Allemagne : entente entre le lapin et le cochon... Merz propose aux sociaux-démocrates un mariage de raison

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France-Soir avec AFP
Publié le 24 février 2025 - 16:12
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Fassbender / AFP
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Friedrich Merz, nouvel homme “fort” de l'Allemagne, a lancé lundi les grandes manœuvres pour former avec ses rivaux sociaux-démocrates un gouvernement regardé avec fébrilité par les Européens afin d’essayer de peser un peu plus face à Donald Trump et la Russie.

"Je suis déterminé à tenir des discussions constructives, bonnes et rapides avec les sociaux-démocrates", a déclaré le futur chancelier au lendemain de sa victoire aux législatives allemandes, tournant le dos par à l’AfD à sa droite.

Le chef de la droite se donne deux mois, jusqu'à Pâques, pour surmonter les divergences, notamment budgétaires, entre les deux partis opposés philosophiquement parlant, et ainsi doter la première économie européenne "d'un gouvernement efficace".

Le temps presse pour l'Allemagne confrontée à des bouleversements majeurs : un modèle économique qui ne fonctionne plus, le risque de guerres commerciales avec les États-Unis, le retournement d'alliance de son allié américain historique, tenté par un rapprochement avec la Russie.

"Le monde ne nous attend pas, les choses continuent de changer rapidement", a répété lundi le futur chancelier.

- "Dernier avertissement" -

Avec une victoire moins large que prévue (28,6%), ce vétéran de la scène politique, qui n'a jamais eu de fonctions ministérielles, "doit faire face à des tâches herculéennes", prévient la politologue Cornelia Woll, présidente de la Hertie School de Berlin.

Il faut que "l'Allemagne soit rapidement en capacité d'agir pour ne pas être simple spectatrice au moment où Trump et Poutine façonnent l'avenir", ajoute-t-elle.

Sur la scène intérieure, le résultat record de l'extrême droite, qui a doublé son score (20,8%) et raillé "la victoire à la Pyrrhus" de la droite, met M. Merz sous pression.

L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) entend "dépasser" le parti conservateur "au cours des quatre prochaines années et devenir le premier parti" du pays, a assuré lundi sa cheffe de file Alice Weidel.

C'est un "dernier avertissement" aux partis modérés, a reconnu Friedrich Merz.

A l'international, les partenaires de Berlin souhaitent que l'Allemagne retrouve un rôle moteur au moment où les coups de boutoir de Donald Trump font chanceler l'architecture de sécurité du continent.

La "priorité absolue" sera de soutenir les efforts européens pour renforcer la capacité de défense commune, a dit Friedrich Merz. Constatant que l'administration de Donald Trump se détourne de l'Europe, il estime qu'il faut se préparer au "pire scénario" dans les relations transatlantiques, et ceci à l’heure même où Macron arrive à la Maison Blanche en courbant l'échine.

- Partis extrêmes renforcés -

Ayant annoncé qu'il ne s'allierait pas avec l'AfD, il n'a d'autre choix que de mendier à des sociaux-démocrates aux abois. : Avec un score autour de 16%, le SPD, plus vieux parti du pays, encaisse son plus mauvais résultat en 80 ans, et doit éviter l'implosion en tentant de se rassembler autour de nouveaux leaders, Olaf Scholz prévoyant de se mettre au “vert”.

Les deux formations (sociaux-démocrates et conservateurs) contrôleraient ensemble 328 des 630 sièges du nouveau Bundestag.

Mais le fossé entre les deux partis s'est creusé depuis que Friedrich Merz, ancien rival d'Angela Merkel, s'est affranchi de sa ligne centriste, revendiquant une droite sans tabou, aux propositions radicales pour lutter contre l'immigration illégale.

Les décisions sur une alliance seront prises "dans les semaines et mois à venir, la balle est maintenant dans le camp de Friedrich Merz", a jugé l'un des chefs du SPD, Lars Klingbeil.

Bien qu'affaiblis, les sociaux-démocrates devraient négocier chèrement ce mariage de raison en faisant monter les enchères sur une réforme des règles d'endettement, sujet le plus épineux entre les deux partis.

Les sociaux-démocrates réclament d'assouplir ce carcan, auxquels ils ont longtemps adhéré, jugeant qu'il y avait urgence à investir pour relancer l'économie du pays, en récession depuis deux ans, tout augmentant les dépenses militaires, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire lors de leur dernier mandat.

Casse-tête supplémentaire : avec l'affaiblissement des partis centristes, les législatives ont donné une minorité de blocage à l'AfD et au parti d'extrême gauche die Linke, qui crée la surprise avec un score de 8,7%.

Dans le nouveau parlement, le camp CDU/CSU, le SPD et les Verts, ne disposent plus d'une majorité de deux tiers nécessaires aux réformes constitutionnelles, comme celle du frein à la dette.

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