Le 21 février 2025, une décision sans précédent a secoué les couloirs du pouvoir à Washington : le président Donald Trump a limogé des chefs d’état-major des forces armées américaines, parmi les plus hauts gradés militaires des États-Unis, à la suite d’allégations troublantes d’un complot visant à saper son autorité. Cette action, annoncée tard dans la soirée, fait suite à une vidéo controversée diffusée par le journaliste d’investigation James O’Keefe le 15 janvier 2025. Cette vidéo, devenue virale, met en lumière des déclarations troublantes d’un haut fonctionnaire du Pentagone, Jamie Mannina, suggérant des réunions secrètes pour contrecarrer les ordres de Trump. Cet événement, qui divise profondément l’opinion publique, soulève des questions cruciales sur la séparation des pouvoirs, le contrôle civil de l’armée et la politisation des institutions militaires.
Tout commence le 15 janvier 2025, lorsque James O’Keefe, connu pour ses enquêtes sous couverture à travers O’Keefe Media Group (OMG), publie une vidéo choc. Cette dernière met en scène Jamie Mannina, un ancien agent spécial du FBI devenu conseiller senior au Pentagone, employé par l’entrepreneur de défense Booz Allen Hamilton. Dans les images, enregistrées à l’insu de Mannina, ce dernier révèle l’existence de réunions secrètes impliquant des généraux à la retraite, certains occupants des postes de généraux quatre étoiles, dans une salle sécurisée du Pentagone appelée « The Tank », une installation d’information classifiée (SCIF).
Mannina affirme avoir participé à des discussions sur des stratégies pour « protéger les gens de Trump » et explorer « ce que nous pouvons faire » pour contrer l’administration entrante de Trump. Il déclare également avoir travaillé, depuis le printemps 2024, avec des généraux à la retraite via une organisation à but non lucratif de type 501(c)(4) pour dissimuler leur implication. « Cette organisation a essayé de battre Donald Trump », confie-t-il, ajoutant avoir rédigé plus de 100 colonnes d’opinion pour des généraux afin d’influencer l’opinion publique contre Trump pendant la campagne électorale. Il exprime également des inquiétudes sur les ordres potentiels de Trump, suggérant que l’armée pourrait devoir intervenir pour préserver la sécurité nationale ou les normes démocratiques.
La confrontation qui suit, filmée par O’Keefe, est d’une intensité rare. Le 15 janvier, O’Keefe intercepte Mannina à la sortie d’un restaurant à Washington, D.C., en lui présentant les images incriminantes. Mannina, furieux, réagit avec véhémence : « Dégagez d’ici, putain ! » avant de qualifier O’Keefe de « menteur notoire » et de « fraudeur », sans toutefois fournir de précisions sur les supposées inexactitudes lorsqu’il est pressé de s’expliquer. Quelques heures plus tard, le Pentagone confirme le licenciement de Mannina de son poste de contractuel, Joseph Holstead, porte-parole des affaires publiques de l’état-major interarmées, déclarant que ses opinions ne reflétaient pas celles de la direction militaire.
La réponse de Trump : une purge spectaculaire
La vidéo d’O’Keefe, bien qu’elle ait suscité des débats sur sa crédibilité et son contexte, a eu un impact immédiat sur l’équipe de transition de Trump, déjà méfiante face à une résistance supposée du « deep state » héritée de son premier mandat. Selon des sources proches de l’administration, les images ont renforcé les soupçons d’un complot au sein du Pentagone. Le 21 février 2025, à peine plus d’un mois après le début de son second mandat, Trump a agi avec une détermination implacable.
Via un message sur Truth Social, il a annoncé le licenciement du général Charles « CQ » Brown, président des chefs d’état-major interarmées, en le remerciant pour ses 40 années de service, mais sans fournir de raison spécifique. Peu après, le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a confirmé le renvoi de l’amirale Lisa Franchetti, cheffe des opérations navales, du général James Slife, vice-chef d’état-major de l’Air Force, ainsi que des juges avocats généraux de l’armée, de la marine et de l’Air Force.
Selon des rapports, l’équipe de Trump a lié ce présumé complot à une faction de leaders militaires perçus comme loyaux envers l’ancien président des chefs d’état-major, Mark Milley, que Trump critique depuis longtemps. Milley, qui a pris sa retraite en 2023, avait été cité dans le livre War de Bob Woodward en 2024, qualifiant Trump de « fasciste jusqu’au bout ». Cette déclaration avait creusé le fossé entre Trump et l’establishment militaire. Une source familière avec la transition a confié à Reuters que l’administration visait à « purger chaque personne promue ou nommée par Milley », indiquant que ces licenciements s’inscrivaient dans une campagne plus large pour éliminer toute loyauté perçue envers des opposants.
Pour remplacer Brown, Trump a nommé le lieutenant-général retraité de l’Air Force, Dan « Razin » Caine, un choix inhabituel compte tenu de son statut de retraité et de son rang inférieur de général trois étoiles. Trump a loué Caine comme un « combattant » clé dans la défaite de l’État islamique, se remémorant une rencontre en 2018 en Irak où Caine aurait promis d’anéantir le califat en une semaine. Hegseth a abondé dans ce sens, qualifiant Caine de « leader dont nous avons besoin pour ce moment crucial ».
Le complot présumé : réalité ou fabrication ?
La vidéo d’O’Keefe a divisé les opinions. Ses partisans, notamment sur X, y ont vu la preuve d’un « coup d’État du deep state » contre Trump. Un message largement partagé affirmait : « Haut conseiller du Pentagone licencié après avoir révélé un complot pour « protéger les gens de Trump ! » accompagné d’extraits des déclarations de Mannina. D’autres ont interprété ses références aux réunions dans « The Tank » comme une preuve d’un effort coordonné pour défier les ordres de Trump, qualifiant cela de « coup d’État doux » – un terme désignant une subversion non violente de l’autorité élue.
Cependant, les critiques, y compris dans les médias traditionnels comme CNN, ont remis en question le contexte de la vidéo et la crédibilité d’O’Keefe, accusé par le passé de montage sélectif lors de son travail avec Project Veritas. Les déclarations de Mannina, bien que provocatrices, manquent de détails concrets sur des plans d’action, et certains estiment qu’elles reflètent plutôt des frustrations personnelles que conspirations organisées. L’état-major interarmées a clarifié que Mannina n’était pas un conseiller direct du général Brown ou des chefs d’état-major, mais un contractuel dans la division J6 C4 & Cyber.
Les conséquences : un Pentagone en crise
Les licenciements massifs ont provoqué une onde de choc à Washington. Le général Brown, pilote décoré de F-16 et second président afro-américain des chefs d’état-major, était perçu comme une figure de stabilité, malgré les critiques de certains alliés de Trump sur son accent mis sur les initiatives de diversité. L’amirale Franchetti, première femme à diriger la Navy, et le général Slife, étaient également des figures historiques, rendant leur renvoi un rejet symbolique de ce que Hegseth a qualifié de « leadership militaire "woke" » dans son livre The War on Warriors (2024), où il accusait Brown de prioriser la diversité au détriment de la préparation.
Les réactions politiques ont été polarisées. Le représentant Adam Smith (D-Wash.) a qualifié le licenciement de Brown de « complètement injustifié », avertissant qu’il affaiblissait l’Amérique. La sénatrice Tammy Duckworth (D-Ill.), ancienne soldate de la Garde nationale, l’a qualifié de « travail d’un dictateur en herbe », suggérant que Trump cherchait à installer des « hommes de paille » loyaux envers lui plutôt qu’envers la Constitution. En revanche, des alliés de Trump, comme le vice-président J.D. Vance, ont salué la décision sur X, affirmant qu’elle marquait un pas vers « rendre notre armée grande à nouveau » en purgeant des « généraux "woke" ».
Les implications sont considérables. Les chefs d’état-major conseillent le président et le secrétaire à la Défense sur des questions militaires, et leur brusque remplacement, ainsi que celui des principaux avocats militaires, soulève des inquiétudes sur la continuité du commandement face aux tensions mondiales, notamment les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient. Certains spéculent que ces licenciements sont liés à l’agenda « America First » de Trump, qui pourrait inclure des ordres controversés, comme des déploiements à la frontière ou des retraits de bases étrangères, que les leaders militaires pourraient chercher à contester.
Et la suite ?
Au 22 février 2025, 20h17 PST, le Pentagone est en pleine tourmente après cette purge. Hegseth a promis d’annoncer prochainement des remplaçants pour Franchetti, Slife et les juges avocats généraux, tandis que la nomination de Caine attend la confirmation du Sénat.
Sur X, les sentiments publics sont profondément divisés, avec des tendances allant de « Trump vient de sauver la démocratie » à « C’est ainsi que commencent les dictatures ». La vidéo d’O’Keefe, vue des millions de fois, continue de susciter des spéculations sur d’autres révélations, O’Keefe ayant laissé entendre qu’il détenait d’autres enregistrements compromettants sur d’autres agences.
Une nation divisée
Cet épisode illustre une polarisation croissante aux États-Unis, où chaque action de Trump est interprétée à travers le prisme partisan.
Pour ses partisans, ces licenciements sont une réaffirmation du contrôle civil sur une armée perçue comme politisée. Pour ses détracteurs, ils représentent une menace pour la démocratie, un pas vers une militarisation de l’agenda politique. Les paroles de Mannina dans la vidéo – « Nous devons protéger les gens de Trump » – résonnent comme un cri d’alarme pour les uns, une trahison pour les autres.
Dans un contexte de tensions géopolitiques et de défis internes, l’avenir de la direction militaire américaine demeure incertain. Les prochains mois révéleront si cette purge renforcera ou affaiblira la confiance du public envers les institutions, et si les nouvelles nominations par Trump répondront aux attentes de ses supporters ou alimenteront davantage les critiques sur une présidence autoritaire. Une chose est sûre : l’Amérique est entrée dans une nouvelle ère de confrontation, marquée par des révélations choc, des décisions radicales et un débat national sans fin sur les limites du pouvoir. Et nous n'avons pas encore eu le déclassement promis des fichiers du 11 septembre 2001, ou de la liste Epstein. La quête de la transparence amène son lot de surprise.