Gaza : les opérations israéliennes se poursuivent dans les hôpitaux, aucun signe de trêve malgré une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU
Pour la première fois depuis le début de la guerre à Gaza, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté une résolution exigeant un “cessez-le-feu immédiat”. Les États-Unis, qui ont opposé leur véto à trois résolutions, se sont abstenus et cette adoption exacerbe les tensions avec Israël. L’armée de Tsahal poursuit toujours ses bombardements et ses opérations, en ciblant particulièrement, depuis deux semaines, les hôpitaux de l’enclave palestinienne. Jeudi, le ministère de la Santé du Hamas a fait état d’au moins 66 morts les dernières 24 heures, portant le bilan total à plus de 32 500 décès. La situation humanitaire à Gaza est toujours aussi désespérée et les pourparlers “indirects” entre Tel Aviv et le Hamas ne montrent pour le moment aucun espoir de trêve.
Les opérations de Tsahal dans les hôpitaux se poursuivent
Les opérations terrestres de l’armée israélienne se poursuivent depuis le 18 mars aux abords des trois grands hôpitaux de Gaza, au nord comme au sud. L’armée de Tsahal a annoncé mercredi 27 mars continuer son opération dans l’hôpital Al-Shifa, affirmant avoir éliminé jusqu’à présent “environ 200” personnes présumées membres du Hamas et d’en avoir arrêté “des centaines”. Il est aussi question, affirme-t-on, de découvertes d’armes.
Israël a d’ailleurs confirmé l’élimination du numéro 2 de la branche armée du Hamas. Marwan Issa, confirmant l’information dévoilée le 18 mars par la Maison Blanche.
L’hôpital Al-Amal, situé comme l’établissement Nasser à Khan Younes (Sud), “a complètement cessé de fonctionner”, déplore le Croissant-Rouge palestinien. Les bombardements se poursuivent et ciblent toujours les alentours de ces structures sanitaires. Jeudi 28 mars, le ministère gazaoui de la Santé a dressé un premier bilan de 66 morts dans la nuit, causées par des frappes israéliennes.
Le bilan total, communiqué ce jeudi, fait état de 32 552 morts, essentiellement des femmes et des enfants, et de 74 980 blessés depuis le début de la guerre en octobre.
A cela s’ajoute une situation humanitaire qui ne s’améliore guère, malgré une brève mobilisation internationale pour l'acheminement davantage d’aide. L’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA, a encore averti contre la famine qui guette la bande de Gaza. “Les restrictions doivent être levées maintenant”, exhorte l’agence onusienne. “L’horloge tourne rapidement vers la famine”, insiste-t-on dans un rapport, selon lequel plus de 70 % des 2,3 millions d’habitants de Gaza sont confrontés à une ”faim catastrophique”. “Nos convois alimentaires ne peuvent pas atteindre le nord, où la famine est imminente”.
La Cour internationale de Justice a d’ailleurs ordonné ce jeudi à Israël d'assurer "une aide humanitaire de toute urgence" dans l’enclave, affirmant que "la famine s'installe". "Israël doit, conformément aux obligations lui incombant au titre de la convention pour la prévention et la répression du crime de génocide", "veiller sans délai" à ce que soit assurée "sans restriction et à grande échelle, la fourniture par toutes les parties intéressées des services de base et de l'aide humanitaire requis de toute urgence" à Gaza, a-t-on déclaré depuis La Haye, où l’Irlande a décidé de rejoindre la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour “génocide”.
Pourparlers stériles, l'abstention des USA déplait à Tel Aviv
“Nous pensons que [les restrictions de l’aide humanitaire pourraient constituer une intention génocidaire], compte tenu de la façon dont cette guerre a été menée”, a déclaré, mercredi, le ministre irlandais des Affaires étrangères, Micheál Martin. “Nous inviterons la Cour à examiner la façon dont vous déterminez si un génocide a eu lieu ou non sur la base d’une population entière punie collectivement”.
Après plus de cinq mois de conflit, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi dernier sa première résolution réclamant à la fois un “cessez-le-feu immédiat” pendant la durée du ramadan et la libération de tous les otages retenus dans la bande de Gaza. Washington, jusque-là opposé à toutes les résolutions, s’est abstenu de voter, suscitant l’ire de Tel Aviv, qui a annulé le déplacement d’une délégation aux États-Unis pour discuter du projet d’offensive terrestre à Rafah. L’attachée de presse de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a par la suite confirmé que Benjamin Netanyahu “avait accepté de reporter la réunion”.
Le Premier ministre israélien ne montre toujours aucun signe de renoncement ni même de compromis à propos de cette éventuelle opération à Rafah. “Seule une pression militaire puissante, comme celle que nous avons exercée et que nous continuerons d’exercer, permettra de ramener tout le monde”, a-t-il affirmé.
Le Hamas, qui dirige Gaza depuis 2007, accuse le gouvernement israélien d'être "entièrement responsable" de "l'échec" jusqu'à présent des pourparlers en vue d'une trêve dans les combats. Ces pourparlers, menés sous l’égide du Qatar, de l'Egypte et des États-Unis, se poursuivent, quoique de manière indirecte, affirme Doha.
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