Autriche : Kickl s‘invite au nez et à la barbe de l’UE. Le FPÖ parti opposé à l’aide à Kiev et aux sanctions contre Moscou, chargé de former un gouvernement après la démission du chancelier

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France-Soir
Publié le 09 janvier 2025 - 10:00
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Klamar / AFP
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Le “soulagement” de l’Union européenne (UE) après la fin de la présidence hongroise du Conseil et le début du mandat semestriel de la Pologne commence-t-il déjà à se dissiper ? Le président autrichien Alexander Van der Bellen a chargé lundi Herbert Kickl, président du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ), formation nationaliste considérée comme “populiste” et non “russophobe”, de former un gouvernement, après l’échec des discussions menées par le chancelier en poste Karl Nehammer, dont le parti était pourtant arrivé en deuxième position aux législatives de septembre. Un autre scénario “inquiétant” pour l’UE qui se confirme, après la victoire de Robert Fico en Slovaquie en octobre 2023. 

Malgré sa victoire aux législatives de septembre dernier avec 29% des voix, le FPÖ et son chef, Herbert Kickl, n’ont pas été désignés pour former un gouvernement. Faute de majorité absolue au Parlement, cette formation politique, qui s’oppose aux sanctions contre la Russie et qui critique le soutien militaire occidental et autrichien à l'Ukraine, devait former une coalition avec au moins un parti pour gouverner. Sauf que les chefs de file des autres formations politiques se sont vite empressés de rejeter l'appel au dialogue du chef du FPÖ. 

“Trois mois gâchés” par des “losers” 

Exprimant aussi des réserves à l’égard de ce parti, le président Alexander Van der Bellen a chargé Karl Nehammer, président du Parti populaire autrichien (ÖVP), arrivé deuxième aux législatives, de former un gouvernement dès octobre dernier. Pour écarter le FPÖ, une coalition complexe a été envisagée comme entre l’ÖVP, le SPÖ et NEOS. Mais après deux mois de pourparlers, marqués par une impasse sur les coupes budgétaires et la réforme des retraites, les libéraux du NEOS ont abandonné les négociations. La coalition désormais formée par des deux partis centristes n’était plus majoritaire qu’avec un seul siège. 

Suite à l’échec des discussions, Karl Nehammer a annoncé samedi sa démission. Dans la foulée, Herbert Kickl a qualifié de “losers” les partis impliqués dans les négociations. “Au lieu de la stabilité, nous avons le chaos” après trois “mois gâchés”, a-t-il réagi.  

Dès le départ de son président, l’ÖVP s’est dit potentiellement ouvert à une collaboration sous Herbert Kickl comme chancelier, faute d’options au Parlement. “Ce pays a besoin d’un gouvernement stable aujourd’hui, et nous ne pouvons continuer de perdre un temps que nous n’avons pas dans des campagnes électorales ou des élections", a déclaré le SG du parti, Christian Stocker, désigné chef du parti par intérim.    

De son côté, le président autrichien avait annoncé qu’il allait rencontrer dès lundi matin Herbert Kickl, pour “discuter de la nouvelle situation”. Pour lui, “les voix au sein de l’ÖVP qui excluaient de travailler avec” le chef du FPÖ “se sont faites beaucoup plus discrètes, a déclaré le président à la presse. Cela signifie qu’une nouvelle voie qui n’existait pas auparavant s’est ouverte”.  

Cela ne serait pas une première puisque les deux partis ont déjà gouverné ensemble entre 2017 et 2019, lorsque le président du FPÖ était ministre de l’Intérieur. La coalition s’est terminée par le scandale d'Ibiza qui a provoqué la démission du vice-chancelier Heinz-Christian Strache (FPÖ).  

L’aide autrichienne à Kiev menacée ? 

Un peu plus tard lundi, Alexander Van der Bellen annonçait avoir chargé Herbert Kickl de former un nouveau gouvernement. "M. Kickl a la confiance nécessaire pour trouver des solutions viables dans le cadre des négociations gouvernementales et il souhaite assumer cette responsabilité", a déclaré le président autrichien, ajoutant qu’il n’avait "pas été facile de prendre" une telle décision. 
S’il parvient à former une coalition avec un autre parti, probablement l’ÖVP, le FPÖ obtiendra le poste de chancelier. 

Son manifeste électoral, intitulé "Forteresse Autriche", préconise des contrôles stricts aux frontières et la suspension des droits d'asile. Depuis le début de l'invasion russe de l’Ukraine, le FPÖ a plaidé pour une médiation de l’Autriche entre les deux pays. Son président a maintes fois exprimé son rejet des sanctions contre Moscou, une forme de "naïveté politique" qui "ne résoudrait pas le conflit".  

Il a aussi dénoncé une volonté de l’OTAN et des États-Unis de "provoquer les Russes", qualifiant la participation de l’Autriche aux sanctions contre Moscou comme "une violation de la neutralité constitutionnelle" du pays. Sa (très) probable arrivée au pouvoir inquiète l’UE qui voyait dans une victoire de ce parti, comme celle du SMER slovaque de Robert Fico, “un désastre” compte tenu de son désaccord vis-à-vis du soutien militaire octroyé à Kiev. 

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