Réveille-toi, Roumanie ! George Simion et Ana Maria Gavrilă défient l’ombre d’un coup d’état électoral


Une crise démocratique en Roumanie
Depuis l’annulation controversée des élections présidentielles roumaines de décembre 2024, la Roumanie traverse une crise démocratique majeure. Le candidat indépendant Călin Georgescu, qui avait remporté le premier tour avec 22,9 % des voix, a vu sa victoire annulée par la Cour constitutionnelle roumaine (CCR) en raison d’allégations d’ingérence russe, notamment via une campagne TikTok financée illégalement par des acteurs étrangers. Cette décision, soutenue par des rapports déclassifiés du Conseil suprême de défense nationale roumain (CSAT), a soulevé des accusations d’un « coup d’État » orchestré par une élite politique et un « deep state » pour empêcher une voix souverainiste et patriote d’accéder au pouvoir.
Le 9 mars 2025, le Bureau électoral central (BEC) a rejeté la candidature de Georgescu pour les nouvelles élections présidentielles prévues les 4 et 18 mai 2025, invoquant des raisons techniques et juridiques. Cette décision, critiquée comme arbitraire et politisée, a déclenché une vague de protestations massives à Bucarest et dans d’autres villes, ainsi qu’une mobilisation sans précédent des soutiens de Georgescu, y compris des membres de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) et du Parti des Jeunes (POT). La CCR a décidé négativement sur l’appel de Georgescu projetant la nécessité de trouver un nouveau candidat pour remplacer Georgescu.
Cette séquence d’événements a alimenté un sentiment de défiance envers les institutions démocratiques roumaines, avec des accusations de manipulation par un système judiciaire corrompu et des pressions externes, notamment de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, pour maintenir un statu quo prooccidental. Ce jour, ce sont deux candidats, Ana Maria Gavrilă (POT) et George Simion (AUR) qui ont décidé de se présenter – Il y a urgence afin qu’ils obtiennent les signatures nécessaires pour être sur les listes électorales.
Qui est George Simion ?
George Simion, 38 ans, est une figure clé de la politique roumaine, leader et président de l’Alliance pour l’Union des Roumains (AUR), un parti souverainiste et nationaliste fondé en 2019. Ancien candidat indépendant aux élections européennes de 2019, où il a obtenu 1,3 % des voix, Simion s’est imposé comme une voix de l’opposition souverainiste, défendant l’unité des Roumains, notamment en Transnistrie et en Moldavie, et critiquant l’influence de l’UE et de l’OTAN. Lors des élections présidentielles de 2024, il avait terminé quatrième avec 13,9 % des voix, avant d’apporter son soutien à Călin Georgescu pour le second tour, qui n’a jamais eu lieu en raison de l’annulation.
Simion est également vice-président du groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) au Parlement européen. Il est perçu comme un leader charismatique, mais controversé, accusé par certains d’avoir des sympathies prorusses, bien qu’il se positionne comme un patriote roumain défendant la souveraineté nationale.
Qui est Ana Maria Gavrilă ?
Ana Maria Gavrilă, née le 15 octobre 1983, est une politicienne roumaine et présidente du Parti des Jeunes (POT), qu’elle a fondé en 2023. Ancienne membre de l’AUR jusqu’en 2021, elle siège à la Chambre des députés depuis 2020. Âgée de 41 ans, Gavrilă est une alliée clé de Georgescu et de Simion, partageant leurs idéaux souverainistes et leur opposition à l’establishment politique roumain. Elle est considérée comme une figure montante du mouvement nationaliste, bien que son parti, POT, soit plus petit et moins influent que l’AUR.
Pourquoi se présentent-ils ?
George Simion et Ana Maria Gavrilă ont décidé de se présenter aux élections présidentielles de mai 2025 à la demande de Călin Georgescu, après le rejet de sa candidature par le BEC. Simion a déclaré dans une vidéo diffusée le 12 mars 2025 par Mario Nawfal sur X : « Le peuple roumain a été privé de sa démocratie. Après l’annulation frauduleuse des élections de décembre 2024, nous aurions dû revenir à un second tour équitable. Mais, non, le coup d’État a continué. » Il affirme que leur candidature vise à garantir une représentation du mouvement souverainiste et à empêcher le « système » de museler les voix patriotiques.
Si leurs candidatures sont validées, le candidat le mieux placé dans les sondages poursuivra la course. Leur objectif commun est de « restaurer la liberté, la démocratie et les droits de Călin Georgescu », comme l’a souligné Simion, tout en luttant contre ce qu’ils perçoivent comme une dictature judiciaire et une ingérence étrangère.
Quelles sont les conditions pour qu’ils soient éligibles ?
Pour être éligibles, George Simion et Ana Maria Gavrilă doivent remplir les conditions constitutionnelles roumaines pour la présidence : être citoyens roumains, avoir au moins 35 ans, résider en Roumanie, et ne pas avoir été condamnés pour des crimes graves. De plus, ils doivent recueillir un nombre minimum de signatures d’électeurs (200 000 signatures d’ici au 19 mars 2025, selon Simion) et obtenir l’approbation du BEC et, le cas échéant, de la CCR. La mobilisation actuelle, décrite par Simion comme « incroyable », montre des files d’attente pour signer, mais la menace d’une disqualification par les autorités reste omniprésente.
Quels engagements prennent-ils ?
Dans son message, George Simion s’engage à « restaurer la liberté et les droits de Călin Georgescu » en tant que futur président de la Roumanie. Il promet de défendre la souveraineté nationale, de lutter contre l’influence de l’« État profond » et des institutions internationales perçues comme oppressives, et de garantir des élections libres sous supervision internationale, comme le revendique également le candidat Anton Pisaroglu. Simion et Gavrilă s’inscrivent dans une vision souverainiste, appelant à une mobilisation massive des Roumains, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, pour défendre la démocratie.
La mobilisation du peuple : le message urgent de George Simion
George Simion a lancé un appel désespéré à la mobilisation dans sa vidéo : « Nous devons recueillir 200 000 signatures d’ici vendredi [14 mars 2025], mais les choses avancent comme jamais auparavant, avec une mobilisation incroyable. Les gens attendent en file pour signer. La bataille est de s’assurer qu’ils ne me bannissent pas – la dernière date pour cela est le 19 mars, mercredi prochain. » Cette course contre-la-montre illustre l’urgence de la situation et la détermination des souverainistes à contrer les décisions du BEC et de la CCR.
Réactions en Roumanie
En Roumanie, les réactions sont marquées par la colère et la mobilisation. Des milliers de manifestants, notamment des supporters de Georgescu, de l’AUR et de POT, ont affronté la police à Bucarest après le rejet de la candidature de Georgescu, provoquant des violences et des arrestations. Les réseaux sociaux, notamment X, sont en ébullition, avec des accusations d’un « coup d’État » et des appels à la résistance. Les partis d’opposition et les citoyens ordinaires dénoncent une dérive autoritaire, tandis que le gouvernement et les institutions maintiennent leur position, affirmant respecter la légalité.
Réactions internationales
Sur la scène internationale, le groupe des Conservateurs et Réformistes européens (ECR) a condamné le blocage de Georgescu, qualifiant cette décision d’« attaque flagrante contre la démocratie ». Cependant, l’Union européenne et la France, notamment le président Emmanuel Macron, sont restés silencieux face à cette crise. Cette absence de réaction a suscité des critiques acerbes, notamment de la part des souverainistes roumains, qui y voient une complicité implicite avec les élites pro-UE et pro-NATO. Aux États-Unis, certains observateurs, comme des utilisateurs de X, ont exprimé leur surprise face au manque de réaction de l’administration Trump, bien que des figures comme Mario Nawfal aient relayé l’information à une audience mondiale.
L’impact sur la démocratie occidentale
La crise roumaine a des répercussions potentielles sur la démocratie occidentale. Si les accusations d’ingérence russe et de manipulation électorale sont fondées, elles soulignent la vulnérabilité des démocraties face aux campagnes de désinformation et aux pressions géopolitiques, notamment de la Russie. Cependant, le blocage de Georgescu et la répression des voix souverainistes sont perçus par beaucoup comme une atteinte aux principes démocratiques fondamentaux, tels que le droit de vote et la liberté d’expression. Cet épisode pourrait inspirer des mouvements similaires dans d’autres pays européens, alimentant les tensions entre souverainistes et élites globalistes, et menaçant la stabilité de l’UE et de l’OTAN.
Le premier verset de l’hymne roumain
Pour conclure, rappelons le premier verset de l’hymne national roumain, « Deșteaptă-te, române ! » (Réveille-toi, Roumain !), qui résonne avec la mobilisation actuelle :
« Deșteaptă-te, române, din somnul de moarte, În care te-adânciră barbarii de tirani ! »
« Réveille-toi, Roumain, du sommeil de la mort,
Dans lequel t’ont plongé les barbares tyrans ! »
George Simion et Ana Maria Gavrilă sont bien déterminés à réveiller les Roumains de ce sommeil de la mort électorale du candidat favori Câlin Georgescu dans lequel l’ont plongé les magistrats roumains – Coupable avant d’être jugé.
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