L'avis Tranchant d'Alain : l'appel à la "raison raisonnable" du professeur Raoult
Tout le monde le sent bien. En cette fin janvier, alors que le pays s'apprête à souffler la première - et, souhaitons-le ardemment ! la dernière ? - bougie de cette parenthèse infernale dans la vie de la nation, nous sommes une nouvelle fois à un tournant dans la gestion de la pandémie.
Ah ! Certes, pour rester dans la métaphore sportive utilisée par le Premier ministre dans sa dernière intervention télévisée ("Ne pas confondre vitesse et précipitation"), on pourrait espérer que parce qu' "on ne change pas une équipe qui gagne", le chef de l'Etat se décide à changer une équipe qui a beaucoup perdu, et qui n'a pas davantage convaincu depuis le changement de locataire à l'hôtel Matignon l'été dernier. Mais il y a tout lieu de penser que l'apparition sur les écrans du ministre de la Santé, jeudi 28 janvier, à une heure inhabituelle : 14 heures, était sans doute destinée à préparer les esprits à un nouveau confinement, plutôt qu'à un changement de stratégie dans la gestion de la pandémie. Et j'aimerais me tromper en écrivant cela ...
En tout cas, c'est cette même semaine qu'a choisie le professeur Raoult pour hausser le ton, et en appeler avec force au "gouvernement". D'abord, avec sa vidéo sur YouTube, et hier matin sur Radio Classique. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le professeur marseillais fait le maximum pour infléchir le cours des choses.
Dans la vidéo de l'IHU Méditerranée Infection, Didier Raoult parle d'abord des variants, qu'il avait diagnostiqués "dès août", mais "personne n'est prophète en son pays". A Guillaume Durand, il explique que "les virus mutent, ce n'est pas une découverte, on sait cela depuis quelques décennies", et qu'ils mutent "en particulier sous l'action des médicaments", ce que devraient savoir "les gens du Conseil scientifique". Ces mutations du Covid-19, il en voit possiblement l'origine dans le remdesivir, "mutagène sur les coronavirus avant l'apparition de celui-là", et qui "a probablement aggravé le problème épidémique". "J'espère qu'on ne va plus en prescrire", ajoute -t-il.
Comment voyagent ces mutants ? La réponse est évidente : ils "passent par les frontières", qu'ils soient en provenance d'Angleterre, du Liban, de Dubaï ou d'Afrique du Sud. Sans doute vaudrait-il mieux fermer nos frontières qu'enfermer les Français chez eux. L'idée n'a pas germé dans les grands cerveaux qui nous gouvernent... Chargé de connotations à leurs yeux, le mot est imprononçable !
Revenir à la médecine
Parce que le virus mute, "on ne sait pas combien de temps ça va durer", ni si les vaccins fabriqués avec une protéine Spike garderont leur efficacité si cette protéine change. D'ailleurs, "on n'éradique pas la grippe avec le vaccin, mais on contrôle un peu le nombre de cas", et "tous les ans, il faut réinventer un vaccin en introduisant de nouvelles souches ; on n'a jamais trouvé mieux que le vaccin inactivé pour traiter la grippe".
Le professeur Raoult l'assène ensuite à plusieurs reprises : "Maintenant, il faut revenir à la médecine", c'est-à-dire détecter les patients atteints du virus et utiliser les technologies nouvelles : une "montre chinoise" à 35 euros, qui donne le pouls, la température, la saturation en oxygène, qui effectue un électrocardiogramme, toutes indications qui peuvent être adressées au médecin, et qui permettent de surveiller un patient à distance. "J'espère bien, souligne le professeur Raoult, qu'on pourra revenir à un monde normal dans lequel face à une maladie, on va voir son médecin, les médecins doivent recevoir les malades en prenant les précautions pour ne pas être malades, et le gouvernement doit leur fournir les masques nécessaires pour pouvoir le faire". Et, ensuite, "ils doivent prendre en charge les gens, les examiner, regarder s'ils ont des facteurs de risques", et les soigner.
Quand il insiste sur cette ardente obligation de "revenir à la médecine, qui semble avoir été oubliée dans l'affolement", quand il observe que "la prise en charge thérapeutique n'a pas été empirique, n'a pas été ce que nous faisions en médecine depuis 2 000 ans", quand il poursuit : "De la même manière, le vaccin choisi est hyper technique", et a été fabriqué "dans des conditions de célérité qui ne sont pas usuelles", alors on se dit que, décidément, l'insulte faite au bon sens n'est évidemment pas étrangère aux fiascos successifs intervenus depuis un an.
Tourner une page
Fermement, le professeur Raoult interpelle le gouvernement à propos du traitement de la maladie : "Ce gouvernement doit arrêter de faire la guerre aux traitements qui ne sont pas le remdesivir". Il déplore que ses propres "projets de recherche pour évaluer des médicaments qui ne coûtent rien soient rejetés dans ce pays". Et il affirme : "Il faut tourner une page".
Comme il faut en tourner une autre avec le Conseil de l'Ordre, qui le harcèle "parce qu'on a soigné 14 000 malades ici", et qui "ne doit pas être juste aux ordres incompréhensibles de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent". S'il n'appartient pas au Conseil de l'Ordre de "dire la science", en revanche après un rapport accablant de la Cour des comptes, "le gouvernement aurait dû prendre des mesures radicales pour y remettre de l'ordre" et le rappeler à sa mission : "régler les différends déontologiques entre confrères et entre les patients et les médecins", au lieu de "faire régner un ordre ponctuel par un ministre de passage (...) qui n'a pas une connaissance intrinsèque de la vie de la science, il faut être modeste !"
Ainsi qu'il n'a cessé de le dire depuis le début de la pandémie, le confinement n'est pas la réponse appropriée à la propagation de la maladie. "Il y a une disproportion de la réponse de la société, une émotion terrible qui amène à des conclusions trop hâtives, à des décisions très puissantes qui me paraissent actuellement, sur le plan social, disproportionnées". Parce qu'on ne sait pas combien de temps le virus va circuler, "on ne va pas proposer à la population de vivre entièrement cloisonnée tout le reste de l'humanité quand même ! Il va falloir arrêter un moment". Un an après le début de la pandémie, "il faut revenir à une raison raisonnable". On sait désormais que "si on s'occupe des malades, ils meurent moins", et que "la population qui meurt est une population extrêmement fragile et qui a une espérance de vie très faible".
Libérer le peuple français
Interrogé par Guillaume Durand sur un nouveau confinement, le professeur Raoult le répète à l'envi : "Il n'y a pas de synchronisation entre les décisions sociales et l'évolution de l'épidémie (...), on va rendre tout le monde fou, on va ruiner les gens, le nombre de problèmes psychiatriques est en train d'exploser". Son diagnostic est impitoyable : "Il faut revenir sur terre". Si on pouvait se tromper il y a un an, on sait maintenant que le confinement de la population n'a pas permis d'enrayer l'épidémie. Et son remède est catégorique : "Il faut laisser les gens vivre, il faut les soigner".
Ce que je traduirai par un triptyque à destination du pouvoir : arrêtez le massacre, soignez les malades, libérez le peuple français !
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.