Loi budgétaire aux Etats-Unis : Le GEC, agence fédérale de lutte contre la désinformation étrangère, “pire agent de censure” pour Musk, ferme ses portes faute de financements
Est-ce le début de l’effondrement du complexe industriel de censure ? Le Global Engagement Center (GEC), agence fédérale américaine chargée de “lutter contre la désinformation” issue des pays rivaux des États-Unis, la Russie et la Chine à leur tête, ferme ses portes. Le bureau, dont les manœuvres pour censurer le contenu sur les réseaux sociaux avaient été révélées par les Twitter Files, peu après le rachat du réseau social par Elon Musk, a été sacrifié sur l’autel de la négociation budgétaire, liée à l’accord ayant évité le shutdown aux États-Unis.
Créé par Barack Obama à la fin de son second mandat, le Global Engagement Center a été évoqué lors de la 17e partie des Twitter Files, une série de révélations publiées par Elon Musk, le propriétaire de X, à partir de décembre 2022. Ces documents internes, relayés par des journalistes comme Matt Taibbi et Bari Weiss, ont exposé les décisions de modération de contenu prises par l'ancienne direction de la plateforme. Les fichiers mettent en lumière des pratiques controversées telles que le shadow banning, où la visibilité de certains comptes ou tweets était délibérément réduite sans en informer les utilisateurs.
Un “incubateur du complexe national de désinformation”
C’était Matt Taibbi qui révélait que le GEC, auquel était greffé le Digital Forensic Research Lab (Laboratoire de recherche judiciaire numérique, NDLR), avait fait pression sur Twitter, à travers les médias notamment, pour blacklister et censurer des milliers de comptes au nom de la lutte contre “la désinformation et la propagande étrangères”.
Si sa mission officielle était de “diriger et coordonner les efforts des États-Unis pour (...) contrer les efforts de propagande et de désinformation”, le journaliste affirmait que “l’objectif du GEC est plus large”, le comparant à un “incubateur du complexe national de désinformation”.
Elon Musk ainsi que les journalistes derrière les publications des Twitter Files nous apprenait alors que le GEC, “au lieu de répondre à la désinformation par une approche plus publique”, avait financé des sous-traitants pour créer “une nouvelle forme insidieuse et idiote de liste noire”.
Celle-ci contenait environ 40.000 comptes Twitter accusés de “comportement suspect”, de “nationalisme hindou” et seraient des “employés rémunérés ou possiblement bénévoles” du Bharatiya Janata Party (BJP), est un des deux principaux partis politiques indiens, présidé par Narendra Modi, actuel Premier ministre du pays. Cette liste contenait une multitude de citoyens américains ordinaires, n’ayant aucun lien avec l’Inde ni aucune idée de la politique indienne, affirmait Matt Taibbi dans les Twitter Files.
Le GEC s’était aussi démarqué par une requête au réseau social, portant sur la vérification de près de 500 comptes accusés de relayer une “désinformation étrangère” pour avoir tweeté, entre autres, le hashtag #IraniansDebatewithBiden (Les Iraniens débattent avec Biden) ou utiliser les messageries Telegram et Signal pour communiquer.
Une autre liste encore, cette fois-ci de 5.500 comptes considérés comme “chinois”, a également été transmise à Twitter, sous prétexte qu’ils menaient des “opérations coordonnées de manipulations soutenues par l’État”.
“Pire agent de censure gouvernementale”
Lorsque les membres de l’équipe de modération de Twitter se montraient dubitatifs aux requêtes du GEC, qui employait environ 120 personnes, cette agence faisait pression à travers les médias. “La méthode : créer un rapport alarmiste, l’envoyer à des journalistes et attendre qu’ils frappent chez Twitter, exigeant de savoir pourquoi cet écosystème n’est pas bridé” sur la plateforme.
Le budget du Global Engagement Center s’élevait alors à 61 millions de dollars environ. Avant-hier, mardi, le centre a été sacrifié pour éviter le shutdown aux États-Unis. Les opérations de ce bureau, une pièce maîtresse du complexe industriel de censure révélé par les Twitter Files et dénoncé par les républicains ainsi que le milliardaire Elon Musk, se sont stoppées net.
La mesure prolongeant son financement a été abandonnée dans la dernière version du texte législatif, qui a permis aux États-Unis d’éviter une paralysie budgétaire le 21 décembre.
Le propriétaire de X, nommé par Donald Trump co-responsable d’une commission pour l’efficacité gouvernementale, qualifiait le GEC du “pire agent de censure gouvernementale et d’instrumentalisation des médias”. Des reproches et des accusations toujours rejetées par le GEC.
Un des responsables du bureau, James Rubin, avait annoncé en juin le lancement d’un organisme multinational installé à Varsovie pour contrer la “désinformation russe” sur la guerre en Ukraine. Selon un rapport diffusé l’année dernière par le GEC, la Chine dépensait des milliards de dollars dans le but de “disséminer” de la désinformation et “réduire considérablement” la liberté d’expression dans le monde. Est-ce assez pour justifier la censure de milliers de comptes de citoyens lambdas pour des soupçons ?
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