Gaza : Tsahal poursuit ses frappes aériennes, l’ONU demande 2,8 milliards de dollars d’aide et les négociations pour une trêve au point mort

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France-Soir
Publié le 19 avril 2024 - 11:27
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AFP
Les Palestiniens transportent leurs affaires sur une charrette dans la ville de Nuseirat, dans la bande centrale de Gaza, le 18 avril 2024, au milieu des combats en cours entre Israël et le groupe militant Hamas.
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L’armée israélienne poursuivait cette semaine ses bombardements à Gaza, sur fond de craintes internationales que la guerre ne se propage dans toute la région après les attaques iraniennes le weekend dernier. Le ministère gazaoui de la Santé a annoncé jeudi un nouveau bilan de 33 970 morts depuis le 7 octobre, dont 71 morts en 24 heures. La question de l’acheminement de l’aide humanitaire est toujours au centre de l’attention de la communauté internationale, réunie hier au Conseil de sécurité de l’ONU pour voter une demande d'adhésion des Palestiniens aux Nations Unies, rejetée par un véto américain. Les négociations entre le Hamas et Israel pour une trêve sont de nouveau dans l’impasse après le rejet par le mouvement palestinien d’une proposition, obligeant le Qatar, médiateur avec l’Egypte et les États-Unis, à revoir ses efforts.  

Tsahal poursuit ses opérations dans la bande de Gaza. Dans la nuit de mercredi à jeudi, de nouveaux bombardements ont ciblé l’enclave palestinienne, particulièrement le centre (Gaza City) et le sud (Khan Younes et Rafah, NDLR). "Les corps de huit personnes de la famille Ayyad, dont cinq enfants et deux femmes, ont été découverts après une frappe sur leur ferme dans le quartier d'Al-Salam", à Rafah, où 1,5 million de personnes se réfugient.  

L’opération terrestre à Rafah, inévitable ? 

L'armée israélienne a affirmé que ses frappes ont atteint des "cibles", dont des membres présumés du Hamas ainsi que “des postes d'observation et des structures militaires". 

Selon le ministère de la Santé, un nouveau bilan diffusé hier fait état de 33 970 morts et 76 770 blessés en plus de six mois de guerre. Les raids menés dans la nuit de mercredi à jeudi ont fait 71 décès au moins, selon la même source.  

L’inquiétude suscitée par la détermination israélienne à mener une opération terrestre à Rafah semble laisser place à la crainte que le Moyen-Orient s’embrase, après les attaques iraniennes contre Tel Aviv, en réponse au bombardement du consulat iranien à Damas qui a fait 16 morts le 1 avril dernier. “Même quand nous étions attaqués par l’Iran, nous n’avons pas perdu de vue, pas un seul instant, notre mission essentielle à Gaza, qui consiste à sauver nos otages des mains du Hamas, mandataire de l’Iran”, a déclaré dimanche dernier le porte-parole de l’armée, Daniel Hagari.  

Cette offensive, qui semble toujours se préparer, reste un objectif à part entière. Bien que l’armée de l’air israélienne, qui devait commencer à larguer des tracts sur certaines parties de Rafah lundi dernier, ait suspendu cette opération, la presse à Tel Aviv rapporte que le président américain Joe Biden aurait donné son feu vert à une opération dans cette ville du sud de Gaza, “en échange d'une riposte modérée contre l'Iran”.  

La communauté internationale ne perd pas de vue la situation humanitaire des populations civiles. Une semaine après l’entrée de 1 200 camions, Benyamin Netanyahu affirme qu’Israël fait “tout son possible” pour améliorer la situation humanitaire dans la bande de Gaza. Le Premier ministre israélien “réfute les allégations des organisations internationales”, particulièrement les agences onusiennes, “sur une famine”. 

Ses propos sont similaires à ceux du colonel Olivier Rafowicz, autre porte-parole de Tsahal, selon qui Israël a accru "de manière extrêmement sensible l'entrée de camions humanitaires depuis plusieurs jours". "Près de 500 camions entrent et nous avons ouvert un nouveau point de passage humanitaire dans le nord de la bande de Gaza", a-t-il affirmé dans la semaine.  

Les négociations toujours au point mort 

Mais l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (Unrwa) affirme le contraire. “L'aide humanitaire n'a pas du tout augmenté", déplore Tamara Alrifaï, directrice des relations extérieures et de la communication de l’agence onusienne. Tandis que Tel Aviv réclame la dissolution de celle-ci, accusée de soutenir le Hamas et dont les financements ont été suspendus par plusieurs pays donateurs, de nombreux pays arabes ont convoqué le Conseil de sécurité mercredi pour souligner les répercussions d’une telle mesure et ses conséquences politiques, à savoir la suppression du statut unique des réfugiés palestiniens.  

“Nous avons très peu à offrir, mais nous continuons de gérer 53 abris où ont trouvé refuge 1,4 million de personnes", poursuit Tamara Alrifaï, qui demande "un acheminement beaucoup plus élevé de l'aide humanitaire, de la nourriture" et appelle Israël "à baisser les restrictions sur le passage de nos camions". Dans la foulée, l’ONU a annoncé un appel à financement. Les Nations Unies affirment avoir besoin de 2,8 milliards de dollars pour financer leurs activités à Gaza et en Cisjordanie, où des manifestations pour les prisonniers palestiniens ont eu lieu.  

Peu avant d’affirmer qu'Israël “faisait tout son possible” pour l’acheminement de l’aide humanitaire, Netanyahou, qui rencontrait les chefs de la diplomatie britannique et allemande, a insisté sur “le droit” de Tel Aviv “à se protéger”. Mais pour le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, le Premier ministre israélien souhaite entraîner la région dans une guerre “pour se maintenir au pouvoir”. 

Cette déclaration intervient avant la réception, par le président Recep Tayyip Erdogan, du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh. Celui-ci a rejeté la proposition de cessez-le-feu israélienne, affirmant samedi dernier avoir remis sa réponse aux médiateurs en Egypte et au Qatar. Le mouvement palestinien exige notamment un cessez-le-feu permanent. "La réponse du Hamas à la dernière proposition d'accord est conforme aux résolutions du Conseil de sécurité qui exigent d'Israël un cessez-le-feu, une aide immédiate aux réfugiés palestiniens et le retour des habitants du nord de la bande de Gaza", estime le chef adjoint du bureau politique du Hamas, Mussa Abou Marzouk. 

De son avis, les négociations ne sont pas dans l’impasse car l’organisation, au pouvoir à Gaza depuis 2007, ne s‘est pas retirée des pourparlers mais le Qatar “réévalue” sa médiation. “Nous sommes en train de procéder à une réévaluation globale de notre rôle”, a déclaré dans une conférence de presse cheikh Mohammed ben Abdelrahman Al-Thani. 

Au Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis ont de nouveau opposé leur véto, cette fois-ci pour une résolution largement soutenue par les membres des Nations unies, qui aurait pu ouvrir la voie à une adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU. 

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