Des hackers détournent les acomptes des biens immobiliers
Aux États-Unis, des pirates informatiques réussissent à détourner les versements des acomptes lors de l’acquisition d’un bien immobilier. Selon un reportage du média américain Businessweek, cette tendance des hackers à cibler les acquéreurs immobiliers a fortement augmenté ces dernières années.
Submergés par la paperasse, les couples sont les victimes idéales
Les personnes ou couples sur le point de signer l’achat de la maison de leurs rêves sont inondés de paperasse et de courriels, et ils peuvent donc être plus facilement piégés par des cyberarnaqueurs. Leur objectif est en général de tenter de dérober leur acompte qui peut s’élever à des dizaines voire des centaines de milliers de dollars.
En un instant, toutes leurs économies peuvent s’envoler, avec la maison de leurs rêves, et très peu de chances de récupérer l'argent. Ces situations dramatiques peuvent même aller plus loin et causer des problèmes au niveau du couple, provoquant un stress tel qu’il peut détruire des relations. “Ayant perdu beaucoup d'argent que nous avions économisé pendant longtemps, cela a été une grande source d'anxiété pour nous”, explique par exemple une victime dans Businessweek.
Infiltrer les messageries des professionnels de l’immobilier
Pour arriver à leurs fins, les hackers compilent les coordonnées des professionnels impliqués dans toute transaction immobilière : avocats, courtiers, notaires, banque, prêteurs hypothécaires, dans l’objectif de pirater leurs messageries. Grâce à ces informations, les pirates envoient des e-mails de phishing en masse à cette base de données, en attendant que quelqu'un tombe dans le piège.
Dans l'e-mail, les escrocs peuvent fournir un lien qui usurpe l'identité des organismes en question, indiquant à l’acheteur d’envoyer leurs identifiants de connexion. La personne piégée enverra ses informations personnelles, et tombera en général sur une page d'erreur. La plupart penseront qu’il s'agissait simplement d'un problème de connexion Internet, sans réaliser qu'ils viennent d'envoyer leurs informations de connexion au pirate qui repart avec les informations confidentielles de la personne ou de l’entreprise.
Une fois les identifiants volés, les hackers peuvent suivre les conversations sur les ventes de maisons imminentes avec les acheteurs et connaître ainsi les moindres détails des procédures d’achat et de vente. Lorsque le transfert de l’acompte devient imminent, les hackers enverront un e-mail frauduleux à l'acheteur, avec des instructions “officielles” pour réaliser le virement. Si l’acheteur ne se méfie pas, il transfère lui-même toutes ses économies directement au voleur.
Les prêts repartent à la hausse : l’escroquerie risque de prendre de l’ampleur
Les plaintes au sujet de ce type de cyberarnaque ont explosé pendant la crise du Covid-19, lorsque les prix des maisons s'envolaient. Les acheteurs cherchaient alors désespérément des maisons à la campagne, et les relations avec les agences immobilières se déroulaient en ligne dans leur totalité. Ces transactions, impliquant plusieurs parties prenantes, des montants importants, sans sécurité Internet appropriée, ont fait de l’arnaque immobilière un secteur très attractif pour les pirates informatiques.
Pas d’avertissements suffisants pour les acheteurs
Une douzaine de victimes affirment que personne au sein des sociétés impliquées n'avait fourni d'avertissements adéquats sur le risque élevé de fraude, alors qu’elles sont bien à l'abri des recours juridiques, couvertes par des clauses de non-responsabilité. Pour Ian Hicks, un avocat qui représente les victimes de fraude électronique, “il y a une différence entre essayer de se couvrir légalement contre les arnaques, et mettre en place un avertissement clair pour les clients". "Les banques pourraient jouer un rôle important, qu'elles ne jouent pas actuellement", ajoute l’avocat.
De nombreux pirates informatiques basés au Nigeria
Selon les services secrets américains, (Global Investigative Operations Center) de nombreux cas concernent des pirates basés en Afrique de l'Ouest, mais l'empreinte géographique ne cesse de s'étendre. Selon Bloomberg Businessweek, qui s'est entretenu avec des pirates informatiques retraités du Nigeria, entre 11 et 18 ans, après l'école primaire ou secondaire, de nombreux jeunes hommes se spécialisent dans l'usurpation d'identité en entreprise (Business Email Compromise, ou BEC) pour diverses raisons. "Avec la situation économique du pays, je pense que les gens ne se soucient pas du risque judiciaire", déclare l'un des pirates réformés, qui dit être devenu depuis consultant en cybersécurité.
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