Nucléaire : La Mongolie annonce un accord avec Orano pour l’exploitation d’une mine d’uranium avec un investissement de 1,6 milliards d’euros

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France-Soir
Publié le 31 décembre 2024 - 11:00
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Retamal / AFP
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Une mine de perdue, une de retrouvée. Presque un mois après la perte du contrôle opérationnel de sa filiale au Niger, le groupe français Orano, spécialiste de l’uranium, a conclu un accord avec la Mongolie annonce le gouvernement d’Oulan-Bator. L’accord porte sur un projet d’exploitation d’une mine d’uranium dans la province de Dornogobi (sud-est) pour un investissement total de 1,6 milliard d’euros. Cette annonce intervient plus de 25 ans après le début des négociations et des explorations en Mongolie. 

Et ces négociations ne se sont pas déroulées sans polémique. Une vingtaine de jours avant la conclusion de cet accord, Areva, l’ancien géant du nucléaire, poursuivi par le tribunal de Paris pour corruption d’agents publics étrangers dans le cadre de ses activités minières en Mongolie entre 2013 et 2017, a accepté de payer une amende de 4,8 millions d’euros pour l’abandon des poursuites contre lui.  

Chassé du Niger, Orano mise sur la Mongolie 

Cette affaire implique aussi la société Orano Mining, qui doit prendre en charge un programme de mise en conformité de 1,5 million d’euros. L’amende, validée le 09 décembre dernier par le tribunal de Paris, faisait suite à une enquête de l’Office anticorruption (Oclciff), lancée en 2015. Les soupçons concernaient un versement de 1,275 million d’euros à un homme d’affaires mongol entre 2014 et 2015, par la société Eurotradia international, autre accusée dans l’affaire. 

Areva a été démantelé entre 2016 et 2018 et ses activités ont été réparties entre différentes entités, comme Framatome (repris par EDF) pour la conception et la construction de réacteurs, une structure de défaisance nommée Areva S.A, qui est en charge de payer cette amende et gérer les activités à risque, ou encore Orano qui a repris le cycle du combustible. 

Le géant français de l’uranium traverse à son tour une zone de turbulences. Début décembre déjà, Orano a affirmé que les autorités nigériennes avaient "pris le contrôle opérationnel" de sa filiale minière au Niger. Après le putsch de juillet 2023, le régime militaire qui a pris le pouvoir a fait de la souveraineté sa priorité, notamment sur la question de son uranium.  

La France, de par son passé colonialiste dans ce pays ainsi que par sa politique africaine plus que désastreuse sous l’ère Macron, s’est alors vu entraînée dans un bras de fer avec la junte au pouvoir, qui a également exigé le départ des troupes françaises.  

Bien que le conseil d'administration de la Somaïr, la Société des mines de l'Aïr, soit détenu à 64,3% par Orano et 36,6% par l'Etat du Niger, le régime a d'abord retiré au géant français son permis d'exploitation du méga gisement d'Imouraren et ses réserves estimées à 200.000 tonnes.  

Puis fin octobre, la société française avait annoncé que face à une situation "fortement dégradée", sa filiale allait "suspendre" sa production à partir du 31 octobre, faute de pouvoir "continuer à travailler" dans le pays. Début décembre, Orano révèle que “les décisions prises lors des conseils d’administration de la société ne sont plus appliquées et, de fait, Orano constate aujourd’hui que les autorités nigériennes en ont pris le contrôle opérationnel", poursuit-il.  

13,5 milliards de dollars à l’horizon 2060 

Le Niger représentait environ 15 % des volumes d’approvisionnement d’Orano en 2023 et cet épisode a accéléré la diversification par Paris de ses sources d’approvisionnement pour sécuriser son approvisionnement en uranium. 

Oulan-Bator a annoncé vendredi avoir conclu un accord avec le groupe minier français. Le projet est désormais discuté au Parlement mongol.  

Cet accord porte sur un projet d’exploitation d’une mine d’uranium, élément utilisé comme combustible dans les centrales nucléaires. Il s’agit de la mine Zoovch Ovoo, située dans la province de Dornogovi, dans le sud-est du pays, et qui a fait l’objet, en octobre 2023, d’un protocole d’accord signé à Paris en présence des présidents des deux pays.  

L’investissement total s’élèverait à 1,6 milliard d’euros, avec un premier seuil à 500 millions. Le projet comporte une phase préparatoire qui irait jusqu’en 2027 puis l’exploitation s’étalerait de 2028 à 2060, suivie par dix ans de réhabilitation du site. Il est attendu de celui-ci un chiffre d’affaires de 13,5 milliards tout au long de son exploitation. 

Oulan-Bator pourrait devenir le 6e producteur mondial d’uranium avec des réserves estimées à 192 000 tonnes. “Cet accord marque aussi un nouveau chapitre dans les relations économiques franco-mongoles dans le domaine de la transition énergétique”, souligne le gouvernement mongol.  

Autrefois géant mondial du nucléaire, Areva a connu une chute spectaculaire due à une série de facteurs, qui l’a contraint à une restructuration majeure. Le déclin du marché après Fukushima, l'échec coûteux de l'acquisition d'UraMin qui donne lieu à un scandale politico-financier, les retards et surcoûts de l'EPR, ainsi que des relations tendues avec EDF ont conduit à des pertes financières massives.   

Sa réorganisation a entraîné la vente de plusieurs parties de la filière nucléaire française, compromettant ainsi la continuité et la maîtrise complète de la chaîne, de l'extraction à l'enfouissement. 

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