Airbus met fin aux discussions avec Atos pour l’acquisition de l’activité “Big Data et sécurité” et porte un coup dur à l’informaticien

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France-Soir
Publié le 20 mars 2024 - 10:35
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Airbus se retire du jeu. “Après avoir soigneusement étudié tous les aspects d'une éventuelle acquisition de la branche d'activité BDS d'ATOS”
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Atos s’enfonce dans la crise. Airbus a annoncé mardi 19 mars 2024 mettre fin à ses discussions avec l’ex-fleuron informatique pour le rachat de ses activités “Big Data” et sécurité (BDS). Cette éventuelle acquisition par Airbus constituait l’une des dernières cartes d’Atos pour renflouer les caisses, réduire une dette de plusieurs milliards d’euros et insuffler de l’oxygène à une trésorerie déficitaire. La décision de l’avionneur, jugée “brutale”, a entraîné la chute de 21% de l’action Atos à l’ouverture de la bourse de Paris.

Airbus se retire du jeu. “Après avoir soigneusement étudié tous les aspects d'une éventuelle acquisition de la branche d'activité BDS (Big Data et Sécurité) d'ATOS”, l’avionneur franco-allemand “a décidé de ne plus poursuivre les discussions avec ATOS sur cette éventuelle transaction”. Le communiqué, très succinct, est tombé comme une sentence ce mardi 19 mars. 

Des désillusions coup sur coup

La piste Airbus s’envole donc pour l’entreprise française de services numériques, qui misait sur cette vente pour améliorer sa situation financière et alléger sa lourde dette financière. En février déjà, Atos avait annoncé l’abandon des négociations liée à la cession de ses activités historiques d'infogérance, Tech Foundations, au fonds EP Equity Investment (EPEI). La société comptait rattraper le coup avec la cession de BDS, dont l’activité est valorisée entre 1,5 milliard et 1,8 milliard d'euros. 

La décision d’Airbus, qui est à l’origine de l’abandon des discussions, est perçue comme une trahison chez Atos, qui aurait appris la nouvelle dans la nuit de lundi à mardi. "C'est une catastrophe pour Atos qui a cruellement besoin d'argent frais pour faire face à d'importantes échéances de refinancement ces prochaines années", estime un analyste. Il estime que les communications très brèves et “minimalistes” des deux entreprises empirent la situation “en renforçant l’incertitude sur le dossier”. “On ne connaît pas les raisons qui ont conduit à la fin des pourparlers”, explique-t-il.

En réaction à l’annonce de l’avionneur franco-allemand, le titre Atos s’est effondré mardi de 21,3% à 1,69 euro à la Bourse de Paris, après avoir touché lors de l’ouverture un nouveau point bas historique à 1,62 euro. En parallèle, l'action Airbus gagnait 2,2%, à 166,82 euros.

Dans son communiqué, l’informaticien ne se montre pas plus bavard que l’avionneur, affirmant “évaluer activement les alternatives stratégiques qui prendront en compte les impératifs de souveraineté de l'Etat français”. Le gouvernement français suit le dossier de très près, guettant certaines activités comme les supercalculateurs et la cybersécurité, politiquement sensibles et dont une cession pourrait compromettre la souveraineté et la sécurité nationale. 

En février, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, affirmait que “l’Etat utilisera tous les moyens à sa disposition pour préserver les activités stratégiques" d’Atos. On table alors sur une intervention de l’État à travers la BPI (banque publique d'investissement française, NDLR) ou l'agence des participations.

Thales et Dassault de retour dans la course ?

L’entreprise de services numériques a également annoncé le report de la publication de ses résultats de l'exercice 2023 "dans un futur proche afin de lui permettre d'évaluer ses options stratégiques". 

Le retrait d’Airbus de la table des pourparlers ainsi que les enjeux stratégiques évoqués par Le Maire pourraient alors convaincre Thales et Dassault Aviation de revenir dans la partie. Pour un des participants aux discussions entre l’avionneur et l’informaticien, “le conseil d'administration d’Airbus fait un très beau cadeau” aux deux groupes aéronautiques. Dassaut serait particulièrement intéressée par l’activité des supercalculateurs, utilisés dans le nucléaire. 

A la fin 2023, la dette financière nette d'Atos s'élevait à 2,23 milliards d'euros. Quant à sa dette financière brute, elle s’élevait à 4,65 milliards d'euros. L’ex-fleuron informatique a généré en 2023 un flux de trésorerie disponible négatif, estimé à 1,08 milliard d'euros. Début février, un mandataire ad hoc a été désigné pour encadrer les négociations sur cette dette avec les banques. 

Après une décennie sous Thierry Breton, marquée par des acquisitions effrénées, Atos a enregistré en 2021 une année sombre, entre chute de ses actions et baisse de sa rentabilité. On reproche à l’actuel commissaire européen d’avoir tenté une croissance externe sans que, réellement, l'ensemble de filiales acquises ne soient intégrées au groupe. A cela, s'ajoutent des retards dans le virage vers le cloud ainsi qu’un manque d'investissement dans la recherche, le développement et la formation.

Le groupe a de ce fait envisagé la scission de ses activités à partir de l’été 2023, entre les secteurs historiques et les nouveaux secteurs, parmi lesquels la filiale “Big Data & Security” dont une cession était rejetée à ce moment-là par les actionnaires.

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