Émeutes : L'Intérieur demande au compte Twitter "Cerfia" de "calmer" le jeu
DÉPÊCHE — Le ministère de l'Intérieur s'est entretenu avec le directeur adjoint du compte Twitter "Cerfia" et lui a demandé d'essayer de "calmer un peu les choses", de "faire passer un peu les bonnes infos et d'apaiser la situation". C'est bien reçu du côté des jeunes, et c'est "totalement assumé" de la part du Beauvau.
Comme le rapporte Libération, c'est dans un enregistrement datant du samedi 1ᵉʳ juillet et publié sur Twitter que Pierre Delcombel assure avoir été contacté par la porte-parole du ministère. "C’était un échange amical [...] Elle n’est pas venue me voir pour dire arrêtez vos vidéos", raconte-t-il. Il a vu cela comme "une volonté d’apaiser les tensions" et assure que "le ministère de l’Intérieur ne se mêle pas de nos tweets".
De son côté, la porte-parole de Beauvau Camille Chaize "assume totalement" avoir voulu "discuter de leur ligne éditoriale et des effets de mimétisme". Elle explique : "Je pense que ça les a fait réfléchir et que ça peut participer à l’apaisement de la situation. C’est un groupe d’étudiants qui sont très suivis par les jeunes."
En effet, forts de leurs 640 000 abonnés, le groupe d'étudiants bénévoles constitue le deuxième média français sur Twitter, derrière Médiavenir.
Finalement, les deux parties prenantes semblent avoir conclu un marché : d'une part, Cerfia assure comprendre sa responsabilité et s'engage à publier davantage "d’informations positives" ; d'autre part, le ministère de l'Intérieur s'est engagé "à leur fournir des informations officielles".
Sur Twitter, Cerfia résume : "Le ministère de l’Intérieur a contacté Cerfia au sujet des émeutes en cours en France. Il nous communiquera des chiffres officiels afin de traiter au mieux l’information. Cerfia conserve néanmoins toute son indépendance et reste libre dans son relai de l’information."
Apaisement ou censure ?
Le ministère de l'Intérieur affirme n'avoir contacté que ce média-là, et certains de ses concurrents y voient une forme de censure.
Parmi eux, cité dans l'article de Libération notamment, @MoussaPerso s'est insurgé au nom de son compte "AlertesInfos" (292 000 abonnés) :
Au cas où mon média d'information @AlertesInfos se ferait suspendre suite à l'article de Libération consacré à @CerfiaFR, je vous prie de bien vouloir vous abonner à ce compte @MoussaPerso ! Comme je l'ai dit, je ne me plie pas à la censure. Non à la violence et non à la censure.
— Moussa (@MoussaPerso) July 3, 2023
S'il n'a pas été contacté par le ministère, il assure : "Même si c'était le cas, je n'aurais pas accepté." Il déplore par ailleurs que Twitter lui ait censuré plusieurs de ses publications.
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.