Jean Castex, espèce de “couteau suisse” déconfiné, dont l'accent a pu prêter à la bonhomie

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France-Soir
Publié le 13 avril 2024 - 15:36
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Christope Petit Tesson /Pool AFP
Castex, la figure janusienne de la Macronie
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PORTRAIT CRACHE - Longtemps dans l’ombre, à l’Elysée et à Matignon, Jean Castex est apparu comme tout droit venu de son Gers natal, à la façon d’un diable sorti de sa boîte, avec cet accent à couper au couteau, à vous donner envie de lui acheter son foie gras sur le marché de Lectoure. Un véritable jackpot pour Emmanuel Macron, qui ne voit dans ce technocrate à la fausse bonhomie, qu'un “efficace” dépourvu d'ambition présidentielle. Une déception pour les Français qui subiront ses restrictions, celle d’un bon petit soldat dépourvu de scrupule, troquant sa réputation d’énarque “efficace” contre celle d’un gestionnaire critiquable et critiqué, véritable tortionnaire stupide de l'épidémie de Covid, aux injonctions folles... assis, debout, masqué, pas bouger... 

Dès sa sortie de l’ENA en 1991, Jean Castex est auditeur à la Cour des comptes. Diplômé de Sciences Po Paris et déjà endoctriné, titulaire d’une maîtrise de droit public, il est promu en 1994 au poste de conseiller référendaire. En 1996, le gersois quitte Paris pour s’installer dans le Sud-Est de la France et mener carrière, carrière de fonctionnaire ! Il sera directeur des Affaires sanitaires et sociales dans le département du Var, puis secrétaire général de la préfecture du Vaucluse, et enfin président de la Chambre régionale des comptes d’Alsace jusqu’à 2005. 

“Efficace” dans l’ombre, janissaire au soleil  

Jean Castex est de retour à Paris en 2006 et s’introduit dans l’appareil. A l’ombre, comme directeur de l’Hospitalisation et de l’Organisation des soins, au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale. Déjà le petit doigt sur la couture du pantalon, il prend part à la restructuration du système sanitaire avec la mise en place de nouveaux critères de financement pour les établissements de santé, comme la notion d’objectifs et de rentabilité ainsi que la rationalisation des coûts.  

Jean Castex gravit peu à peu les échelons et se lance dans la politique élective. Il est directeur de cabinet de Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé où il ne brillera pas, sous Nicolas Sarkozy, puis, à partir de 2008, secrétaire général de l’UMP, dont il est membre. Une adhésion gagnante puisqu’il fait son retour dans le sud-est de la France et se fait élire maire de Prades aux municipales de 2008, puis conseiller régional du Languedoc-Roussillon en 2010. A la fin de cette année, il est nommé conseiller aux affaires sociales au cabinet du président, poste qu’il occupe jusqu’à la fin du mandat de Sarkozy à l’Elysée, en 2012. 

Jean Castex reste éloigné de l’Elysée et de ses ministères pendant le mandat de François Hollande. Il échoue à devenir député de la 3e circonscription des Pyrénées-Orientales en 2012 mais parvient à se faire élire en 2015 conseiller départemental dans le canton des Pyrénées catalanes. La traversée du désert prend fin avec l’élection d’Emmanuel Macron. Jean Castex a déjà quitté l’UMP pour rejoindre les Républicains et se voit nommé délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris et président de l'Agence nationale du sport, le début d’un fiasco annoncé. 

Crédits : ARA

Il est, à ce moment-là, maire de Prades, où on lui prête des accès autoritaires voire tyranniques, conseiller départemental des Pyrénées-Orientales et président de l'ANS, autrement dit, l’un des fonctionnaires les mieux payés de France. Pendant la pandémie, il sera derrière le déconfinement sous les ordres du Premier ministre, Edouard Philippe, ce qui lui vaut le surnom de “Monsieur déconfinement”. Quand le chef du gouvernement démissionne, le choix de Macron est vite fait... 

Jean Castex, inconnu jusque-là, a le profil idéal. “Stakhanoviste sans beaucoup d’amour propre”, “démêleur” de problèmes et emmerdes, calé sur les dossiers de la santé et du travail, il est qualifié de “couteau suisse” et on lui attribue “le premier plan pandémie”. Mais le maire de Prades est surtout un technicien aux ordres (les wagons partiront à l’heure) qui ne fera pas d’ombre au président Macron, à deux ans à peine de la présidentielle de 2022.  

Castex, la figure janusienne de la Macronie 

Il est visé par une enquête du parquet de Perpignan pour des infractions au Code de l’environnement et au Code du travail en sa qualité de maire mais l’instruction est vite abandonnée suite à sa nomination. on ne s'attaque pas à ceux qui grimpent. 

Il quitte les Républicains, cède ses postes à la mairie de Prades et au Conseil départemental des Pyrénées-Orientales qui souffle, et hérite alors de la pandémie comme Premier ministre, dont on "loue l’expérience” au ministère de la Santé. Les faux-pas s’entassent : mesures hostiles, déclarations hasardeuses, un projet de loi autorisant la prorogation de l’état d’urgence sanitaire. “Mr. déconfinement”, dont on rappelle la gestion “moins rigide” de la crise sanitaire par rapport à son prédécesseur, devient “Mr. confinement”. Il instaure de nouvelles restrictions, renforce le confinement et le couvre-feu, et s’invite même à la table des Français à Noël pour limiter le nombre de personnes et de vieux. 

En septembre 2020, il est visé par une plainte devant la Cour de justice de la République de la part d’une association de victimes du COVID, qui accuse le gouvernement de “naviguer à vue” face à la pandémie, sans “aucune stratégie de lutte”.  

Malgré l’absence d’une réelle seconde vague, le chef du Gouvernement persiste dans la prorogation de l’état d’urgence, en vigueur depuis février 2021, en proposant même un projet de loi instituant l’état de crise sanitaire, appelant jusqu'à la vaccination des enfants entre 5 et 11 ans, comme une “nécessité”. Bien avant un certain Olivier Véran, alors ministre de la Santé, il multiplie les affirmations contradictoires, controversées, voire improbables, comme lorsqu'il entonne que "l'immense majorité" des personnes hospitalisées ne sont pas vaccinées, qu’une personne pleinement vaccinée ne pouvait être contaminée ou encore lorsqu’il annonce dans un discours télévisé et sur un ton tout aussi grave que solennel, l’interdiction de la consommation ... debout, dans les bars et les cafés, à la façon de Fernandel. 

Il transforme le pass sanitaire en pass vaccinal et s'en prend, lui aussi, aux personnes non vaccinées, sur qui “il faudrait clairement continuer à faire peser la contrainte”, alors que les populations des pays voisins font un “retour à la normale” dès le début de 2022.  

En a-t-on fini avec lui ? 

Quelques semaines après la réélection de Macron, Jean Castex, dont la popularité est en baisse, remet sa démission et cède Matignon à Elisabeth Borne. Le président souhaite le voir diriger la RATP, la régie des transports parisiens bien à l’ombre de ses tunnels. Sa nomination soulève des questions sur les limites du contrôle des conflits d'intérêts, après que la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) ait émis des réserves. La HATVP lui exige d’ailleurs de “s’abstenir, pendant trois ans, de toute démarche” auprès de ses anciens collaborateurs dans le gouvernement afin de “prévenir tout risque de mise en cause de l’indépendance et de la neutralité bien connue de l’administration”.  

Un adieu à la politique ou un au revoir ? A l’Elysée, il figure bien parmi les cartes à jouer contre l’extrême droite en 2027, aux côtés d’Edouard Phillipe, qui le distance largement dans les sondages face à Marine Le Pen. Lui, confronté aux difficultés de la RATP ainsi qu’au défi des Transports en prévision des Jeux olympiques de Paris, ne souhaite pas “être recasé”, les français lui en sont gré. 

S’il a rarement été en première ligne en dehors des sujets liés à l’épidémie, c’est pendant son mandat que la loi “sécurité globale” ou encore celle contre les séparatismes sont passées. Un Castex à l’Elysée ? Pour enfoncer les Français dans un “confinement” orchestré en Macronie ou pour déconfiner ?  

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