L'avis Tranchant d'Alain : Plaidoyer pour le professeur Raoult, en réponse à un correspondant
Tribune
Après avoir bien regardé le calendrier, je suis en mesure de l'affirmer : non, ce n'était pas sa fête, ni dimanche 17 janvier, ni lundi 18 janvier ! Et pourtant qu'est-ce qu'il a pris ! Si le lecteur me passe la formule ...
Dimanche soir, sur le coup de 23 heures, c'était M6 et son "Enquête exclusive" qui menait la charge. Lundi, c'est toute la presse, ou peu s'en faut, qui prenait le relais en laissant entendre qu'enfin le professeur Raoult reconnaissait que son traitement à base de chloroquine n'avait pas d'effet contre le coronavirus. Et, tandis que je me réjouissais sur "France Soir" que Madame Macron ait indiqué aux téléspectatrices et téléspectateurs du journal de 20 heures de TF1 que, oui, on pouvait "soigner" les malades de la Covid-19, un correspondant non anonyme m'invitait à la suite de mon "Merci, Madame Macron !", à "contredire le document très à charge contre le professeur Raoult", à "rétablir la vérité" parce que "c'est très déstabilisant d'entendre de telles affirmations sans arguments à décharge".
Répondant au message de M. Jean-Michel Lemarchand, et le remerciant, je m'empresse de dire que je n'ai certainement pas la prétention de détenir la vérité, en quelque domaine que ce soit. Comme tout individu, je me fais ma propre opinion, je la fais connaître grâce à l'aimable concours de "France Soir", mais je n'oblige personne à la partager. Bien sûr, comme tout être humain, je ne suis pas insensible aux approbations, et il ne m'est pas désagréable de constater que mes propos peuvent rejoindre ceux de correspondants inconnus, qui rêvent comme moi d'une France un peu plus exemplaire dans l'ordre de l'humain. Et, ne leur en déplaise, je passe outre, et allègrement, quand je parcours par exemple le torrent de haine mal réprimée qu'a engendré ma "Lettre au professeur Perronne", alors que les Hôpitaux de Paris venaient de lui retirer sa fonction de Chef du service des maladies infectieuses à Garches.
"Riri, fifi et loulou font de la science" !
Cela étant dit, je suis absolument certain que le professeur Raoult et l'équipe qui l'entoure à l'Institut Hospitalo Universitaire Méditerranée Infection n'ont aucun besoin de moi pour apporter à ces attaques les réponses qu'elles méritent. Avec les comptes Twitter de Corinne Reverbel ou d'Eric Chabrière, professeur à l'IHU, la mise au point avait déjà commencé. Elle a continué en ce mardi avec, sur YouTube, la vidéo hebdomadaire du professeur Raoult, au titre révélateur de la sérénité marseillaise : "Riri, Fifi et Loulou font de la science".
A ma modeste place, je n'entends pas laisser sans réponse la réaction de Monsieur Lemarchand, et je veux simplement mettre en lumière quelques faits majeurs, qui sont autant d'arguments difficilement réfutables.
Et d'abord, "tout ce qui est excessif est insignifiant". Rarement, le mot de Talleyrand n'aura été mieux illustré. On peut aussi le dire autrement : trop, c'est trop ! Pour avoir du crédit, il faut garder de la mesure. Faut-il que le professeur Raoult, comme son collègue Perronne, dérangent pour qu'il leur soit infligé pareils traitements. Sans parler d'un Ordre aux ordres, et qui fait désordre, tant son silence a été éloquent quand -pour la première fois dans l'histoire de la médecine- une interdiction de prescrire a été ordonnée aux médecins ou quand, faute de masques, plus de 40 médecins perdaient la vie en accomplissant leur devoir de porter assistance aux malades.
Ce qui était à l'oeuvre dimanche soir, c'est cette "désinformation en marche" que je dénonçais récemment. Les effets de cette désinformation, je les mesure dans mes conversations. Il est clair qu'à l'exception de quelques médias encore libres - mais pour combien de temps ? - il existe aujourd'hui un discours officiel qu'il vaut mieux reprendre si l'on n'entend pas être considéré comme un "complotiste". Ce qui n'a strictement aucun sens.
Pour un débat télévisé contradictoire
Mais l'honneur de la démocratie, c'est le débat, opinion contre opinion. Le vrai débat. Pas le simulacre de débat ou d'entretien, où le journaliste ne cesse d'interrompre, parfois pour se mettre lui-même en valeur. Ecrivant cela, j'ai en tête l'entretien accordé par Didier Raoult à David Pujadas, dans son bureau à Marseille. Sans grand risque de me tromper, je doute que le professeur le reçoive une seconde fois ... Et, parce que nous ne sommes pas en guerre -par bonheur ! - mais en lutte contre une pandémie, je suggère qu'un grand débat télévisé soit organisé, à une heure de grande écoute, entre d'une part les tenants de la prise en charge et du soin apporté aux malades, d'autre part les apôtres du "Restez chez vous ! Prenez du Doliprane ! Appelez le 15 si ça va trop mal !"
Nul doute que les Français auraient tout à gagner à entendre, d'une manière respectueuse des opinions et des intervenants, les arguments des uns et des autres. Et que l'on ne dise pas que le monde médical ferait apparaître ses divergences. Elles sont déjà étalées sur la place publique, comme le sont les conflits d'intérêts, pour parler clair, les financements apportés par des laboratoires à des médecins, qui mériteraient -comme l'a suggéré le Directeur de l'IHU- une réglementation du même genre que celle qui a été appliquée aux partis politiques.
Pour l'information de mon correspondant, je veux souligner que si le professeur Raoult a participé à la première réunion du Conseil scientifique de l'Elysée, la seule à laquelle il a pris part, c'est parce que son condisciple de la Faculté de médecine de Marseille, aujourd'hui président de la région Sud, Renaud Muselier, s'était étonné auprès de l'Elysée qu'il n'en fasse pas partie, étant donné ses compétences universellement reconnues en matière de maladies infectieuses. Une réunion lui a suffi pour voir que la composition du Conseil n'était peut-être pas la bonne. La suite ne lui a pas vraiment donné tort. Qui oserait sérieusement dire le contraire ? C'est au cours de cette réunion qu'il a pu assister à une scène proprement incroyable. Dans le saint des saints de la République française, au Palais de l'Elysée, sous les yeux du président Macron, un représentant d'un laboratoire américain suggérait un remède au Covid-19 : le Remdésivir.
Personne n'est venu démentir cette information rendue publique par le professeur Raoult. C'est lui, aussi, qui a mis en parallèle le coût des deux traitements : 8 euros la boîte de Plaquénil, 3 500 euros le traitement au Remdésivir. Le laboratoire américain en a vendu pour un milliard d'euros aux Etats européens, dont la France, quelques jours avant que l'OMS recommande -fin novembre- d'écarter le Remdésivir du traitement de la Covid-19. Dès le mois d'avril 2020, Didier Raout avait pourtant indiqué, prêchant dans le désert, que non seulement ce traitement était sans effet sur la maladie, mais qu'il entraînait des complications rénales.
Dans les pays pauvres, la mortalité la plus faible
La seconde idée sur laquelle je voudrais insister, c'est la nécessité de sortir du cadre franco-français, voire européen, pour évaluer la situation épidémique. Il n'est que d'entendre le professeur Castex pour s'en convaincre. Toujours, la comparaison est faite avec les Etats européens, de préférence ceux qui sont encore moins bons que nous. Jamais n'est évoqué le cas du reste du monde, à l'exception des pays qui ont les plus mauvais résultats, et dont nous ne sommes malheureusement pas si éloignés que cela. On se console comme on peut ...
Quand l'historien fera le bilan de cette pandémie, il s'intéressera -c'est l'évidence ! - au sort de l'hydroxychloroquine. Et, par voie de conséquence, il ne manquera pas de faire une observation majeure : c'est dans les pays pauvres que la mortalité est la moins élevée. Et c'est précisément dans ces pays que l'hydroxychloroquine a été le plus massivement utilisée, et que la prise en charge et le soin aux malades ont été des priorités. On a fait avec les moyens du bord, sans chercher de nouvelles molécules et sans attendre la découverte de vaccins. Je renvoie mon correspondant à mon "papier" consacré à une interview parue dans le journal sénégalais "Le Soleil" : "Les quatre vérités du professeur Raoult".
Troisième point : il n'est pas possible de passer sous silence les résultats obtenus à Marseille par le professeur Raoult et ses équipes. On l'avait déjà constaté au printemps dernier : on mourait moins à Marseille, ou à Garches, de la Covid-19 que dans le reste de la France. Ce que l'on sait peu en revanche, c'est que des Français sont venus de toute la France se faire soigner à Marseille. Cette situation est inacceptable ; le peuple français aurait dû avoir droit, devrait avoir droit, à une égalité de traitement sur l'ensemble du territoire national.
Quand les patients étaient testés, et M. Véran a été incapable d'organiser cela au plan national au début de l'épidémie, quand les malades étaient détectés, isolés pour éviter la contamination, et soignés, on évitait aussi les entrées en réanimation, on soulageait l'hôpital. C'est le cercle vertueux. Mais la politique du pouvoir -si c'en était une ! - a surtout été d'écarter les médecins de ville, les médecins traitants précisément, de la gestion de la pandémie. Le gouvernement par la peur ayant aussi dissuadé les Français d'aller chez leur médecin, il est même arrivé ceci que les revenus de certains médecins ont alors subi des baisses importantes.
A Marseille, la mortalité dans les EHPAD a été divisée par deux. Pour le même motif : dès avril 2020, les résidents étaient testés avec le concours des marins-pompiers. Et les malades étaient soignés. Je peux attester que dans d'autres régions, au mois de septembre, aucun test n'avait été effectué en EHPAD. Deux poids, deux mesures, ce n'est pas l'égalité pour le peuple français, ce n'est pas la République française ! Alors, évidemment, quand on affiche à Marseille des résultats bien meilleurs que ceux de la capitale, cela ne plait pas au Directeur des hôpitaux de Paris, et sa réaction est la pire qui soit : silence dans les rangs, et que pas une tête ne dépasse ! Le professeur Perronne en sait quelque chose.
Le soutien de 1300 médecins du monde entier
Plus de 160 études ont été publiées dans le monde, attestant de l'efficacité du traitement de la maladie par l'hydroxychloroquine et l'azithromycine. Intervenant sur C8 lundi soir, dans l'émission animée par Cyrille Hanouna, l'avocat du professeur marseillais, Fabrice Di Vizzio, révélait qu'il disposait de 1 300 lettres de soutien au professeur Raoult, émanant de médecins du monde entier. Nul n'est prophète en son pays. Quel dommage ! Quel grand dommage !
Sans épuiser le sujet, certainement pas, je terminerai mon propos en revenant sur la participation du professeur Raoult à l'émission de Jean-Marc Morandini, sur CNews, le 9 octobre dernier. A cette occasion, il avait dénoncé l'escroquerie du siècle et lancé un appel aux journalistes d'investigation.
"Vous avez assisté, disait-il, à la plus grande escroquerie que je n'ai jamais vue de ma vie avec la toxicité de l'hydroxychloroquine. Vous l'avez vu, ça ? Et ça devrait vous poser la question de savoir : mais est-ce qu'on me ment ? Ou est-ce qu'il n'y a que là-dessus qu'on me roule dans la farine ? Et je suis sidéré qu'on ne se la pose pas.
"Il y a des gens qui ont essayé de faire croire, et qui ont réussi à faire croire, à des gouvernements et à l'OMS qu'un médicament qui a 70 ans, et qui est l'un des deux médicaments les plus prescrits de l'humanité, tuait 10 % des gens à qui on le donnait. C'est quelque chose qui doit nous amener à réfléchir sur l'état de notre société, qu'on peut berner à un point incroyable".
Le professeur Raoult soulignait alors qu'"il y a 5 milliards de personnes qui vivent dans les pays où l'hydroxychloroquine est recommandée, ou proposée, dans le traitement du Covid-19".
"Enquête a sens unique"
Et il lançait un appel à la presse d'investigation. "Si dans ce pays il existe des journalistes d'investigation, moi je fais appel aux journalistes d'investigation. Je voudrais bien savoir pourquoi les deux essais comparatifs faits dans ce pays : Discovery et l'essai qui a été fait à Angers, ont été arrêtés prématurément, tous les deux, alors que l'hydroxychloroquine donnait des résultats supérieurs au placébo. Cela, c'est du travail de journaliste, et ce n'est pas jaser sur un plateau, cela, ça m'intéresse. Il n'y en a qu'un qui s'y est intéressé, c'est "France Soir", pour l'instant. Mais je voudrais bien que des journalistes d'investigation interrogent les gens responsables de ces essais".
Sur "France Soir" précisément, j'avais commenté sobrement, quelques jours plus tard : "Question intéressante, à coup sûr. Et surtout embarrassante. Mais qui répondra au professeur Raoult, et quand ?"
On le sait désormais. Personne n'a répondu au professeur Raoult, et certainement pas M6 qui dispose là, même aujourd'hui, surtout aujourd'hui, d'une belle occasion de rétablir l'équilibre de l'information. Car, dimanche soir, ce n'était pas "Enquête exclusive", c'était "Enquête à sens unique"...
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