Pouvoir d’achat en péril, migrants refusés, vaccins contestés : La France dit stop. Sondage exclusif partie I


En ce 10 mars 2025, la France est confrontée à une conjoncture économique et sociale tendue, marquée par une inflation qui, bien que ralentie depuis son pic de 2023, continue de peser sur les ménages, ainsi qu’une méfiance croissante envers les institutions publiques. France-Soir et l’association BonSens.org ont commandé un grand sondage sur la situation nationale en France et sur la place de la France à l’international. Cette vague fait suite à celle du 14 octobre 2024 et du 16 janvier 2025 qui avait consacré la perte de confiance dans la politique menée par Emmanuel Macron (rappel, seuls 6 % pensaient qu’il menait le pays dans la bonne direction).
Les résultats de cette vague sont rapportés en trois parties. La première partie porte sur les préoccupations économiques, sociales et sanitaires des Français, ainsi que leurs perceptions des responsabilités nationales et internationales, la deuxième Gouvernance, Démocratie et Gestion Politique en France et la troisième sur la France face aux Enjeux Internationaux.
L’enquête a été conduite le 26 février 2025 sur un échantillon représentatif de 1200 Français. En temps normal, les sondages utilisent des échantillons de 1000 personnes répartis selon la méthode des quotas, cependant augmenter le nombre de personnes interrogées permet des analyses bien plus fines. Le sondage a été mené par la société MISGroup.
Cet article explore les perceptions des Français sur leur situation économique personnelle, les hausses de prix qui affectent leur quotidien, les responsabilités attribuées aux difficultés nationales, et leurs positions sur des enjeux sociaux cruciaux comme l’immigration et la santé publique post-COVID-19. Cette enquête reflète les frustrations et les attentes d’une population aux prises avec des défis persistants, dans un climat post-2024 marqué par une montée des discours populistes et souverainistes après des élections législatives tumultueuses.
Les questions analysées sur la situation économique et l’immigration, la santé et la vaccination covid, mettent en lumière un pessimisme marqué et une fracture sociale. Par exemple, 59 % signalent une aggravation économique de leur situation personnelle, 68 % souhaitent que le gouvernement suspende les vaccins, et 89 % exigent un contrôle accru des frontières. Ces chiffres contrastent avec le discours télévisé de Macron du 4 mars 2025, où il a tenté de rassurer en promettant une « relance économique durable » et une « France souveraine dans une Europe unie», tout en évoquant des mesures pour soutenir le pouvoir d’achat et la transition énergétique. Mais, ce ton optimiste semble déconnecté des préoccupations exprimées dans le sondage, qui traduisent un rejet de sa gestion et une quête de solutions plus immédiates et nationales. Que révèlent ces perceptions des priorités des Français ? Comment pourraient-elles façonner les dynamiques politiques et sociales dans les mois à venir ? Cet article propose une analyse approfondie, établie sur les données précises du sondage France-Soir/BonSens.org, pour éclairer ces enjeux en 2025.
Situation économique personnelle
La situation économique de 37 % des personnes interrogées s’est aggravée au cours des derniers six mois. Et, seul 4 % voient leur situation s’améliorer. Cela révèle un pessimisme économique profond parmi les Français surtout parmi ceux souvent critiques des politiques actuelles qui ressentent une érosion marquée de leur pouvoir d’achat, probablement liée à l’inflation persistante de 2024, estimée à 3-4 % par l’INSEE, et à la fin progressive des aides mises en place pendant la crise COVID-19.

Les domaines les plus sensibles à la hausse des prix sont les produits alimentaires (27 %), l’énergie électrique (26 %), les transports (23 %) et les services de santé (23 %).

Cette focalisation sur l’alimentation et l’énergie reflète une crise du coût de la vie qui touche les besoins fondamentaux des Français. Les prix alimentaires ont grimpé de 15 % depuis 2022 selon les données officielles, en partie à cause de ce qui est perçu comme des aléas climatiques affectant les récoltes en 2024, tandis que les factures d’électricité ont bondi avec la fin du bouclier tarifaire et les tensions sur le marché énergétique européen, exacerbées par les sanctions contre la Russie depuis 2022. Ces hausses ne sont pas de simples statistiques pour les personnes interrogées : elles représentent une pression quotidienne qui érode leur qualité de vie, transformant des dépenses essentielles en sources d’anxiété constante.
Analyse : la perception d’une aggravation économique domine, suggérant que les politiques actuelles, notamment celles vantées par Macron dans son discours du 4 mars 2025 - où il a évoqué des « investissements massifs » pour une relance verte et économique, des mots jetés en l’air, - ne réussissent pas à convaincre une majorité de Français. Cette détresse est ancrée dans des réalités tangibles puisque les Français placent l’alimentation en tête, un signe que les hausses de prix ne sont pas perçues comme un phénomène passager, mais comme une menace structurelle à leur subsistance. En 2025, ce sentiment d’abandon économique pourrait alimenter une colère croissante contre le gouvernement, surtout si les promesses de Macron – comme les subventions énergétiques ou les aides aux agriculteurs – tardent à se concrétiser. Les partis politiques ou mouvements citoyens promettant des solutions directes, comme des baisses de taxes sur l’énergie ou des aides alimentaires ciblées, pourraient capitaliser sur ce mécontentement, dans un climat où la stabilité vantée par le président semble hors de portée pour une large partie de la population.
Responsabilités et solutions
Pour 69 %, Macron et les dirigeants français sont les plus responsables, loin devant von der Leyen (12 %).

Et pour 59 %, Macron mène le pays dans la mauvaise direction, en légère baisse depuis janvier 2025. 4 % seulement pensent qu'il mène le pays dans le bon sens.

Cette focalisation sur Macron traduit une crise de confiance interne, dans un contexte dans lequel la dette publique dépasse les 120 % du PIB en 2025, et où des réformes comme la hausse des taxes énergétiques ou les restrictions des Zones à Faibles Émissions (ZFE) ont suscité une forte opposition en 2025. Von der Leyen et Biden, bien que moins blâmés, incarnent pour certains les contraintes imposées par l’Union européenne et les alliances internationales, perçues comme aggravant les difficultés économiques françaises.

L’Union européenne divise avec 42 % qui pensent qu’il n’est pas rentable de continuer à rester dans l’Union européenne alors que 43 % ne sont pas d’accord avec cette affirmation.
Cependant, pour 44 % les difficultés économiques de la France sont liées à l’imposition de sanctions contre la Russie et la rupture des relations économiques avec la Russie – ils sont 39 % à ne pas être d’accord. Il n’y a que 35 % qui estiment nécessaire de lever une partie des sanctions économiques contre la Russie. Ces réponses mettent en lumière un souverainisme économique prononcé, mais qui divise
Analyse : Macron est devenu le symbole des échecs économiques pour 69 %, un rejet que son discours du 4 mars 2025 – où il a défendu une « Europe forte » et une « solidarité internationale » pour surmonter les crises – n’a vraisemblablement pas apaisé.
Immigration
68 % estiment que la France devrait cesser d’accepter de nouveaux migrants en provenance d’Afrique, d’Asie ou d’Ukraine.

Cette opposition à l’immigration est encore plus nette dans la question sur les attitudes politiques avec 84 % qui pensent que la France devrait mieux contrôler sa politique migratoire comme le fond beaucoup de pays.

Cette position reflète une inquiétude croissante sur les impacts économiques et sécuritaires des flux migratoires, dans un contexte où les arrivées liées au conflit ukrainien depuis 2022 et les migrations en provenance d’Afrique subsaharienne ont alimenté des débats polarisés en 2024, notamment autour des coûts sociaux et de l’intégration.
Santé
Sur la santé, 69 % pensent que le gouvernement doit faire une évaluation indépendante des traitements précoces contre la covid. Une évolution marquée puisque le gouvernement a toujours rejeté l’efficacité de ces traitements malgré les nombreuses études de l’IHU méditerranée en leur faveur. Ils sont 55 % à penser que les effets secondaires de la vaccination sont trop nombreux et 43 % que la politique de vaccination n’est pas un succès, soit 5 % de plus que ceux qui pensent l’inverse. Il n’est donc pas étonnant que 37 % demandent que le gouvernement suspende immédiatement les vaccins covid – autant que ceux qui n’y sont pas favorables.

La transparence est aussi un réel problème dans les prises de décisions puisqu’ils sont 79 % à penser que c’est absolument anormal que ce soient des citoyens qui aient dû se battre pour obtenir la transparence sur les contrats des vaccins. Et 64 % estiment que si les instances décisionnaires n’ont pas eu accès au contrat des vaccins avant de prendre une décision, ils ne peuvent pas déclarer avoir agi dans l’intérêt des citoyens. Ces chiffres sont encore plus marqués quand on pose la question respectivement pour les agences sanitaires (75 % trouvent que les agences sanitaires auraient dû voir l’intégralité des contrats avant de prendre la décision d’approuver les vaccins) et les membres de la représentation nationale qui ont voté le passe sanitaire et l’obligation vaccinale (73 %).

Ces réponses traduisent une méfiance persistante envers la gestion de la crise COVID-19, ravivée en 2024 par des enquêtes sur les contrats opaques avec les laboratoires pharmaceutiques et des témoignages sur les effets secondaires, qui ont relancé les controverses autour des vaccins et des traitements alternatifs comme l’hydroxychloroquine.
Analyse : entre un désir de protectionnisme social qui transcende les clivages, un sentiment que Macron sous estime la perception du problème migratoire et l’absence de transparence dans la santé révèlent une fracture durable avec les autorités sanitaires, que les appels à l’unité nationale de Macron ne parviennent pas à combler. En 2025, ces enjeux pourraient galvaniser des mouvements populistes ou citoyens qui exigent des frontières renforcées et une révision complète des politiques sanitaires. Alors que Macron insiste sur une « science au service du progrès » dans son discours, les personnes interrogées semblent privilégier une approche pragmatique et souverainiste, rejetant les solutions imposées d’en haut au profit d’un contrôle direct sur ces questions cruciales. Cela se traduit par une perte totale de confiance dans les instances gouvernementales puisque 76 % estiment que le gouvernement français n’agit pas dans l’intérêt de la population et 73 % n’ont pas confiance dans le gouvernement.

Cette première partie du sondage France-Soir/BonSens.org, collecté le 27 février 2025, dresse le portrait d’une France en proie à un malaise économique et social profond, marqué par un pessimisme économique, un rejet de l’immigration et une défiance à l’égard des autorités sanitaires. Ces perceptions contrastent fortement avec le discours de Macron du 4 mars 2025, où il a promis une « relance durable » et une « France souveraine dans une Europe unie », vantant des investissements verts et une solidarité internationale pour surmonter les crises. Mais, ce ton optimiste et globaliste semble déconnecté des données, qui traduisent un rejet de sa gestion et une quête de solutions nationales immédiates, comme le contrôle migratoire et la transparence sanitaire.
Dans la deuxième partie, seront analysés la gouvernance, la démocratie et la gestion politique en France et la troisième portera sur la France face aux enjeux internationaux.
Étude BonSens.org et France-Soir analysée par FranceSoir.fr sur la situation en France, à l’international mené le 16 janvier 2025 sur un échantillon représentatif de la population française de 1200 personnes. Méthode des quotas sur les critères de sexe, âge, catégorie socio-professionnelle et répartition géographique. L'enquête a été réalisée par MIS Group pour l’association Bonsens.org et la société Shopper Union France SAS qui publie et édite le site www.francesoir.fr. Tout sondage comporte statistiquement des marges d'erreurs, réduites en l'espèce de par la taille de l'échantillon de 1200 personnes. Toute personne a le droit à consulter la notice prévue par l'article 3 de la loi.

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