Grève à la SNCF : le bout du tunnel semble encore loin

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 06 juin 2016 - 19:11
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Des grévistes de la CGT Cheminots le 1er juin 2016
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©Jeff Pachoud/AFP
Le trafic SNCF restait très perturbé ce lundi, à quatre jours du début de l'Euro de football.
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La fronde sociale menace toujours l'Euro à quatre jours du coup d'envoi alors qu'à la SNCF, direction et syndicats ont entamé lundi d'ultimes négociations sur le temps de travail, au sixième jour d'une grève que l'exécutif n'arrive pas à stopper.

Pour la sixième journée consécutive, mais la treizième fois depuis début mars, les usagers SNCF devaient s'armer de patience: le trafic restait très perturbé ce lundi 6, notamment sur les Intercités (un sur trois prévu) et les Transiliens (un sur deux), ces derniers étant touchés aussi par les crues. Côté TGV et TER, six trains sur dix devaient circuler en moyenne.

La SNCF évalue à "plus de 20 millions d'euros par jour" le coût de cette grève qui, d'après la direction, n'était plus suivie ce lundi matin que par 8,5% des personnels, tous métiers confondus, contre 10,5% vendredi. Mais la CGT recensait, elle, 30% de salariés mobilisés, et même 50% des conducteurs. Cette grève est portée par la CGT-Cheminots et SUD-Rail, deux syndicats moteurs de la contestation de la loi travail.

Les opposants au texte entendent croiser le fer jusqu'à la journée de manifestation nationale du 14 juin à Paris. A Montreuil, certains d'entre eux ont bousculé dans la matinée le ministre de l'Economie, qui a essuyé des jets d'œufs. Emmanuel Macron a dénoncé des "comportements inacceptables" de la part d'"agitateurs professionnels".

Salariés des centres de déchets, raffineries et terminaux pétroliers étaient encore mobilisés lundi pour dire "non" au texte de la ministre du Travail, Myriam El Khomri. A Air France, pour des revendications propres, les pilotes ont aussi déposé des préavis de grève du 11 au 14 juin.

"Personne ne comprendrait que les trains ou les avions (...) puissent empêcher le bon déroulement" de l'événement, a déclaré le président de la République dimanche, alors qu'une majorité de Français (54%) désapprouvent désormais ces grèves et manifestations. En vain, le gouvernement a invoqué ces derniers jours la "solidarité" face aux intempéries pour demander l'arrêt de cette grève "incompréhensible".

"On veut que ça monte encore", a répliqué lundi matin Eric Santinelli, porte-parole de SUD-rail, depuis Marseille où des militants du syndicat ont organisé un barrage filtrant à l'entrée du siège régional de la SNCF. D'après la CGT-Cheminots et SUD-rail, les assemblées générales ont toutes voté la reconduction de la grève à mardi.

A l'appel des deux syndicats, plusieurs centaines de cheminots ont bruyamment manifesté à la mi-journée sous les fenêtres des négociateurs, près de la gare Montparnasse, a constaté l'AFP (près de 2.000 selon la CGT).

"Pepy, ta réforme, quelle Khomri", proclamait une banderole. En marge de ce rassemblement, des cheminots ont envahi la gare avec des fumigènes et certains sont allés sur les voies, entrainant une interruption du trafic pendant près d'une demi-heure.

A la table-ronde direction-syndicats, "la négociation bat son plein", selon une source proche de la SNCF, qui évoque un travail "d'ajustement". L'entreprise souhaite ouvrir à la signature son projet de réorganisation du temps de travail en fin de journée.

Mais selon la CGT-Cheminots, les discussions avancent lentement et n'avaient pas encore abordé l'article 49, consacré aux possibilités de déroger localement par accords aux règles de travail négociées.

La CGT-cheminots et SUD-rail demandent aussi la réouverture des discussions de branche sur une convention collective commune au secteur du rail, qu'ils jugent trop peu "ambitieuse" pour écarter les risques de dumping social.

Après une reprise en main le week-end dernier du dossier par l'exécutif, qui a forcé le président de la SNCF Guillaume Pepy à conforter l'essentiel du régime de travail actuel des agents SNCF et renoncer à d'importants gains de productivité, la CFDT et l'Unsa sont sorties du mouvement et leur signature ne fait guère de doute.

L'issue du conflit repose essentiellement sur la CGT-Cheminots, le premier syndicat à la SNCF, qui a le pouvoir de faire retoquer les deux projets d'accords (d'entreprise et de branche) en exerçant son droit d'opposition avec SUD (et FO au niveau de la branche).

Mais la CGT-cheminots ne dévoilera pas sa position lundi soir. "On prendra le temps nécessaire pour évaluer les choses", a dit à l'AFP son porte-parole.

 

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