"National Geographic" déplore ses "reportages racistes" publiés pendant des dizaines d'années
La rédactrice en chef du magazine National Geographic s'est excusée lundi 12 pour les "reportages racistes" publiés dans la revue durant des dizaines d'années.
Cet "examen de conscience" sous forme d'un long éditorial a été publié dans un numéro spécialement consacré à la question raciale.
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"Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes. Pour surmonter ce passé, nous devons le reconnaître", ainsi commençait le texte écrit par la dixième rédactrice en chef de la revue fondée en 1888.
Contrairement à d'autres magazines de la même veine, National Geographic n'a fait "aucun effort pour éviter les stéréotypes de la culture blanche occidentale", a souligné l'historien John Edwin Mason cité dans le texte.
"Dans un article paru en 1916 sur l'Australie, les Aborigènes ont été qualifiés de +sauvages+ qui +se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains+", indiquait par exemple Susan Goldberg qui a aussi précisé être "la première rédactrice en chef, Juive de surcroît, deux groupes de population qui ont eux aussi été discriminés aux États-Unis".
"Il m'est douloureux de partager cet affreux état de fait qui fait pourtant partie de l'histoire du magazine", s'est-elle excusée en rappelant la manière dont les minorités ont été représentées dans le magazine durant des décennies.
"Contrairement à d'autres magazines, National Geographic a très peu fait pour que ses lecteurs dépassent les stéréotypes de la culture blanche occidentale."https://t.co/qc8xWDKNsW
— National Geographic (@NatGeoFrance) 12 mars 2018
Elle a rappelé l'importance pour les journalistes de "présenter de la manière la plus authentique qui soit les différentes personnes que nous mettons en exergue", en évitant les clichés occidentaux.
Les clichés racistes, qui présentaient par exemple les hommes noirs soumis au travail forcé et qui tenaient les maisons aux Etats-Unis comme une "fierté" de l'histoire du pays, ont perduré dans le magazine jusque dans les années 70 d'après une analyse minutieuse des archives.
"Les Américains n'avaient en tête que des représentations comme les films de Tarzan et les caricatures grossières et racistes. La ségrégation le voulait ainsi. National Geographic n'a pas organisé l'émancipation des préjugés que son autorité aurait permis d'organiser. National Geographic est né au moment où la colonisation était à son apogée, et où le monde était divisé entre colons et colonisés. Une ligne de couleur les séparait, et National Geographic était le reflet de cette vision du monde", a souligné John Edwin Mason après avoir eu accès à des dizaines et des dizaines de reportages et photographies issus des archives de la revue.
Rappelant que "dans deux ans, pour la première fois dans l'histoire des États-Unis, moins d'un enfant sur deux sera Blanc", Susan Goldberg a finalement voulu en finir avec "l'idée erronée de races". Elle a aussi souhaité que les prochains "rédacteurs en chef de National Geographic puissent être fiers de l'histoire de ce magazine - pas seulement pour les reportages que nous aurons décidé de publier mais aussi pour la diversité de journalistes, rédacteurs et photographes qui les portent".
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