EDF : vous le paierez trois fois

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Le Collectif Citoyen, pour FranceSoir
Publié le 19 juillet 2022 - 13:45
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EDF
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AFP / DENIS CHARLET
Elisabeth Borne a annoncé le 6 juillet la volonté de l'Etat de porter à 100 % sa participation au capital d'EDF.
AFP / DENIS CHARLET

TRIBUNE - Le 6 juillet dernier, Madame Borne annonce la nationalisation d’EDF en même temps qu’elle partage sa vision politique avec la nouvelle Assemblée nationale. On peut dire que, dans l’ensemble, l’évènement n’a pas fait débat ensuite. Ou que, plus exactement, rapporté aux boucheries actuellement en cours en Europe de l’Est, l’EDF soviétisé a pris d’un coup le visage de cette excellente nouvelle : le retour en France d’un État stratège, à l’heure où se profile dans le monde une crise énergétique de premier ordre.

Oui, clairement, il y a de l’eau dans le gaz. Et si le gaz est russe, l’eau est beaucoup plus trouble. Alors qu’importe que cette opération coûte 13 milliards d’euros puisqu’elle est d’importance souveraine. Et dans les moindres détails, voyez-vous : tout à la fin, en effet, la question en jeu est de savoir si les Martin (c’est le patronyme le plus fréquent en France) pourront se chauffer correctement cet hiver et, ensuite, s’éclairer sans soucis, ou bien sûrement aller se faire cuire un œuf : l’affaire est vraiment sérieuse ; la nationalisation s’imposait.

Ayant rendu mes hommages à l’AFP par ces premiers paragraphes, il faut maintenant ramener un peu de vérité dans cette affaire.

Primo, nationaliser EDF quand le secteur privé n’en détient en bourse que 20%, c’est un acte qui n’est pas dénué de sens, il est simplement idiot. S’il s’agit, en effet, d’investir lourdement sur l’entreprise et ses capacités de production (c’était bien la question - non ?), ne pas dépenser 9,7 milliards pour racheter ces 20% est la meilleure disposition qui soit. À moins que l’État ait pour bienveillance, - oh non… -, de dépouiller complètement le secteur privé sur EDF. Ce qu’il a déjà bien accompli depuis une décennie ; voyez ce petit graphique catastrophique :

Source : Boursorama. Notez que dans les 6 mois précédents l’annonce de nationalisation du 6 juillet, les volumes d’achat d’actions EDF ont augmenté de… 30%. C’est la main invisible du marché invisible : entre initiés, ces choses délicates sont évoquées ainsi.

Secundo, s’il s’agissait bien d’investir sur EDF à l’heure où les finances publiques sont dans un état déplorable (3 000 milliards de dettes), partager l’addition avec le secteur privé en évitant de le racheter était évidemment la décision de bonne gestion.

Tertio…  Mais il n’y a pas de tertio !

Il y a vérité de l’affaire : s’il fallait remettre de l’argent dans EDF en y faisant participer le petit actionnaire, il fallait forcément aussi en faire l’évaluation préalable, la Loi est ainsi faite. C’est-à-dire établir la valeur réelle d’EDF avant d’augmenter son capital. Et voilà pourquoi exactement EDF a été soviétisée sans prévenir un 6 juillet 2022 :

Soit il fallait dire la vérité à ses petits actionnaires privés : « En vrai, EDF ne vaut plus rien ; la boutique est comme vos actions, en carafe – désolé ».

Soit il fallait continuer à raconter des blagues à ce propos. Avec ce souci : à l’heure de lever de l’argent, un acte de ce genre engageait l’État pour longtemps. Et ensuite, des actionnaires déçus pouvaient tout aussi bien devenir très, très virulents devant des tribunaux.

Dommages et intérêts à la clé.

Peut-être même un peu de prison pour les auteurs de la plaisanterie boursière.

Nationaliser un 6 juillet a donc permis à Madame Borne de ne pas dire la vérité, mais sans trop mentir. C’est-à-dire de tout planquer à l’ombre de l’Armée rouge. Et oui, les choses sont également bien ainsi : les élites françaises ont en fait à remercier Monsieur Poutine !

Vous en doutez ?

Mais vous avez déjà oublié que, jusque-là, nous n’avons parlé que des 9,7 milliards sur les 13 que cette opération engage très officiellement.

Alors pourquoi 3,3 milliards de plus ?

Eh bien on ne le sait pas, figurez-vous !

Nous sommes en France, en 2022, à l’heure où un gouvernement et une entreprise publique peuvent bien taper 3,3 milliards dans les caisses, rien ne les oblige à nous dire pourquoi.

Et pourquoi ?

Parce que.

Rassurez-vous, ce principe n’a rien d’universel. C’est réservé à une élite. Essayez donc de faire la même chose de votre côté, vous verrez, ça se passera très vite très mal, et pour beaucoup moins que 3,3 milliards. Pour vous, la prison ferme peut aussi bien commencer par une rapine de 6 euros (1). Et parce que, une fois de plus - la question du pourquoi, je vous prie de l’oublier.

Je disais aussi que le motif des 3,3 milliards supplémentaires était inconnu.

En réalité, une foule de gens en sait le moindre détail. Mais tout le monde se tait : si on additionne tous les problèmes non-dits d’EDF, il y a en fait de quoi organiser ici deux ou trois Tchernobyl… Une dette réelle aussi faramineuse que lourdement sous-estimée ; de la vente d’électricité sous son prix de revient pour cause d’impératif européen ; la moitié des centrales nucléaires compromises en raison d’une maintenance laxiste ou bien d’un contrôle défaillant depuis parfois très longtemps (2) ; une perte de compétences dans le nucléaire résultant d’un laxisme intégral (le nucléaire militaire le prouve (3)) ; l’époustouflante nouvelle technologie des réacteurs EPR qui est en retard de dix ans et de bien plus de milliards ; le dossier Hinkley Point, une centrale anglaise qui a déjà couté à EDF 3,5 milliards de plus qu’annoncé (cette catastrophe avait été pourtant prévue), etc.

Récemment aussi, nos amis de Blast, révélaient que les groupes électrogènes de dernier recours de nos centrales nucléaires présentaient des… points de rouille. Vous l’ignorez sans doute, mais en cas de Fukushima, ces appareils sont censés les alimenter en électricité vitale. Pour l’heure néanmoins, on ne sait même pas dire quelle variole du singe a bien pu frapper ces machineries flambant neuves ! – elles n’ont jamais servi !

EDF parle d’un problème de rouille « surfacique ».

Surfacique, c’est tout de suite plus techno-mignon.

Sauf que… si des machines de ce genre, qui valent des millions d’euros, qui sont enterrées dans des bunkers ultra-sécurisés pour ne servir qu’en cas de catastrophe nucléaire, présentent de la rouille, eh bien, le spectre d’explications possibles est en fait assez restreint. Soit leur acier n’est pas de la qualité voulue, et ces machines de fabrication allemande sont à jeter : l’incident est à 100 millions, l‘insécurité en prime. Soit ce sont les bunkers qui sont trop humides, et l’incident passe possiblement à 1 milliard directement. Et 1,1 milliard si c’est la combinaison affligeante des deux. Am stram gram… pour le moment et ne rien changer, les dirigeants d’EDF ont préféré complètement surfacer la question.

Rouiller sans dérouiller, c’est toute une culture, figurez-vous.

Et vous l’avez bien compris. 3,3 milliards supplémentaires, c’est très probablement pour commencer : il était vraiment urgent de nationaliser pour tout régler à l’écart d’un débat démocratique. Au stade où nous en sommes en effet, nous n’avons ici évoqué que de quelques dossiers faisandés d’EDF. Sur cette base, n’importe lequel des esprits rationnels, même pas complotiste, conclura que cette entreprise a tellement de cadavres dans ses placards que ses dirigeants sont en fait comme les gestionnaires silencieux d’une morgue.

Vous en doutez ?

Voyez plutôt comment, alors qu'EDF s’organisait pour couler (comment le dire autrement ?), on a également géré le secteur de l’énergie en France dont cette entreprise publique est, - faut-il le rappeler ? -, la clé de voûte. En deux décennies, on y a dépensé des dizaines de milliards d’euros pour des énergies qui sont peut-être renouvelables (solaire, éolien), mais qui sont d’abord beaucoup plus chères, ne produisent qu’à tiers temps, en étant très dépendantes du climat. Avec parfois de gros trous d’air (2019 ; 2021, éolien, effondrement du vent en Europe). Des trous d’air qui sont incompatibles avec une économie moderne, ou bien la tranquillité de Monsieur et Madame Martin.

Comme cela ne suffisait pas, on a récemment (2021) trouvé le moyen de rajouter 9 milliards sur un plan hydrogène. Un vecteur d’énergie dont on sait que, en l’état, son rendement global est déplorable, - 27%, rapport Ademe janvier 2020 -, en comparaison de celui de l’électricité classique, qui atteint 70% pour les véhicules électriques.

Pendant toute cette période et ces milliards de milliards, on a également négligé d’améliorer les barrages et leur hydroélectricité, aussi renouvelable que très fiable… Elle représente pourtant 13% de l’électricité en France. Et ce pourrait être bien plus moyennant des turbines électriques dernier cri, qui, elles, ne valent pas des milliards par unité… On a également négligé de s’intéresser vraiment aux réacteurs nucléaires alternatifs (thorium, sodium) : ils sont pourtant équivalents à ceux à l’uranium, en étant bon marché, plus simples, et en présentant des risques et des déchets dangereux bien moindres. Je me souviens qu’une fois, à l’Assemblée nationale, Monsieur Hulot, écologiste alors en charge des questions énergétiques, fut précisément questionné sur cette technologie-là. Il répondit qu’il n’en avait jamais vraiment entendu parler (6). Cela arrive. Mais qu’ensuite, il ne s’en soit jamais préoccupé, cela peut-il faire partie des choses possibles dans un monde normal ?

En France, actuellement, oui.

C’est d’ailleurs avec à peu près la même désinvolture qu’on a aussi complètement écarté les Z machines, que vous feriez bien de connaître (7). Il s’agit d’une technologie ancienne, robuste, qui est en fait la porte ouverte sur l’infini de l’énergie par fusion nucléaire sans trop de problèmes. La technique doit être ajustée, oui, mais elle marche. En France, nous avions d’ailleurs une machine expérimentale de ce genre. Devinez quoi ? Et oui, elle a fini chez les ferrailleurs !

À la place et à Aix-en-Provence, on a conservé pour 25 milliards d’euros l’énorme réacteur ITER, une autre technologie de fusion nucléaire dont la probabilité de fonctionnement d’ici à vingt ans est… nulle (8). Ce qui en pratique n’est maintenant plus très grave : figurez-vous aussi que les Russes en fournissent également les composés magnétiques décisifs, sans lesquels ITER ne peut même pas être allumé… Alors, parti comme c’est, quand il faudra rayer 25 milliards des comptes, il est très probable que les élites françaises auront un autre Poutine pour tout planquer une fois de plus.

Et ce n’est pas fini : au milieu de cette catastrophe généralisée, on a également trouvé le moyen de cisailler d’une décision toute l’initiative privée des petits installateurs d’énergie solaire. Puisque l’énergie solaire à petite échelle, c’est souvent positif et très utile. Ce fut le décret N°2009-1414 signé par Monsieur Fillon : 20 000 emplois d’avenir et des centaines de petites entreprises rayés de la carte d’un paraphe du matin au soir.

C’était pour faire plaisir à EDF, qui avait pris du retard sur le soleil. Moi, j’ai par hasard connu une des victimes de cet attentat sans le dire : au matin, il avait un carnet de commandes de 100 millions d’euros, ainsi que des dizaines d’employés le plus souvent issus des quartiers difficiles, des gens récupérés à la force de la formation pratique. Le soir, il était ruiné, couvert de dettes, et toute son existence est très vite partie en vrac. Ensuite, il a eu droit à un divorce, aggravé par une longue hospitalisation pour cause d’épuisement.

Monsieur Fillon ; Monsieur Hulot… ceux-là mis de côté, vous avez lu beaucoup de « on » dans ce qui a précédé : « on a géré… » ; « on a négligé… » ; « on a écarté… », etc.  Alors il faut le dire : à l’heure où EDF est soviétisée, Madame Borne ne sera pas dérangée qu’au surplus je cite ce propos de Monsieur Staline, simplement lucide : « tout problème a un nom et un prénom ».

Parce qu’en France, toujours pas.

Innovons ! Essayons un peu ce que la presse mainstream n’osera jamais :

-      Monsieur Lemaire, ministre de l’Économie, disait le 10 juillet que « l’urgence était de remettre sur les rails EDF avec une nouvelle direction »…. Ok, Bruno ; te rappelles-tu que tu es sur le job depuis cinq années ? Et que dire de Monsieur Macron, au même poste entre 2014 et 2016 ? Ou de Monsieur Sapin ?

-      Monsieur Jean-Bernard Levy, qui quitte donc prochainement la présidence d’EDF. Mais il a dirigé cette entreprise pendant près de… dix ans. La question qui peut se poser, c’est de savoir s’il s’en ira sous les honneurs, retraites et divers avantage acquis…, ou bien dans l’opprobre général ?

Même question pour tous les membres de son conseil d’administration. Un audit très précis et peut-être des pénalisations à la clé, est-ce vraiment impossible ?

Parce qu’un administrateur, c’est aussi une personnalité rendue responsable de par la Loi.

-      Monsieur Martin Vial, administrateur d’EDF et représentant de l’État sept années durant, au titre de son boulot de dirigeant l’Agence des participations de l’État. À cet endroit, sur BFMTV, c’était en mai dernier, il philosophe sur sa belle mission pendant dix minutes. Et sur EDF ? Rien de précis. Un mois après, c’était 13 milliards. Qui demandera des comptes à Martin Vial ?

-      Madame Marie-Christine Petit, inspectrice des finances, occupe la même fonction depuis dix ans, en étant par ailleurs directement rattachée à Monsieur Le Maire (ouh-ouh, Bruno ?) depuis 5 ans.

Même question.

…Et qui désigner à Bercy, le ministère des Finances censé veiller à l’emploi de l’argent public ainsi qu’au patrimoine de l’État ? Cette chose qui appartient à vous, moi, et tous les autres.

Oui, il faut le dire : il existe en France des dizaines de personnes directement impliquées dans cette catastrophe permanente qu’est devenue EDF. Mais telles que les choses se présentent, aucune d’entre elles n’aura jamais à rendre des comptes.

Jamais.

Alors qu’en principe, il existe aussi dans ce pays une Assemblée nationale dont la première mission est de contrôler l’action des pouvoirs publics. Question pour un Républicain : combien faut-il donc de multiples de 13 milliards d’euros pour que cette Assemblée se décide à ouvrir en urgence une commission d’enquête parlementaire ?

Même question au Sénat !

Là où ces autres défaillances devraient vraiment vous scandaliser, c’est en apprenant que dans les années 1970, il est également arrivé à l’État français de dépenser à peu près la même somme, 13 milliards (9) : c’était pour le plan Mesmer et bâtir de rien ce qui allait devenir la première puissance nucléaire civile du monde !

En 2020, un montant identique ne sert qu’à boucher des trous… Des trous que, mes chers amis, vous l’ignorez, mais je vous le certifie…, vous allez payer trois fois. Oui, trois fois. Et sans doute pour beaucoup plus que 13 milliards finalement. Vous paierez pour EDF comme contribuable (l’argent de l’État, ce sont vos impôts, employés pour ceci… plutôt que pour cela) ; vous paierez pour EDF comme client (des hausses de tarifs sont déjà annoncées) ; et puis vous paierez pour EDF, également, comme épargnant : vos sous qui dorment en banque ou chez les assureurs, à quoi servent-ils en tout bout de chaîne ? Eh bien le plus souvent à acheter des obligations d’État, correspondant, par exemple, aux dettes qu’il faudra contracter pour combler le gouffre d’EDF.

Le 6 juillet dernier Madame Borne a donc crânement annoncé nationaliser EDF. Sans vous préciser que vous alliez le payer trois fois. Alors à la fin, ce qui résume tout, c’est ce proverbe turc : « Quand un clown prend le Palais, il ne devient pas roi ; c’est le Palais qui se transforme en cirque. »

Bienvenue dans le cirque des élites françaises.

 

(1)     De la prison ferme pour un sandwich

(2)     Les défaillances de qualité dans les centrales nucléaires d’EDF auront bientôt vingt ans

(3)     Les Militaires français produisent des sous-marins nucléaires, l’objet le plus technologique qu’on connaisse sur Terre. Ce qu’ils font en petit nombre (4-6 exemplaires) et pour une durée de service très longue, 30-40 ans. Afin d’assurer la maintenance et le renouvellement de leurs sous-marins, les Militaires sont donc contraints d’organiser en permanence la persistance d’une compétence humaine et technique de très haut niveau. Ce qu’ils ont parfaitement accompli. Contrairement à EDF, dont les centrales sont bien moins complexes et beaucoup plus nombreuses… La défaillance d’EDF dans ce domaine n’avait donc aucune fatalité ; elle a été organisée ou laisser-faire.

(4)     Hinkley Point, la catastrophe anglaise d’EDF

(5)     Les réacteurs alternatifs à ceux fondés sur l’uranium ici ou bien ici

(6)     En 2018, Monsieur Hulot balaie les alternatives aux réacteurs à l’uranium, qu’il ne connait pourtant pas... En fait, derrière Monsieur Hulot, c’est toute la filière électronucléaire (CEA, Orano, EDF, etc.) qui s’acharne à ne pas ouvrir ce débat-là.

(7)     La technologie des machines Z ici ou bien ici

(8)     ITER est un réacteur fondé sur la technologie des plasmas, qui sont confinés magnétiquement pour être exploitables. Mais ces plasmas sont structurellement instables, ce qui rend ITER inexploitable à une échelle industrielle. Et on ne dispose actuellement d’aucun cadre pratique ou théorique qui permette de remédier à ce problème. Le fait est officiel depuis des dizaines d’années. Mais chez ITER, la résolution de cette question a été remise aux bons soins… de l’avenir.

Une fois les 25 milliards dépensés ? Et tous les responsables actuels à la retraite ?

Pour le rôle décisif des Russes sur le volet magnétique d’ITER. L’avance technologique des Russes dans ce domaine est telle qu’ils y sont aussi irremplaçables.

(9)     1974 : Plan Mesmer : 13 milliards pour 13 centrales. 13 milliards d’alors, c’est 14 milliards d’euros actuels selon l’INSEE. Et à cette époque, un Premier ministre pouvait encore livrer au public une explication un peu consistante de ses projets énergétiques.

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