Émeutes : Macron songe à une coupure des réseaux sociaux, "comme la Chine, l'Iran et la Corée du Nord" ?

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France-Soir
Publié le 06 juillet 2023 - 09:30
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F. Froger / Z9, pour France-Soir
Le chef de l’État s’est félicité de ne pas avoir eu à "couper" ces plateformes à "chaud".
F. Froger / Z9, pour France-Soir

CENSURE - Emmanuel Macron en remet une couche. À peine une semaine après avoir réuni les responsables en France des réseaux sociaux, le président de la République a ouvertement évoqué, avant-hier, mardi 4 juillet, la possibilité de "couper les réseaux sociaux" si "les choses s’emballent", en référence aux émeutes et violences urbaines survenues après la mort de Nahel à Nanterre. Une déclaration qui indigne les internautes, qui soupçonnaient déjà une censure, mais également des opposants politiques. Le chef de l’Élysée, qui se "félicite" de ne pas en être déjà arrivé là, ira-t-il jusqu’au bout ? Comme le font remarquer certaines personnalités politiques, une telle mesure fera entrer la France dans un cercle "fermé" dans lequel figurent des pays comme l’Iran, le Venezuela ou encore le Myanmar, réputés pour leur répression de l’opposition en recourant à des coupures du réseau Internet ou des réseaux sociaux.  

Emmanuel Macron rencontrait mardi les maires de près de 300 communes concernées par les émeutes qui ont secoué plusieurs villes de France. Quelques jours après avoir partiellement imputé aux réseaux sociaux la recrudescence de la violence, il a évoqué, selon les déclarations de plusieurs maires, la possibilité de "les réguler ou les couper", surtout si "les choses s’emballent". "Nous avons besoin d’avoir une réflexion sur les réseaux sociaux, sur les interdictions qu’on doit mettre. Et, quand les choses s’emballent, il faut peut-être se mettre en situation de les réguler ou de les couper", a-t-il déclaré

"Comme la Chine, l'Iran et la Corée du Nord ?"

Le chef de l’État, qui s’est félicité de ne pas avoir eu à "couper" ces plateformes à "chaud", y compris lors des pics de violences, a appelé à un débat "froid" sur la question. "Je pense que c'est un vrai débat que l'on doit avoir, à froid. Parce que quand ça devient un instrument de rassemblement ou pour essayer de tuer, c'est un vrai sujet", a-t-il ajouté.  

Ses déclarations ont vite fait réagir la scène politique, du côté des personnalités de droite comme celles de gauche. Olivier Marleix, député d’Eure-et-Loir et président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, Éric Bothorel, député Renaissance des Côtes-d’Armor, Manuel Bompard, député France Insoumise de la 4ème circonscription des Bouches-du-Rhône ou encore Nicolas Meizonnet, député Rassemblement national de la 2ᵉ circonscription du Gard font tous un parallèle entre la France et certains pays habitués à couper Internet ou l’accès aux réseaux sociaux.

"Couper les réseaux sociaux ? Comme la Chine, l’Iran, la Corée du Nord ?", lit-on chez M. Marleix. "C'est quand même chaud ce qui se passe au Venezuela", ironise La France Insoumise (LFI) dans un tweet.  

Ces pays sont très critiqués pour leurs systèmes dictatoriaux, leurs violations des droits de l’Homme, leur répression de l’opposition ou encore pour leurs méthodes de museler la liberté d’expression, y compris sur Internet.

En 2019, confronté à des manifestations importantes contre l’augmentation du prix du carburant, le pouvoir iranien avait instauré un black-out pendant plus d’une semaine. Une méthode, détectée par NetBlocks, une organisation britannique spécialisée dans la cybersécurité et la gouvernance d’Internet, à laquelle l’Iran a encore eu recours lors des dernières révoltes qui ont secoué le pays en décembre 2022, en raison de la mort de Mahsa Amini entre les mains de la police.  

Au Venezuela, c’est lors de la crise présidentielle en 2019 qui a opposé Nicolas Maduro à Juan Guaidó, reconnu par plusieurs pays occidentaux, dont la France, que des black-out informatifs et restrictions d’accès aux réseaux sociaux, ont été constatés.

En Russie, les cas les plus récents ont eu lieu peu avant et après son invasion de l’Ukraine, avec l’interdiction de Facebook, Instagram au début 2022 puis la restriction d’applications de messagerie, comme WhatsApp, Telegram et Snapchat, à partir de mars 2023. La Turquie a aussi eu recours à une coupure du réseau Internet en 2016, suite à la tentative de coup d’État contre Teyyip Erdogan, visant certains réseaux sociaux.  

Christophe Béchu nuance les propos de Macron 

En Chine, où le contrôle du réseau Internet est considéré parmi les plus avancés dans le monde, les autorités se basent sur des lois et des réglementations pour obliger les fournisseurs d’accès à couper le réseau. Le gouvernement défend son droit à gouverner Internet dans ses frontières et selon ses lois, se dotant même d’un Intranet national pour arriver à ses fins.  

La liste des pays à procéder à ce genre de "censure" à but politique qui cible le web ou des réseaux sociaux ne s’arrête pas là. Citons également l’Équateur, l’Égypte, le Soudan, la Mauritanie, l’Irak, le Bénin, le Gabon, le Sénégal, l’Algérie ou encore d’autres pays asiatiques, comme le Myanmar (Ex-Birmanie), le Sri Lanka, le Pakistan ou l’Indonésie. L’objectif, généralement, est de museler l’opposition, empêcher des appels à manifester ou la diffusion de contenus démontrant la répression.  

Les réactions des internautes tout comme celles des personnalités politiques, qui font le parallèle entre la France et ces pays, a fait réagir le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu. Invité sur le plateau de LCI, il a nuancé ce mercredi 5 juillet 2023 les déclarations du président de la République.

"Ce n’est pas l’annonce d’une loi de censure, en aucune manière. Ce n’est ni l’esprit ni les propos" du chef de l’État, a-t-il affirmé. De son avis, Emmanuel Macron entendait juste "sonner l’alerte" et "tirer des leçons" du rôle des réseaux sociaux dans les émeutes, pour "légiférer ou prendre des dispositions". De fait, ces dernières heures, le gouvernement mise plutôt sur la législation européenne pour encadrer les réseaux sociaux et leurs contenus.

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