert un bactériophage qui s’attaquait à Prevotella. (Note 9)
Aucune conclusion n’est tirée, juste un recoupement. Ce droit serait-il enlevé aussi à l’individu lambda confiné ?
Admettons que ce soit une erreur : Sandeep lui pense qu’elle joue un rôle. Les corrélations établies et validées par de nombreuses publications, permettent de pouvoir l’envisager et le penser. A cet effet, le numéro de Lancet du 9 avril 2020 (note 10) parle de l’urgence de tester les anti TNF-Alpha pour lutter contre les aggravations du Covid-19. L’alerte sur l’urgence d’utiliser des anti TNF-alpha a été lancée dès fin mars et publiée le 7 avril (Note 11).
Difficile pour les médias de concevoir qu’un professeur de SVT puisse être en avance sur l’une des plus grandes revues scientifiques. Pour compléter, le 20 mars 2020 les autorités médicales étaient alertées par email en leur suggérant de ne plus intuber les patients. Le 3 avril 2020, les autorités annonçaient un changement de protocole avec une autre méthode que l’intubation pour oxygéner les malades. Serait-il possible que certains directeurs de la recherche médicale doivent aller faire allaiter leurs chevreaux par des poules ? Image empruntée pour l’occasion à un directeur de recherche.
3 -Modèle ACE2 et méthodologie.
L’hypothèse annoncée a été balayée d’un revers de la main. Cependant nos éminents spécialistes pourront peut-être apporter réponses à ces quelques questions sur le modèle ACE2. Tous les scientifiques du monde entier ont accepté l’idée que l’enzyme ACE2 était le récepteur par lequel le virus entrait dans la cellule. (Cette enzyme transmembranaire et circulante joue un rôle dans la régulation de la tension artérielle via le système rénine-angiotensine).
D’où vient cette certitude inébranlable, partagée par les pairs et qui représente une de nos principales stratégies thérapeutiques ?
Les premiers à avoir érigé ces modèles sont deux chercheurs australiens de l’institut de Biotechnologie de Sidney, en Australie, qui travaillaient sur le SRAS-Cov-1. Ces chercheurs n’ont, à aucun moment, affirmé de manière ferme et définitive que l’ACE2 est la porte d’entrée. Ils le suggèrent, envisageant même un autre récepteur.
Leur expérience consistait alors à infecter une souche de souris sauvages et une souche de souris mutantes pour le gène qui code pour l’ACE2 avec le virus SARS-Cov-1. Les souris mutantes présentaient alors 1000 à 5000 fois moins de charge virale. Peut-on en déduire que l’ACE2 est le récepteur qui permet au virus de s’internaliser dans la cellule épithéliale ? Non. D’ailleurs les auteurs ne le font pas, ils le suggèrent.
La seule conclusion, d’une telle expérience, est qu’ACE2 joue un rôle dans l’infection de la cellule.
Pourtant, lorsque le SARS-Cov-2 émergea, sans plus se poser de questions, on estima qu’ACE2 devait là aussi jouer le rôle de porte d’entrée. Par analogie avec le SARS-Cov-1 tout d’abord.
Ce récepteur se trouvant principalement dans les reins, le cœur, les voies respiratoires basses, des tissus affectés par le Covid-19, on valida ce modèle. Un peu léger comme recoupement au regard de ce qui a été proposé comme alternative. Soit. Admettons.
Tout vent debout, nos scientifiques cherchèrent à démontrer que l’ACE2 était le récepteur. La question ne fut pas posée. On chercha à démontrer. Cela a toute son importance. A cet effet, une nouvelle expérience fût mise en place. In vitro, on infecta des cellules épithéliales privées de récepteurs ACE2 et des cellules sauvages présentant cette enzyme. Les cellules épithéliales mutantes ne furent pas infectées par le SARS-Cov-2. Peut-on en conclure que l’ACE2 est la porte d’entrée pour autant ? Non, toujours pas. On peut simplement en conclure que l’ACE2 joue un rôle et que son absence empêche l’encapsulation. Les chercheurs ont donc été plus loin et ont démontré qu’un inhibiteur de protéase empêchait le clivage donc l’encapsulation. Là encore, cela montre que l’ACE2 joue un rôle, peut être même qu’il est une porte d’entrée. Rien ne l’assure. ACE2 pourrait être une des portes d’entrée, le virus comportant 20 protéines différentes sur sa membrane. De plus ces expériences sont effectuées in vitro et le delta avec les interactions moléculaires réelles dans l’organisme est important. En outre, la modification d’une enzyme de la membrane peut avoir un impact sur les propriétés de la membrane ainsi que sur les autres protéines transmembranaires. Le modèle ACE2 n’a que le statut de modèle.
En science, un modèle, n’est pas une vérité intangible. Surtout, en science.
Nos scientifiques ont donc procédé par extrapolation et leur interprétation est spéculative et ne respecte pas la rigueur de la démarche scientifique. Sandeep, allégrement critiqué, a une maxime « Just what the data say » (seulement ce que les données disent). Il y a beaucoup à apprendre de cette maxime.
Affirmer que nous n’avons aucune preuve intangible, n’est pas une conclusion affirmative, mais une hypothèse à valider. Un juge dirait : une présomption forte est nécessaire pour continuer une investigation, mais insuffisante pour mettre en garde à vue. Par exemple une condition nécessaire pour qu’il pleuve est qu’il y ait des nuages, cependant cette condition n’est pas suffisante.
Pour revenir à l’ACE2, l’affirmation faite est que nous n’avons pas de preuve intangible que l’ACE2 n’est pas le récepteur, juste de fortes suspicions. En aucun cas c’est une affirmation. On peut d’ailleurs expliquer les expériences de nos chercheurs en proposant que l’ACE2 soit justement un facteur qui optimise la prolifération du virus grâce à Prevotella. Prevotella a la capacité de capter le fer de nos hématies. On pourrait imaginer un lien entre le récepteur ACE2, Prevotella et le SARS-Cov-2. Il ne semble pas que cela soit plus aberrant que la nicotine ou le remdesivir. Apparemment, il a urgemment fallu arrêter les essais sur cette molécule, car les effets étaient dangereux. Les comités de lecture servent donc !
Cette polémique et le dénigrement des grands pontes ressemble en tout à la maladie de Lyme :
En effet, dans les deux cas, le pathogène est encore présent chez les patients guéris.
Il a fallu 30 ans pour que les grands chercheurs puissent commencer à accepter d’imaginer qu’il était possible que la bactérie Borellia s’enkystent, se dissimulent et que c’est pour cela que les tests Western Blot et Elisa ne fonctionnaient pas.
Des enfants sont paralysés, certains ont même été envoyés en hôpital psychiatrique pour trouble psychosomatique profond parce que les grands pontes ne pouvaient concevoir ce qui pourtant existe.
Les problèmes de méthodologie et d’approche de la médecine révélés dans la crise :
Le système de comité de lecture scientifique pour valider une publication a ses limites. Si par exemple, vous vous trompez, vous vous trompez tous ensemble. Souhaitez-vous que l’on s’amuse à rechercher toutes ces nombreuses publications partagées, repartagées, validées, évaluées par tous les grands de la science et qui pourtant se sont avérées bidons (wishfull blindness, aveuglement collectif).
On pourrait aussi faire la liste de toutes ces recherches qui ont abouties à des molécules toxiques et à des scandales de santé publique.
Le monde est si prompt à montrer du doigt les femmes et les hommes politiques en cas de problème. La responsabilité devrait être aussi partagée par les élites économiques, médiatiques et scientifiques, comme cette crise nous le démontre.
Le collectif empêche la médiocrité et l’usurpation individuelle à moins de s’aveugler collectivement.
Essentialiser est un danger.
Je n’essentialise pas. Il y a des chercheurs géniaux, j’ai eu des professeurs extraordinaires, que j’admirais, à l’université. Je n’ai rien d’un complotiste. Notre monde est perfectible, mais je suis persuadé qu’on peut en obtenir le meilleur si l’on arrête de s’opposer sans réfléchir les uns aux autres.
Les médias,s'il vous plait, n’essentialisez pas non plus : parmi les citoyens confinés, beaucoup vous surprendraient par leur érudition.
Internet n’est pas qu’un outil pour les complotistes et les fake news.
Beaucoup de personnes s’y instruisent et deviennent même expertes dans des domaines, en autodidacte et sans diplôme.
En conclusion
Notre approche est participative et collégiale, pas de se faire connaitre, pas d’obtenir le prix Nobel. Si Sandeep Chakraborty et moi-même avons fait erreur, cela aura au moins servi à fournir une nouvelle piste à nos chercheurs. Si Prevotella ne joue pas un rôle, si SRAS-Cov-2 n’est pas un bactériophage, si nos chercheurs par l’approche du microbiome trouvent une stratégie thérapeutique, nous aurons l’impression d’avoir été utiles.
Une précision importante, avant d’utiliser les réseaux sociaux pour évoquer ces sujets, j’ai sollicité les autorités sanitaires, scientifiques et politiques. J’ai appelé les grands laboratoires comme SANOFI. J’ai envoyé des messages aux médecins et chercheurs que je trouvais sur les réseaux sociaux. C’est devant le syndrome du double aveugle, le dogme et le dédain, que j’ai décidé d’utiliser les réseaux sociaux.
J’espère que cette histoire servira à réfléchir au statut de la fake news et je crois qu’une société où l’on accorde le droit à certains de dire ce qui est vrai ou pas, de condamner une proposition ou de l’encenser, n’est pas une société démocratique qui laisse sa place à l’intelligence collective.
Notre Président a dit que nous étions en guerre. En temps de conflit, l’information est cruciale. Ne rejouons pas éternellement Waterloo. Si la solution du microbiote était la bonne, ces journalistes seraient complices du Covid-19 comme ce paysan flamand qui trompa Napoléon.
Pour finir, je dirais que même si je me trompe totalement, cette recherche participative a donné lieu à une dynamique : de nombreuses personnes se lancent dans des recherches, s’intéressent au microbiote et à l’alimentation, beaucoup se sont même mis à lire les publications scientifiques !
Qu’a-t-on fait de mal pour mériter votre mépris et l’opprobre ?
Remerciements :
France-Soir, je tiens à vous remercier pour m’avoir laissé répondre et pour l’honnêteté intellectuelle dont vous avez fait preuve. Vous avez gagné un lecteur.
J’aimerais aussi remercier Harry Sokol, gastro-entérologue à l’hôpital Saint-Antoine à Paris et l’APHP qui ont lancé le projet Covibiome suite à cette polémique (Note 11). S’il a caricaturé et dénigré notre travail, espérons au moins qu’il reconnaîtra que cela lui aura inspiré le projet Covibiome puisque, a postériori, il n’y avait pas pensé.
Annexes :
Note 1 : https://www.lemonde.fr/sciences/article/2020/04/24/contre-le-coronavirus-premiers-resultats-non-concluants-de-l-antiviral-remdesivir-lors-d-un-essai-clinique_6037632_1650684.html
Note 2 : http://www.francesoir.fr/societe-science-tech/covid-19-et-prevotella-lintelligence-collective-t-elle-resolu-lenigme-du?fbclid=IwAR0XYjZ_kkZ8VVjTtGmixZCOZZTWoOvkybOpXxGvk2l5N7YuC91EHWRpzvI
Note 3 : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/intox-la-bacterie-intestinale-prevotella-ne-joue-pas-de-role-dans-le-covid-19_143668
Note 4 : https://www.cell.com/cell-host-microbe/pdf/S1931-3128(16)30488-7.pdf
Note 5 : https://www.liberation.fr/checknews/2020/04/22/covid-19-est-il-vrai-que-la-bacterie-prevotella-joue-un-role-dans-l-infection_1786037
Note 6 : https://www.researchgate.net/publication/11384805_Portal_vein_thrombosis_and_Prevotella_melanigenica_revealing_an_appendicular_abscess
Note 7 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6036087/
Note 8 : https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/maladie-gigantesques-phages-plus-gros-bacteries-74846/
Note 9 : https://www.nature.com/articles/s41564-018-0338-9?fbclid=IwAR0n6g0j8xeABb_qsZBKPlt-YI8ASir1jXZHKbhLrWK8XC9pammCqjVvcZw
Note 10 : https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30858-8/fulltext
Note 11 : https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/covid-19-et-si-l-orage-de-223037
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