Gaza : un accord de trêve sur la table des négociations, les bombardements israéliens se poursuivent malgré une pression internationale accrue

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France-Soir
Publié le 12 avril 2024 - 10:45
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La voiture dans laquelle trois fils du dirigeant du Hamas, Ismail Haniyeh, auraient été tués lors d'une frappe aérienne israélienne dans le camp d'al-Shati, à l'ouest de la ville de Gaza, le 10 avril 2024.
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En dépit des appels incessants à un cessez-le-feu, des menaces diplomatiques et commerciales, Israël exprime toujours sa ferme intention de lancer une opération terrestre à Rafah et maintient ses bombardements sur Gaza. Mercredi, trois fils et des petits-fils du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ont été tués dans une frappe. Tel Aviv, qui affirme que le mouvement palestinien Hamas est “militairement vaincu”, est sommé par l’ONU de “faire plus” pour ouvrir davantage de points de passage pour l'aide humanitaire à Gaza. Un peu plus d’une semaine après la mort de travailleurs humanitaires, la pression dans certains pays, appelés à suspendre leurs livraisons d’armes à Israël, s’étend aux relations économiques, qui risquent de dépendre d’un cessez-le-feu. A ce propos, Tel Aviv accuse le Hamas de "tourner le dos" à une offre "très raisonnable" de trêve. 

Le ministère gazaoui de la Santé a annoncé jeudi 11 avril un nouveau bilan de 33 545 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre dernier. En 24 heures, 63 morts supplémentaires ont été enregistrées. La même source fait état d’un total 76 094 blessés dans l’enclave palestinienne. 

Le Hamas “étudie” une offre “raisonnable” 

La veille, au premier jour de l’Aïd el-Fitr, célébration musulmane qui marque la fin du mois de ramadan, des bombardements israéliens ont ciblé le nord et le centre de Gaza. Dans le camp de Nousseirat, 14 personnes, dont des enfants, ont perdu la vie. L’une de ces frappes a provoqué la mort de trois fils et quatre petits-enfants du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, établi au Qatar, selon le mouvement palestinien, qui contrôle Gaza depuis 2007. Une information confirmée par l'armée israélienne, qui a justifié son bombardement par le fait que les fils de Haniyeh soient des “agents militaires de l'organisation”.  

Le Hamas est "militairement vaincu", a affirmé mercredi Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien. "Ses combattants ont été éliminés ou se cachent. Ses capacités sont réduites et nous continuerons à frapper ce qui reste", a-t-il déclaré, ajoutant que "la victoire viendra pas à pas". Comme pour démontrer que Tel Aviv restait inflexible, il évoque à nouveau Rafah. "Nous entrerons à Rafah. Nous retournerons à Khan Younès", situées toutes les deux au sud de Gaza.  

Ses déclarations viennent rapidement contredire celles, la veille, du secrétaire d’État américain, Antony Blinken, qui a affirmé qu’une offensive israélienne sur Rafah “ne semblait pas imminente”.  

Face à la pression internationale sur l’accès de l’aide humanitaire, l’armée de Tsahal a annoncé que plus de 1 200 camions d’aide sont entrés entre dimanche et mardi, dont 468 ce jour-là. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis le début de la guerre, souligne-t-on de même source. Un nombre qui témoigne de la hausse de l’acheminement de cette aide, au moment où la famine menace les populations civiles à Gaza, selon l’ONU, ses agences et des ONG présentes sur les lieux, aide dont jeudi dernier, le président Joe Biden avait exigé du Premier ministre Benjamin Netanyahou une “augmentation spectaculaire”, lors d’une conversation téléphonique sur fond de “mécontentement croissant”.  

La situation reste tout de même inquiétante et cette quantité record d’aide humanitaire reste insuffisante pour l’ONU. Le Conseil de sécurité, qui réagissait à la promesse d'Israël d'ouvrir plus de points de passage, a appelé Tel Aviv à faire "plus”. Les membres du Conseil, ont exprimé leur "profonde inquiétude concernant le bilan humain du conflit, la situation humanitaire catastrophique et la menace d'une famine imminente", exhortant Israel à procéder "à la levée immédiate de tous les obstacles à la livraison d'une aide humanitaire d'ampleur à la population civile et à la distribution sans entrave de cette aide". 

"Nous devons faire quelque chose et vite”, a déclaré la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina Mohammed, lors d’une conférence de presse. “Des milliers d'enfants continuent à perdre leur vie, à vivre amputés. Et des centaines de personnes, les otages, attendent de rentrer chez eux".  

Peu avant l’ouverture de nouveaux pourparlers au Caire, le chef de la diplomatie américaine a révélé qu’une offre “très sérieuse” de cessez-le-feu a été présentée au Hamas, qui “devrait l’accepter”. Israël a accusé jeudi le mouvement palestinien de “tourner le dos” à une “offre très raisonnable”. Le Hamas affirme étudier l’offre. La divergence réside, entre autres, dans la demande gazaouie d’un cessez-le-feu permanent, inacceptable pour Benjamin Netanyahou, qui a promis “d’éliminer” le Hamas.  

Sa détermination à aller au bout des objectifs israéliens est une “erreur” pour Joe Biden, qui a critiqué le PM israélien. "Je pense que ce qu'il fait est une erreur. Je ne suis pas d'accord avec son approche", a déclaré le locataire de la Maison-Blanche.  

Ankara, Dublin et Paris font pression sur Tel Aviv 

La communauté internationale évoque d’autres possibilités pour maintenir la pression sur Israël. Il s’agit essentiellement de sanctions, économiques ou diplomatiques. Le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a, pour la première fois, évoqué des possibles “sanctions” contre l'Etat hébreu pour accroître l’aide humanitaire. Dans l’Hexagone, huit ONG, dont Amnesty International France, ont annoncé avoir saisi le tribunal administratif de Paris pour exiger "la suspension des livraisons d'armes" de la France à Israël. 

La Turquie a annoncé restreindre ses exportations à destination d’Israël et la mesure concerne 54 produits, dont de nombreux matériaux de construction composés de béton, d’acier, de fer ou d’aluminium, mais aussi du carburant d’aviation et des engrais. “Cette décision restera en vigueur jusqu’à ce qu’Israël déclare un cessez-le-feu immédiat et autorise l’accès continu de l’aide humanitaire à Gaza”, affirme Ankara.  

Le fonds souverain irlandais a renoncé à ses investissements en Israël et Michael Martin, chef de la diplomatie de ce pays, a annoncé son intention de soumettre au gouvernement une proposition formelle sur la reconnaissance d'un État palestinien. "Ne doutez pas que la reconnaissance d'un État palestinien aura lieu", dit-il, estimant que retarder la reconnaissance "n'est ni crédible ni tenable plus longtemps”.  

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la Palestine, Francesca Albanese, a estimé que l’Union européenne “a l’obligation” de suspendre ses relations commerciales et institutionnelles avec Tel Aviv. "Israël a les moyens politiques, financiers et économiques de poursuivre ses activités comme si de rien n'était. Il n'y a aucune incitation à changer de comportement", explique-t-elle. 

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