Les Bronzés du 77 - Les maraudes de France-Soir épisode 010

« Dans le Rhône et l'Essonne, on chassait les abbés » (1), nous affirme, fervent, un Michel Sardou professeur putatif dans « Les 2 écoles. » 

Et il a raison : il y a deux écoles. Une première école qui enseigne (à juste titre) que trop de soleil peut gravement nuire à la santé. Et il y en a une autre. Une seconde école dont le groupe français « Au P'tit Bonheur » s'est fait le porte-parole, par la voix de Jamel Laroussi, son chanteur, à travers la chanson qui a fait leur renommée (sortie en 1991) : « J' veux du Soleil ! » 

Et en Seine-et-Marne, la préférence va très nettement en faveur de cette seconde école. En ferveur, devrais-je plutôt dire, en tout cas en ce qui concerne ceux des habitants de la région parisienne qui, en été, viennent y passer leurs vacances. Et idem pour ceux qui viennent y travailler en saisonniers. 

En effet, nombreux sont les habitants du 91, du 92, du 93 et du 94, à venir en Seine-et-Marne en été, en vacances ou pour travailler. Une semaine ou deux, généralement, parfois plus, pour les premiers (2), et pour les autres, principalement, les deux mois d'été. (3) 

Or, plus encore que ceux d'une région, comme dans le sud-est, où le soleil brille une grande partie de l'année, les habitants de la région parisienne aspirent à ce qu'il fasse beau, que le soleil flamboie, lorsqu'ils sont en vacances. 

Et on les comprend ! Le soleil est quasiment la condition sine qua non pour pouvoir profiter pleinement de l'attraction phare des centres de vacances d'été : les jeux d'eau. Toboggans aquatiques en tête, évidemment, et pour les piscines en extérieur et les activités ludiques qui y sont pratiquées, ainsi que pour les traditionnelles parties de pétanque et les barbecues, deux institutions en France. 

Sur ce point, ce ne sont pas les vacanciers et les saisonniers du « Cap Fun » de Tournan-en-Brie (77) qui me contrediront. Loin s'en faut. 

J'y étais le week-end dernier, je peux vous en parler. La preuve : je vous en parle. 

Un élément est à saluer tout particulièrement. L'esprit bon enfant qui habite ceux qui sont venus là pour passer leurs vacances d'été en famille, habite également ceux qui, en guise de congés payés, s'offrent deux mois de travail. Les deux mois de travail saisonnier que ces jeunes gens exercent ici, en tant qu'animateurs, cuistots, plongeurs, barmans, serveurs, maîtres-nageurs, agents de sécurité, jardiniers, agents d'entretien, voituriers, etc. Bref, tous les emplois nécessaires à faire fonctionner un centre de vacances d'été classique. « Sans oublier bien sûr le monsieur qui s'occupe du flipper », me souffle un petit garçon de six ans qui s'est régalé à y jouer de longues séances durant, car ma foi il est sacrément doué pour son âge, le Jahyan (4). Amorties, passes, fourchettes, bourrages maîtrisés (pour éviter le tilt), tirs de précision, stratégie et tutti quanti : la panoplie complète du professionnel dans les 22 kilos de cet être humain en herbe. Corynne Charby en est restée bouche bée. (5) 

Si je dis « jeunes » gens, concernant ces travailleurs saisonniers, c'est parce que, sans jeu de mots, dans « leur grande majorité » il s'agit d'hommes et de femmes tout juste sortis de la minorité légale. Des étudiants essentiellement, venus là gagner un peu d'argent (plus de menus avantages en nature), et, accessoirement, pour passer autant que faire se peut du bon temps. 

Car c'est la vérité. Malgré la dépense physique indéniable que cela demande, et un temps de travail supérieur au maximum fixé par la loi pour les emplois non-saisonniers, il y a des métiers plus durs. Plus éprouvants, et à la fois moins agréables et moins gratifiants. 

Diable ! C'est un plaisir palpable qu'affichent ces jeunes gens, chacune des fois, où, durant ce travail pour lequel ils sont payés, ils profitent, de la satisfaction, d'apporter aux visiteurs, grâce à leurs petites attentions, de grands moments de bonheur. 

Et, en super bonus cette fois, visiblement ces travailleurs saisonniers s'entendent pareillement très bien entre eux, quelque part c'est un peu « en famille », eux aussi, qu'ils passent ici la saison estivale. 

Donc autant pour tous ces sympathiques et joyeux jeunes travailleurs, que pour tous les visiteurs, comme « Dans le Lot-et-Garonne », où jadis « on priait la Madone », implorons la déesse météo : s'il vous plaît, Madame, faites que le soleil, lui, ne parte pas en vacances cet été. Faites qu'il brille, radieux, dans le ciel de la Seine-et-Marne. 

1) et « Dans le Lot-et-Garonne, on bouffait du curé. » 
2)  certains davantage. Question de budget. 

3) en Seine-et-Marne, les centres de vacances sont le principal secteur d'activités, pour ce qui est des emplois saisonniers. Et bien qu'il arrive que l'offre propose de pouvoir postuler uniquement pour le mois de juillet ou pour le mois d'août, dans la plupart des cas, saisonniers et employeurs privilégient l'option « contrat pour les deux mois d'été. » 

4) une fois n'est pas coutume, le prénom n'a pas été changé. C'est le coucou que je lui adresse céans. 

5) chanteuse et actrice, Corynne Charby (de son vrai nom Corinne Charbit) est la très jolie interprète de  « Boule de flipper », son plus grand succès dans la musique.  

Actrice, son rôle le plus connu est dans le film La Chèvre (1981), où elle incarne la jeune femme poissarde à donf qui est recherchée par Pierre Richard et Gérard Depardieu.