Gaz russe : l'Europe prépare les esprits à une "économie de guerre"
Winter is coming. Après deux ans de restrictions sanitaires, les Européens vont devoir composer avec d'autres mesures strictes, cette fois-ci liées à l’énergie. Le mercredi 20 juillet, la Commission européenne a présenté son plan pour faire face à d’éventuelles coupures de gaz par la Russie ; elle appelle les États membres à baisser de 15 % leur consommation d'énergie. De son côté, le gouvernement français a appelé ses concitoyens à multiplier les efforts du quotidien.
L'Europe veut contrer la Russie avec une "économie de guerre"
En mars dernier, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire évoquait une "guerre économique et financière totale à la Russie", visant ni plus ni moins qu'un "effondrement de l'économie russe". Des propos pour lesquels il a aussitôt rétropédalé, craignant une escalade militaire entre la Russie et l'Europe. Pour autant, l'Union européenne s'est évertuée à sanctionner la Russie à tour de bras, provoquant sa colère...
"La Russie a fourni aux Européens quelque 150 milliards de mètres cubes de gaz en 2021, soit 40 % des importations de l'UE", d’après Le Figaro. Mais depuis le début de la guerre en Ukraine, le géant russe Gazprom a réduit le flux à moins d'un tiers. Suite au bras de fer entre Moscou et les Occidentaux, l’Europe s’attendait à ce que l’énergéticien coupe le robinet. L’annonce de la remise en service du gazoduc Nord Stream 1 et de nouvelles livraisons programmées vers l’Allemagne a redonné un bref souffle d’espoir aux Européens… Mais cela n'a pas duré.
Voir aussi : Crise financière mondiale : les sanctions occidentales sont une chance pour la Russie
Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, " la Russie utilise l'énergie comme une arme", selon Euronews. Et d'ajouter : "Dans tous les cas, qu'il s'agisse d'une coupure partielle et majeure du gaz russe ou d'une coupure totale du gaz russe, l'Europe doit être prête".
Dans l’un des "pires" scénarios envisagés par Ursula von der Leyen, les Occidentaux devront se préparer à une pénurie de gaz cet hiver. Pour parer cette éventualité, qui menace l’ensemble des Européens, la Commission a présenté son plan le 20 juillet, prévoyant de réduire de 15 % la demande européenne en gaz. Par ailleurs, l’arsenal de mesures présenté par Bruxelles comprend aussi la "limitation du chauffage de certains bâtiments", ou encore l'incitation "des entreprises à réduire leurs besoins", comme le rapporte Ouest France.
Côté français, le mot d'ordre sera le même : consommer moins d'énergie. D'une part, le président de la République brandit un "plan de sobriété énergétique", de l’autre, le porte-parole du gouvernement considère que les Français devront faire de "petits gestes" pour économiser l’énergie. Encore un petit effort...
Voir aussi : Écologie: "Grand plan de sobriété énergétique" ou passe climatique?
Des "petits gestes" du quotidien pour les citoyens
C'est à l’issue du Conseil des ministres du 20 juillet que le gouvernement a mis les gaz. Après avoir été ministre de la Santé, Olivier Véran prend son (pas si) nouveau rôle de porte-parole très à cœur. Il a déclaré : "Nous demandons un effort aux citoyens, aux Françaises et aux Français", estimant qu’il n’y a pas de "petit geste" en matière d’énergie. Tout cela n'est pas sans rappeler le ton de ses propos relatifs à la crise sanitaire, que d'aucuns auraient préféré oublier. Mais, comme l'a dit Emmanuel Macron, "la guerre va durer".
Voir aussi : Crise énergétique : entre freins à la consommation et protestations
Citant quelques exemples, l’ex-ministre a énuméré des consignes énergétiques : "Quand on part en week-end ou en vacances, on débranche un maximum de prises électriques parce que sinon, elles continuent de consommer de l'énergie". Il a appelé également à couper le wifi, à "baisser un peu la clim, maintenant que les températures sont appelées à diminuer", et à éteindre la lumière "dans les pièces qui ne sont pas utilisées".
D'après Olivier Véran, les Français ne seront pas "contraints" de consommer moins d'énergie : "Ce n'est pas notre philosophie", a-t-il assuré. Il a aussi rappelé que l’État et les entreprises allaient prendre des mesures de leur côté. Pour l'instant, c'est essentiellement "aux citoyens, aux Françaises et aux Français" que le gouvernement demande "un effort". Le gouvernement prépare les esprits.
Voir aussi : Coût de la vie : les ménages français pâtissent tandis que le gouvernement vante son bilan
Pour Bruno Le Maire, il faut "que nous accélérions notre indépendance énergétique". Des propos nourris par la Première ministre Élisabeth Borne, qui confirme que l’on peut "avoir des tensions sur le gaz cet hiver". En tout cas, pour Olivier Véran, "chaque énergie que nous sommes capables collectivement d’économiser aujourd’hui, c’est de l’énergie dont nous serons sûrs de pouvoir disposer l’automne et l’hiver prochains".
Finalement, ce sont les Européens qui pâtissent du comportement guerrier des dirigeants occidentaux. Certaines personnalités politiques le déplorent depuis plusieurs mois déjà : Viktor Orban, le Premier ministre hongrois, martelait que l'UE "s'est tirée une balle dans les poumons". De son côté, Henri Guaino, ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy (2007-2012) et député UMP-LR, assurait en mai dernier : "Nous marchons vers la guerre comme des somnambules".
Au vu des récentes révoltes populaires observées à l'international, reste à savoir si la guerre ne sera pas civile avant tout...
Lire aussi : Contestations sociales à l'international: un nouveau Printemps des peuples?
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.