Après avoir annoncé une suspension, la poste américaine accepte à nouveau les colis venant de Chine, sur fond de guerre commerciale entre Washington et Pékin
Washington souffle le chaud et le froid et maintient la pression sur Pékin. Peu après la signature du décret du président Donald Trump, imposant un droit de douane supplémentaire de 10% à la Chine, le service postal américain (USPS) a annoncé une suspension “temporaire” avec “effet immédiat” des livraisons de colis provenant de ce pays et de Hong Kong. Pékin a vite dénoncé une mesure “déraisonnable” qui pourrait fortement impacter ses entreprises, notamment les plateformes de vente en ligne comme Shein et Temu. Mercredi, quelques heures plus tard, l’USPS a annoncé “continuer à accepter” les colis provenant de la Chine.
Mardi, Donald Trump a imposé des droits de douane supplémentaires de 10% sur les produits chinois, dans un contexte de fortes tensions, voire de guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Pékin a vite répliqué en imposant à son tour des droits de douane sur certains produits américains, notamment 15% sur le charbon et le gaz naturel liquéfié, ainsi que 10% sur le pétrole et d'autres biens, à compter du 10 février 2025.
La décision de la Maison Blanche supprime aussi l’exemption dite de minimis, qui permettait aux colis de moins de 800 dollars d’entrer aux États-Unis sans droits de douane. Cette suspension affecte particulièrement les plateformes chinoises d’e-commerce, comme Shein ou encore Temu, qui misaient jusque-là sur les services de l’USPS pour livrer leurs marchandises à bas prix. Selon un communiqué diffusé la semaine dernière, l’agence américaine des douanes et de la protection des frontières a précisé que la valeur des colis bénéficiant de cette exemption s’est élevée à plus de 1,36 milliard de dollars en 2024.
Dans la foulée, le service postal américain annonce “suspendre temporairement” et “jusqu’à nouvel ordre” la livraison de ces marchandises, sans donner de raisons, suscitant la colère de Pékin. “Nous demandons instamment aux États-Unis de cesser de politiser et d’instrumentaliser les questions commerciales et économiques” et de “réprimer de façon déraisonnable les entreprises chinoises”, a réagi Lin Jian, le porte-parole de la diplomatie chinoise.
Officiellement, les États-Unis affirment imposer ces droits de douane, aussi bien à la Chine qu’au Canada et au Mexique, dans le but de lutter contre le trafic de fentanyl, un opioïde responsable de dizaines de milliers de décès chaque année chez l’Oncle Sam. Pékin a beau rappeler être l’un des pays les plus sévères au monde en matière de lutte antidrogue mais l’administration Trump estime que l’exemption des minimis a permis aux trafiquants de faire entrer du fentanyl sur le territoire américain. Une information que Reuters a confirmée dans une récente enquête.
L’annonce de l’USPS a créé la panique dans les entreprises chinoises et comme attendu, les plateformes de vente en ligne étaient les premières victimes. JD.com a perdu 5,25 % et Alibaba a reculé de 1,6 % à la bourse de Hong Kong. La question était désormais de savoir comment ces plateformes entendaient faire face aux nouveaux défis logistiques qui leur étaient imposés.
Quelques heures plus tard, les services postaux américains annonçaient qu’ils continuaient à accepter des colis venant de Chine et de Hong Kong. “Nous travaillons avec l'agence américaine des douanes et de la protection des frontières pour mettre en œuvre un mécanisme de collecte efficace des nouveaux tarifs chinois afin de garantir le moins de perturbations possible dans la livraison des colis", explique-t-on dans un communiqué.
De quoi supposer que la manière de collecter ces droits supplémentaires suite à la suspension de l’exemption de minimis est à l’origine de cette brève suspension des services postaux américains. La reprise de la livraison de colis provenant de Chine ne signifie ainsi pas la levée de la suspension de l’exemption des minimis. Les mesures américaines restent en vigueur.
Pékin a également annoncé de nouvelles restrictions à l’exportation des métaux et métalloïdes critiques, utilisés dans des secteurs allant de l’exploitation minière à l’aérospatial. “Les mesures prises par la Chine sont une action nécessaire pour défendre ses droits et intérêts légitimes” a encore affirmé Lin Jian.
Selon Reuters, aucune discussion ne semble prévue entre Donald Trump et Xi Jinping pour discuter de cette nouvelle guerre commerciale. Le président américain a déjà dit ne pas être “pressé” de parler à son homologue chinois.
En attendant, les colis de minimis sont regroupés afin que les douanes puissent dédouaner les colis par lot de centaines ou de milliers, en attendant la mise en place du système de collecte pour que les envois soient dédouanés individuellement.
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