L'avis Tranchant d'Alain : un Président ne doit pas parler comme ça
Il paraît que le chef de l'Etat a "des fourmis dans les jambes et l'envie d'en découdre". En clair, qu'il est déjà en campagne électorale, ce qui n'est d'ailleurs une information que pour ceux qui en auraient douté. En son temps, François Mitterrand aurait pris son chapeau, son écharpe, et serait parti à la conquête ou à la reconquête des électrices et des électeurs...
Aujourd'hui, à peine le dernier séminaire gouvernemental était-il terminé que les petites phrases du président de la République se retrouvent le lendemain dans les journaux. L'argumentaire de campagne tient en trois formules destinées à autant de publics. "Quand la gauche nous critique, elle oublie que jamais autant n'avait été fait en matière sociale (...). Quand la droite nous critique, elle oublie que jamais autant n'avait été fait sur le droit du travail, la réforme de la SNCF, la réduction des impôts de production (...). Quand les écolos nous critiquent, ils oublient qu'ils n'avaient pas assumé de renoncer à Notre-Dame-des-Landes, de fermer les centrales à charbon ainsi que Fessenheim".
Alors que nous ne sommes qu'à la mi-janvier 2021, il serait plus profitable à nos compatriotes que le gouvernement s'occupe sérieusement des affaires de la France, en particulier de la crise sanitaire et de sa campagne de vaccination qui avance à la vitesse... de l'escargot, plutôt que d'une toute petite cuisine électorale hors de saison. Si l'opposition n'est pas totalement confinée, elle dispose là d'une belle occasion de porter la contradiction à un Président qui ne goûte guère l'exercice. Il ferait d'ailleurs bien de faire preuve d'un peu de modestie et de laisser sa morgue au vestiaire, car d'ici le mois de mai 2022 la situation économique, sociale, financière du pays a tout le temps de virer à l'aigre.
Nous savions qu'à la tête de l'Etat trônait un Président attrape-tout. Gaulliste à Colombey-les-Deux-Eglises, pompidolien à Orvilliers, giscardien à Authon, mitterrandien à Jarnac, chiraquien au cimetière du Montparnasse et, sans aucun doute, clemenciste à Mouilleron en Pareds. Désormais, nous savons que M. Macron n'a aucun scrupule à avoir dit une chose et fait son contraire, et qu'il n'éprouve pas la moindre gêne pour donner la leçon aux "écolos" trois ans plus tard. Car, s'il est un sujet sur lequel on pouvait s'attendre à davantage de retenue de la part du président de la République, c'est bien celui de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Il faut vraiment que le chef de l'Etat soit d'un cynisme total pour revendiquer comme un fait d'armes l'abandon d'un projet pour lequel il avait pris des engagements forts, et pour ériger en un monument à sa propre gloire le reniement d'une parole donnée au peuple français.
Voyons en effet les déclarations de M. Macron ! Le 1er février 2017, sur France Info, alors qu'un journaliste l'interpelle : "Vous, Président, vous lancez la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?", la réponse fuse : "Oui, je l'assume. Il y a eu un vote, on a consulté le peuple dans un périmètre qui a été défini, il s'est exprimé, je suis pour respecter cette décision". Puis, le 6 avril, dans "L'Emission politique" de France 2, M. Macron réitère sa promesse de construire l'aéroport : "Je prends l'engagement de faire respecter le vote, de le faire avec ma méthode". Et, encore quelques jours plus tard, face à WWF (organisation non gouvernementale vouée à la défense de l'environnement) : "Je ne peux pas être dans une situation où j'arrive et je dis : avec moi, il n'y aura pas de Notre-Dame-des-Landes."
Drôle de "méthode", et drôle de "nouveau monde" ! Du moins, pour ceux qui avaient oublié que "les promesses n'engagent que ceux qui les entendent". Et, au bout du compte, ne serait-ce pas en ce mois de janvier 2018 où M. Macron a donné gain de cause à 200 ou 300 zadistes, contre plus de 160 décisions de justice et une consultation des citoyens de Loire-Atlantique, que seraient réellement nés les Gilets jaunes ?
Formé à l'école hollandaise, M. Macron en garde des stigmates.
Non, décidément non, un Président ne doit pas parler comme ça.
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