La BCE annonce 8 milliards d’euros de déficit pour 2024, un record qui pourrait se creuser les prochaines années

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France-Soir
Publié le 24 février 2025 - 13:20
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Kudryavtsev / AFP
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La BCE plonge dans le rouge : un déficit annoncé, aussi prévisible qu’inévitable eu égard de sa politique monétaire. La mère des banques centrales européennes a annoncé jeudi 20 février 2025 une perte nette de près de 8 milliards d’euros en 2024. Les charges d’intérêts ont dépassé les intérêts perçus. La Banque centrale européenne, dirigée par Christine Lagarde, que ses employés jugeaient mauvaise banquière, a multiplié entre la fin 2023 et 2024 les hausses de ses taux directeurs.  

Depuis juillet 2022, quelques mois après le début de la guerre en Ukraine, la BCE a commencé à relever ses taux d'intérêt directeurs pour lutter contre l’inflation et la faire reculer de presque 10% à des seuils proches de 2%, objectif fixé par les traités européens. 

Cette fois-ci, pas de provision 

Les taux directeurs sont des prix à court terme, fixés par les banques centrales et utilisés pour piloter la politique et contrôler la masse monétaire d’un pays. Le premier de ces outils est le taux de refinancement, qui permet aux banques commerciales d’emprunter des liquidités. Le deuxième est le taux de rémunération des dépôts qui rémunère les réserves des banques commerciales et le troisième est le taux du prêt marginal, qui permet aux banques d’augmenter les crédits aux ménages et aux entreprises. 

Le point culminant de ces hausses intervient en septembre 2023, lorsque la BCE augmentait ses taux pour une dixième fois consécutive avec un seuil historique de 0,25%, le plus élevé depuis 1999.  

L’année dernière, l’institution européenne a baissé ses taux pour reprendre en main une croissance économique morne après avoir jugé l’inflation maîtrisée. Mais si en 2023, le déficit a pu être ramené à 1,3 milliard en net grâce à une provision pour risques de 6,62 milliards d’euros, ce nouveau plongeon ne peut être amorti par aucun coussin financier.  

D'après son communiqué, la BCE a essuyé une perte nette de 7,94 milliards d'euros en 2024. Le déficit va se résorber, tente-t-elle de rassurer, mais cela prendra des années.   

Le relèvement successif des taux a provoqué “une augmentation immédiate des charges d'intérêts” payées aux banques centrales, explique encore la BCE. Ces charges ont atteint 15,7 milliards d'euros en 2024 contre 14,2 milliards en 2023. 

Or, les intérêts versés sur les actifs de la BCE “n’ont pas progressé dans les mêmes proportions”. De ce fait, aucun bénéficie ne sera distribué aux banques centrales de la zone euro pour l’exercice de 2024.  

Quant à la baisse des taux directeurs, Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, explique que ce cycle touche à sa fin. “Nous nous rapprochons du moment où nous pourrions devoir faire une pause ou arrêter de baisser les taux (...) Nous devons entamer cette discussion”, a-t-elle expliqué dans une interview au Financial Times.  

Les banques centrales nationales impactées 

La BCE avait bien évoqué lors de sa dernière réunion la possibilité d'autres baisses de taux cette année. Mais Isabel Schnabel poursuit que les données montrent que le degré de restriction a considérablement diminué. Cela signifie que l'impact des taux d'intérêt élevés sur l'économie se réduit. 

Quelle est la conséquence de ce déficit pour les États membres de l’UE ? Comme mentionné, aucun dividende ne sera versé aux banques centrales nationales, ce qui pourrait impacter les budgets annuels de l’État. La Bundesbank allemande devrait accuser la perte la plus lourde parmi les 20 banques centrales de l'Eurosystème, avec un lourd impact sur son bilan. De son côté, la Banque nationale belge a déjà annoncé une perte de 3,7 milliards d'euros pour l'exercice 2024. 

Une politique monétaire qui ne doit pas ravir ces États membres mais qui ne satisfait pas non plus le personnel de la BCE, à se référer à un sondage réalisé au début de l’année dernière. Selon celui-ci, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) était considérée, un an et demi après le premier relèvement des taux directeurs, “médiocre”, voire “très mauvaise” par une majorité du personnel de l’institution.  

Sa performance est considérée comme “très pauvre”, et très inférieure à ses prédécesseurs, Mario Draghi ou encore Jean-Claude Trichet. Il était non seulement reproché à Christine Lagarde, “dirigeante autocratique”, sa gestion des affaires internes et son échec à stabiliser les prix, mais d'utiliser, de surcroît, l’institution européenne à des fins politiques.  

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