La Cour de cassation rejette le pourvoi d’Alexandre Benalla, l’ancien chargé de mission à l’Elysée condamné à 3 ans de prison, dont un an ferme
Un chapitre est clos mais la saga Alexandre Benalla se poursuit. L’ancien chargé de mission à l’Elysée est définitivement condamné dans l'affaire des violences du 1er mai 2018. Six ans après, la Cour de cassation a rejeté mercredi 26 juin le pourvoi qu’il a formé. Alexandre Benalla écope ainsi de trois ans de prison, dont un an ferme. L’ancien proche du président Emmanuel Macron ne sera pas emprisonné, la cour d’appel de Paris ayant aménagé en septembre 2023 la partie ferme de sa peine pour la purger dans des conditions qui restent à déterminer par un juge d’application. Alexandre Benalla reste encore visé par trois enquêtes, dont une liée à des contrats avec des oligarques russes.
Un “observateur” en pleine action à la manif du 1e mai
Le 1 mai 2018, Alexandre Benalla, alors chargé de mission à l’Elysée et très proche collaborateur du couple Macron dont il est chargé de la sécurité, est filmé lors d’une manifestation en train de brutaliser des manifestants. Des vidéos montraient cet “observateur” équipé d’un casque de police et d’un brassard pour participer à l’interpellation de plusieurs personnes, maltraitant l’une d’entre elles au sol.
Patrick Strzoda, directeur de cabinet du chef de l’Etat, apprend la nouvelle et sanctionne Alexandre Benalla : mise à pied pour une quinzaine de jours avec rétrogradation, sans perte de salaire ni aucune poursuite judiciaire. L’affaire prend une autre tournure en juillet de la même année, lorsqu’il est identifié dans des vidéos diffusées ce mois-là. L’ancien membre de l’équipe de sécurité de la campagne de François Hollande est au cœur d’une polémique.
Déjà accusé d’avoir usurpé la fonction de police, il est mis en examen pour “violences en réunion n’ayant pas entraîné d’incapacité temporaire de travail”, “immixtion dans l’exercice d’une fonction publique en accomplissant des actes réservés à l’autorité publique”, “port et complicité de port prohibé et sans droit d’insignes réglementés par l’autorité publique”, “recel de violation du secret professionnel” et “recel de détournement d’images issues d’un système de vidéo protection”.
Cet ancien réserviste est licencié par l’Elysée et les procédures judiciaires s’accumulent. En septembre, Alexandre Benalla est entendu sous serment par la Commission des Lois du Sénat. Il sera soupçonné, en avril 2019, de “faux témoignage” au même titre que son acolyte, Vincent Crase, ancien gendarme présent lors de la manifestation du 1er mai.
Fin 2020, une autre affaire vient s’ajouter aux deux premières et porte cette fois-ci sur l’usage par l’ancien chargé de mission à l’Elysée de passeports diplomatiques après son renvoi et la réalisation de faux documents. Une année plus tard, soit le 13 septembre 2021, il répond aux accusations du tribunal de Paris dans l’affaire des violences ainsi que celle des passeports diplomatiques. Il sera condamné le 5 novembre à trois ans de prison, dont un an ferme sous bracelet électronique.
Peine confirmée mais pas de prison pour Benalla
Alexandre Benalla, qui dit avoir agi par "réflexe citoyen" pour stopper des "agresseurs" de policiers et qui regrette des "gestes techniques ratés”, fait appel. Un mois plus tard, il est placé en garde à vue avec son épouse dans le cadre d’une autre enquête. Il est soupçonné de corruption pour deux contrats signés avec des oligarques russes. M. Benalla "est entendu à propos de suspicions de blanchiment de fraude fiscale aggravée, de faux et usage de faux, d'abus de biens sociaux, de trafic d'influence et de corruption", explique-t-on.
Le premier contrat est signé par l’oligarque russe, Iskandar Makmudov, avec l’ex-acolyte de Benalla, Vincent Crase. L'enquête, menée par le Parquet national financier (PNF) et la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) entend éclaircir le rôle qu'aurait joué Alexandre Benalla, alors en poste à l’Elysée, dans la signature de ce contrat. Iskandar Makmudov aurait payé 294.000 euros. Le PNF et la BRDE s'intéressent également à un second contrat, signé avec un autre oligarque russe, Farkhad Akhmedov.
A ce propos, Alexandre Benalla a expliqué lors de son procès en septembre 2021 avoir fondé une société de conseil en sécurité avec cet homme d’affaires ainsi qu’un ancien sénateur, pour un montant de 353.000 euros déclarés au fisc.
En septembre 2023, il voit sa peine confirmée en appel pour “violences volontaires en réunion” et “immixtion dans la fonction de policier”. Il se pourvoit en cassation mais la Cour de cassation maintient mercredi 26 juin 2024 sa condamnation. L’ancien chargé de mission ne sera pas placé en détention puisque la cour d’appel de Paris avait aménagé sa peine de prison ferme. Un juge d’application des peines doit désormais déterminer les conditions dans lesquelles Alexandre Benalla doit purger la sienne.
L’ancien responsable de sécurité reste visé par d’autres enquêtes, dont une pour “entrave à la manifestation de la vérité”, dans laquelle il est soupçonné d’avoir dissimulé des preuves, et une autre pour des soupçons de faux témoignage devant le Sénat.
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