Le maire de Londres veut "construire encore plus" de logements face à une "demande énorme"


"Construire un nombre record de nouveaux logements": tel est l'objectif du maire de Londres Sadiq Khan, qui cherche des investisseurs pour bâtir avec une dose de social, en pleine crise profonde du logement.
Depuis les jeux Olympiques, et leur grand nettoyage, la paupérisation de la capitale britannique est allée bon train.
Londres est devenue une des capitales les plus chères du monde, non seulement y vivre coute cher, mais s'y loger est inabordable.
"Rien ne se substitue à la construction de nouveaux logements", a estimé le maire de la capitale britannique lors d'un entretien à l'AFP en marge du salon Mipim (marché international des professionnels de l'immobilier) de Cannes.
"Nous construisons plus de logements abordables et plus de logements que jamais depuis les années 1970, mais ce n'est pas suffisant. Nous devons construire encore plus", assure le maire travailliste, réélu en mai dernier pour un troisième mandat, avec un grand aplomb.
En lien avec le projet du gouvernement travailliste de Keir Starmer de créer 1,5 million de logements dans l'ensemble du Royaume-Uni d'ici 2029, l'objectif à Londres est de "construire 88.000 logements par an", indique Sadiq Khan. "La dernière fois que nous avons construit 80.000 logements, c'était en 1934, donc ça n'est jamais arrivé" de construire autant, ajoute-t-il.
Et pour y arriver, le maire est venu au Mipim pour rechercher des investisseurs étrangers.
Il a lancé, lundi lors d'une conférence, un appel aux investisseurs pour "fournir aux Londoniens les logements abordables dont ils ont désespérément besoin".
Dans son "London Plan", qui définit les règles d'urbanisme et d'aménagement de la ville, Sadiq Khan ne bride pas les investisseurs, mais les "encourage à faire des bénéfices et à construire des logements à vendre", tout en imposant un quota de "35% de logements abordables", dont la construction est aidée via une subvention.
"Et ça marche", assure-t-il, prenant pour preuve le nombre record de logements sociaux construits, "mais ce n'est toujours pas suffisant parce que la demande est énorme", déplore l'édile.
- Ne pas devenir "anti-touristes" -
La crise du logement à Londres, comme ailleurs au Royaume-Uni et dans d'autres villes européennes, prend racine dans la croissance démographique qu'a connue la capitale britannique, qui compte désormais près de 8,9 millions d'habitants.
"Aucun problème" à cette augmentation de la population, pour Sadiq Khan, "tant que vous planifiez la croissance : construire plus de logements, augmenter l'offre, tout en essayant d'assurer le contrôle des montants de loyers que les gens paient".
Il n'en reste pas moins qu'au Royaume-Uni, depuis plusieurs années, l'offre ne parvient pas à répondre à la demande croissante, ce qui a fait grimper les prix. Face à ce manque de logements abordables, devenir propriétaire est hors de portée pour de nombreux Britanniques, en particulier les jeunes.
Le nombre de personnes dormant dans la rue a progressé de 20 % en Angleterre en 2024, et un tiers des sans-abri se trouvent à Londres, selon la municipalité.
Dans ce contexte, "vous ne pouvez pas vous permettre de perdre des logements", ajoute Sadiq Khan. Or, "le nombre de logements qui vont à la location pour des vacances est supérieur au nombre de logements en construction", selon le maire de Londres.
Il voit dans cette situation, liée au développement des plateformes de location touristique comme Airbnb, "un gros problème" et souhaite éviter "que les Londoniens deviennent anti-touristes ou anti-développement".
"C'est pourquoi il est important de réglementer ce marché", estime Sadiq Khan. Malgré la restriction à 90 nuitées par an pour la location touristique courte durée, via Airbnb ou autres plateformes, "personne ne tient de vrais registres" de ce décompte, donc la réglementation peine à être appliquée.
Le maire de la capitale réclame un réel suivi des nuitées, la coopération des plateformes, des marges de manœuvre pour agir au niveau de la mairie, via des amendes notamment.
Il demande aussi au gouvernement la possibilité de "contrôler les loyers" des Londoniens, qui ont progressé de 11,6 % en 2024. "Je pense que les loyers sont trop élevés. J'aimerais créer une commission pour examiner quel devrait être le niveau adéquat et regarder ce qui se passe à Paris, Vienne ou Berlin".
Cela s'ajouterait à des mesures prévues dans une réforme des droits des locataires, à l'initiative des conservateurs et actuellement examinée par le Parlement britannique.
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