Peter Pellegrini, allié de Robert Fico et membre de la coalition gouvernementale élu président de la Slovaquie
Candidat de la coalition gouvernementale menée par Robert Fico, Peter Pellegrini est le nouveau président de la Slovaquie. Dirigeant du parti Hlas (Voix), troisième lors des dernières législatives en septembre 2023, il a récolté près de 54% des voix, battant Ivan Korcok, ex-Ministre des Affaires étrangères et européennes, candidat indépendant jugé pro-occidental et s’inscrivant dans la lignée de Zuzana Caputova, première femme chef d’État du pays, qui ne s’est pas représentée. Avec cette victoire, Peter Pellegrini renforce la mainmise du Premier ministre, Robert Fico, sur le pouvoir, en le dotant de postes-clés au sein de l'État slovaque.
Le scénario craint par l’Union européenne (UE) se réalise au-delà de ses inquiétudes. En septembre dernier, le parti Smer-SD, fondé et dirigé par Robert Fico, est arrivé en tête des élections législatives. L’actuel Premier ministre, qui exerce son quatrième mandat depuis 2006, s’était à maintes reprises engagé à mettre fin au soutien militaire de la Slovaquie à l’Ukraine.
Peter Pellegrini devient le 6e président après un scrutin serré
Robert Fico, qui avait démissionné en 2018 après des manifestations organisées à la suite de l’assassinat d’un journaliste d’investigation qui enquêtait sur les liens entre le pouvoir slovaque et la mafia calabraise, est qualifié par ses opposants et ses détracteurs de “pro-russe”, attribuant la hausse de sa popularité à des slogans “anti-ukrainiens”. Son parti, fondé en 1999, s’est toujours opposé à la livraison d’armes et d’équipements militaires à Kiev, critiquant sans cesse les sanctions imposées à la Russie depuis l’annexion de la Crimée. La formation politique se justifie par le fait que les mesures “nuisaient surtout aux populations et pas au régime”.
Privé d’une majorité absolue lors des dernières législatives, le Smer a composé avec d’autres partis pour former une coalition majoritaire au Parlement. Parmi les trois premiers vainqueurs figure justement le parti Hlas-SD, créé en 2020 suite à une scission au sein du Smer. Le Hlas est dirigé par Peter Pellegrini, lui-même ancien vice-président de la formation politique fondée par Fico et successeur de ce dernier au poste de Premier ministre en 2018. L’autre membre de la coalition est le Parti national slovaque, considéré comme ultranationaliste.
Samedi 6 avril, Peter Pellegrini est devenu le 6e président slovaque, après la scission de la Tchécoslovaquie. Il dépasse le diplomate Ivan Korčok, arrivé en tête du premier tour mais qui n’a récolté que 46% des voix, contre 53% pour le nouvel homme fort du pays.
L’ex-ministre des Affaires étrangères s’est dit “déçu” du résultat de ce scrutin, qui était pourtant annoncé comme étant “serré”. Le pro-européen a bien félicité son adversaire, mais a déploré “une campagne non transparente”. “Il s’avère qu’il est possible de devenir président de la République slovaque en propageant la haine”, a-t-il ajouté.
Les postes stratégiques sous le contrôle de Fico et ses alliés
Cette victoire du dirigeant du Hlas, membre de la coalition gouvernementale, renforce ainsi le pouvoir de son allié, le Premier ministre Robert Fico. Si les fonctions présidentielles sont essentiellement symboliques, le président de la Slovaquie peut choisir le chef du gouvernement et nomme les juges de la Cour constitutionnelle. Un atout de poids considérant l’emprise de la coalition menée par Fico sur le Parlement slovaque.
Peter Pellegrini devient aussi commandant en chef des forces armées du pays et peut opposer son veto aux lois. Ce veto peut bien être contesté à la majorité simple par le Parlement et devant la Cour constitutionnelle, mais ces deux institutions sont désormais dominées par la coalition au pouvoir.
Dans l’Union européenne (UE), l’on craignait déjà une victoire de Robert Fico aux législatives, considérée comme un frein de l’aide slovaque à Kiev. Son programme est jugé “pro-russe” et “anti-américain” et les opposants y voient le scénario hongrois de Viktor Orban se répéter en Slovaquie.
Peter Pellegrini confirme la nouvelle orientation du nouveau gouvernement slovaque, qui a immédiatement interrompu la livraison d’armes à l’Ukraine. "Je ferai tout ce que je peux pour que la Slovaquie, que cela plaise ou non, reste toujours du côté de la paix et non du côté de la guerre. Quiconque veut me critiquer pour cela peut le faire autant qu'il le souhaite."
"C'est une grande satisfaction (...) Je veux être un président qui défendra les intérêts nationaux de la Slovaquie", a ajouté cet économiste de formation. Il deviendra officiellement président slovaque le 15 juin, il remplacera la présidente libérale Zuzana Caputova, “pro-occidentale” selon le Smer et pas candidate à sa propre succession.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.