Transition de genre chez les mineurs. Le Sénat adopte une loi encadrant strictement leur prise en charge médicale

Auteur(s)
Laurence Beneux
Publié le 30 mai 2024 - 10:08
Image
Senat
Crédits
F.Froger / Z9
Le Sénat adopte une loi encadrant strictement la prise en charge médicale de la transition de genre.
F.Froger / Z9

Mardi 28 mai, dans la soirée, le Sénat a adopté une proposition de loi portée par le groupe LR, visant à encadrer strictement les traitements médicaux et les opérations chirurgicales proposées aux mineurs souffrant d’une dysphorie de genre. Le texte interdit les chirurgies de « réassignation de genre » ainsi que la prescription et l’administration d’hormones croisées à ces mineurs et fixe des limites strictes à celle des bloqueurs de puberté. Il prévoit des sanctions à l’encontre des médecins qui passeraient outre ces interdictions.

« D’abord, ne pas nuire », est la préoccupation invoquée par la sénatrice Jacqueline Eustache Brinio devant le Sénat pour défendre la proposition de loi qu’elle porte, visant à encadrer strictement la prise en charge médicale des enfants et adolescents souffrant de dysphorie de genre.

Intérêt de l’enfant et prudence.

C’est « l’intérêt de l’enfant et la prudence » qui ont été « les boussoles » des travaux menés par un groupe de 17 sénateurs qui ont auditionné quelques 67 experts nationaux et internationaux sur une période de six mois, plaide encore l’élue.

Des travaux qui ont fait l’objet d’un rapport de plus de 340 pages, à l’origine d’une proposition de loi comportant 4 articles, qui interdit, pour les mineurs, les chirurgies de réassignation de genre et l’administration d'hormones sexuelles croisées, et qui impose que les bloqueurs de puberté ne soient prescrits, après un délai de réflexion et de suivi médical de deux ans minimum, que dans des centres de référence spécialisés, désignés par arrêté. Ce dernier point est dû à un amendement du rapporteur de la Commission des affaires sociales Alain Milon : la proposition de loi prévoyait initialement l’interdiction pure et simple de ces bloqueurs de puberté.

Le texte dispose aussi de sanctions pénales pour les médecins qui contreviendraient au texte. Ces derniers s’exposeraient à une peine de prison de deux ans, à 30 000 euros d’amende, et à une interdiction d’exercer la médecine pouvant aller jusqu’à 10 ans.

Enfin, la proposition de loi met l’accent sur la nécessité d’un plan national pour soutenir la pédopsychiatrie française.

Accusations de transphobie

Les groupes de gauche dénoncent une proposition de loi transphobe et stigmatisante tandis que le ministre délégué à la santé Frédéric Valletoux, lui aussi opposé au projet de loi, prête aux élus LR des intentions dogmatiques et politiciennes, qui ne s’appuient pas sur la science. Il argumente notamment que les sénateurs auraient dû attendre les recommandations de la Haute Autorité de Santé qui planche actuellement sur le parcours des personnes en questionnement sur leur identité de genre. Une objection à la pertinence limitée en l’espèce, puisque les travaux de la HAS portent sur une population âgée d’au moins 16 ans.

Il est à noter que les enfants transgenres semblent surreprésentés dans l’entourage des opposants au projet de loi. Alors que les personnes transgenres ne représentent qu’environ 0,1% de la population et que, d’après les détracteurs de la loi, ce chiffre ne bouge pas, deux sénateurs, Mélanie Vogel du groupe écologie, solidarité et territoires et Yan Chantrel, du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain révèlent avoir un enfant trans dans leur famille.

Un principe de précaution élémentaire

Les sénateurs LR démentent fermement une quelconque transphobie, et rappellent que dans de nombreux pays, « des médecins spécialisés dans le domaine de la transidentité chez les mineurs ont tiré la sonnette d’alarme au vu des résultats cliniques des traitements prodigués ».

On peut rappeler que récemment, la Grande-Bretagne a interdit la prescription de bloqueurs de puberté en dehors d’essais thérapeutiques qui devraient être lancés prochainement.

La loi a été adoptée avec une majorité de 180 voix pour, contre 136 voix contre.

Une victoire dont se félicite Bruno Retaillau, président du groupe LR au Sénat.

«Transition de genre : le Sénat vient de voter l’interdiction de la chirurgie et des traitements hormonaux pour les mineurs. Une mesure essentielle de protection des enfants et un principe de précaution élémentaire, pour éviter des séquelles physiques et psychologiques souvent irréversibles. Les adultes font évidemment ce qu’ils veulent mais il est déraisonnable et dangereux de laisser des enfants s’engager sur ce chemin sans retour. », écrit l’élu sur son compte X .

À LIRE AUSSI

Image
Pauline Arrighi
Transsexualité - « Qu’est-ce que ça veut dire ‘être né dans le bon corps’ ? Je ne sais pas ». Pauline Arrighi, auteure de Les ravages du genre
Dans cet entretien essentiel, la journaliste et écrivaine Pauline Arrighi partage ses analyses passionnantes sur l’épidémie de demandes de transitions de genre chez le...
21 mai 2024 - 15:45
Vidéos
Image
 Entretien essentiel Marie-Joe Bonnet et Nicolas Athea
Entretien avec Marie-Jo Bonnet et Nicole Athea : "La transition de genre, c’est le cheval de Troie du transhumanisme”
ENTRETIEN - L’historienne féministe Marie-Jo Bonnet et la gynécologue-endocrinologue Nicole Athea interrogent ce qu’elles nomment une “épidémie de demandes de transiti...
05 mars 2024 - 10:49
Vidéos
Image
NHS
Transition de genre : la Grande Bretagne interdit les bloqueurs de puberté.
Le National Health Service (NHS), l’organisme de santé publique britannique, vient d’annoncer qu’il ne sera plus prescrit de bloqueurs de puberté aux enfants souffrant...
14 mars 2024 - 12:30
Société

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Dessin de la semaine

Portrait craché

Image
Kamala Harris
Kamala Harris, ou comment passer de la reine de la justice californienne à valet par défaut
PORTRAIT CRACHE - Samedi 27 juillet, la vice-présidente américaine Kamala Harris a officialisé sa candidature à la présidence des États-Unis, une semaine après le retr...
03 août 2024 - 12:49
Politique
Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.