Réélu pour un troisième mandat consécutif, Vladimir Poutine promet que la Russie “ne se laisserait ni intimider ni écraser”
Sans surprise, Vladimir Poutine est réélu pour un troisième mandat consécutif à la présidence de la Fédération de Russie. Après dépouillement des voix, le président russe récolte 87,29% des suffrages de 76 millions électeurs sur 112 millions inscrits. Le scrutin a été marqué par des actions de protestation comme le sabotage des urnes, des incendies, des pétards et des cocktails Molotov. Dans un discours télévisé prononcé à l’issue de sa victoire, Vladimir Poutine a évoqué la guerre en Ukraine, affirmant que son pays ne se laisserait pas “intimider” ni “écraser” bien que le Kremlin soit “prêt à examiner toutes les questions” liées à une trêve des combats. Il a évoqué Alexeï Navalny, l’opposant mort le mois dernier en prison.
Sa victoire ne faisait aucun doute. Vladimir Poutine est réélu pour un troisième mandat consécutif à la tête de la Russie, son cinquième au total après les deux premiers, en 1999 et 2004. Après le dépouillement de près de la totalité des circonscriptions, il a récolté 87,29% des voix. Selon la Commission électorale centrale, 76 millions d’électeurs se sont rendus aux urnes, sur 112 millions inscrits. Le taux de participation selon l’agence officielle russe TASS est de 73,33%, le plus élevé jamais enregistré, tout comme le score du vainqueur de l’élection.
Taux de participation le plus élevé jamais enregistré
Vladimir Poutine a dépassé ses adversaires Nikolaï Kharitonov (4,37%), Vladislav Davankov (3,90%) et Leonid Sloutski (3,24%). D’autres opposants potentiels n’ont pas eu le droit de se présenter, leurs candidatures ayant été rejetées par la Commission électorale. Selon le coprésident de l’organisme indépendant de surveillance des élections de Golos (Organisation civile de défense des droits et des libertés, NDLR), les forces de l’ordre ont exercé une pression sans précédent sur les électeurs.
Lundi matin, Vladimir Poutine s’est félicité de sa victoire. Lors de son discours diffusé dans la nuit de dimanche à lundi, il a d’abord évoqué les actions de protestation qui ont fait écho aux appels de l’opposition. Il s’agit essentiellement de sabotage des urnes avec un liquide vert déversé à l’intérieur, qui rappelle un antiseptique chirurgical utilisé ces dernières années contre des opposants russes. Des actes de dégradations des bureaux de vote à l’aide de cocktail Molotov et de pétards ont également été rapportés.
Pour le président russe, ces actions “n’ont aucun impact”. "Il s'agit d'une infraction pénale et nos forces de l'ordre et nos instances judiciaires agiront conformément à la loi", a-t-il mis en garde, affirmant que “cela n'a eu aucun effet". Il s'est rapidement tourné vers son nouveau mandat, expliquant avoir “beaucoup de tâches concrètes et importantes à accomplir”. “Les résultats de l'élection témoignent de la confiance des citoyens du pays et de leur espoir que nous ferons tout ce qui est prévu", a-t-il indiqué.
Cette présidentielle intervient dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et la nouvelle vague d’attaques de drones ukrainiens sur le front. Vladimir Poutine a affirmé que son pays “ne se laisserait ni intimider ni écraser”, en référence, en outre, aux sanctions occidentales et le soutien de l’OTAN à Kiev.
Poutine évoque la guerre en Ukraine et Navalny
Pour autant, il n’est pas opposé à des discussions pour une trêve. Poutine s’est dit “prêt à examiner toutes les questions”. “Nous garderons toujours à l’esprit les intérêts de la Fédération de Russie et de la situation dans la zone de contact militaire”, explique-t-il.
“J'ai toujours dit, et je le répète, que nous sommes favorables à des négociations pacifiques. Pas parce que l'ennemi est à court de munitions ! Nous sommes pour, s'ils veulent vraiment construire des relations pacifiques de bon voisinage entre deux États et sur le long terme. Pas pour faire une pause d'un an et demi ou deux afin de se réarmer".
Le président russe estime que l'Ukraine et la Russie “seront obligés, à un moment donné, de créer une zone de sécurité, ce ne sera pas simple, et d'utiliser les armes que l'ennemi utilise", sans détailler sa vision.
Parmi ces propositions de cessez-le-feu figure celle proposée par le président Emmanuel Macron, qui souhaite une trêve pendant les Jeux olympiques prévus cet été à Paris, alors qu’il évoque régulièrement l’envoi de troupes au sol en Ukraine. La France a présenté, en tant que pays hôte des JO, une résolution aux Nations unies portant sur une trêve, adoptée le 21 novembre 2023.
Vladimir Poutine a, pour la première fois depuis des années, fait référence à Alexeï Navalny. Les services pénitentiaires russes avaient annoncé son décès le 16 février dernier, dans une colonie pénitentiaire reculée de l'Arctique, où il purgeait une peine de 19 ans de prison pour "extrémisme". Le président russe a révélé avoir été informé d'un projet visant à libérer le chef de l'opposition, quelques jours avant sa mort et qu’il acceptait l’idée, à condition que Navalny ne retourne pas en Russie.
L’accueil de sa victoire pour ce troisième mandat consécutif a été mitigé, entre félicitations et critiques. Les dirigeants de la Corée du Nord, du Honduras, du Nicaragua, de la Chine et du Venezuela ont félicité Vladimir Poutine. La France, l’Ukraine et la Pologne, entre autres, évoquent “l’absence des conditions d’une élection libre” et critiquent le chef du Kremlin, “ivre de pouvoir”.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.