Meta, société-mère de Facebook, soupçonnée de faciliter, et de profiter de trafic de médicaments sur ses plateformes
Déjà critiqué pour l’implication de ses plateformes dans le trafic d’êtres humains, le groupe Meta est cette fois-ci soupçonné par l’État de Virginie d'avoir facilité le trafic illicite de médicaments. Les réseaux sociaux de ce géant du web seraient impliqués dans la promotion et la vente illégale de médicaments, dont des opiacés. Les Procureurs généraux de cet État de l’Est des États-Unis réclament des archives auprès de la multinationale, qui se défend en affirmant “tout mettre en œuvre pour retirer ces contenus”.
L’information a été dévoilée dimanche 17 mars par le Wall Street Journal. Une enquête pénale avait été ouverte en 2023, se déroulant devant un grand jury, c’est-à-dire des citoyens qui prennent part à la phase d’instruction.
La justice exige des archives de Meta
De quoi est soupçonné Meta ? Les procureurs de Virginie accusent ce membre des GAFAM “de faciliter et de profiter de ventes illégales” de médicaments sur ses plateformes, notamment Facebook et Instagram. Ils réclament “des archives liées à des contenus sur des médicaments en infraction avec la réglementation sur les plateformes de Meta et/ou sur la vente illégale de médicaments via les plateformes de Meta".
Ces pratiques inquiètent depuis de nombreux mois les parlementaires du Congrès américain et un groupe de sénateurs a envoyé en février une lettre à l'agence américaine du médicament (FDA), exigeant des actions pour mettre fin à la promotion des médicaments sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, la FDA apporte son soutien et participe à cette enquête fédérale, précise le Wall Street Journal.
Le groupe Meta a vite réagi, rappelant que "la vente illégale de médicaments est contraire à [sa] politique”. “Nous œuvrons à trouver et à retirer ces contenus de nos services. Meta coopère de manière proactive avec les forces de l'ordre pour aider à combattre la vente et la distribution illégales de médicaments", affirme un porte-parole.
Vendredi dernier, le président des affaires internationales de Meta, Nick Clegg, a rappelé dans un post X (ex-Twitter) que Meta avait rejoint une alliance composée du département d’État américain et de l'Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNDOC), pour prévenir les dangers des médicaments.
La démarche du géant du web est “d’aider à empêcher la vente de drogues synthétiques sur internet", particulièrement les opiacés qui constituent un "problème majeur de santé publique" aux Etats-Unis. Les données des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) américains font état de plus de 700.000 morts entre 1999 et 2022, causées par des overdoses liées à la prise d'opiacés, obtenus sur ordonnance ou de manière illégale.
Le Wall Street Journal dit se baser sur des documents et des proches du dossier. Il affirme que des assignations à comparaître ont déjà été délivrées et que des interrogatoires ont été effectués. Il est attendu du grand jury de déterminer si les plateformes de Meta "facilitent et profitent de la vente illégale de médicaments" et si elles doivent, de ce fait, être poursuivies en justice. C’est la raison pour laquelle ils réclament des archives.
Avant le trafic de médicaments, le trafic d’êtres humains
Ce n’est pas la première fois qu’un membre des GAFAM est soupçonné d’être impliqué dans le trafic de drogues ou de médicaments. En 2011, Google a été condamné à une amende de 500 millions de dollars, après avoir autorisé des pharmacies canadiennes à faire de la publicité sur le territoire américain. Résultat: l’importation illégale de médicaments sur ordonnance a augmenté.
Quant à la maison mère de Facebook, les soupçons des procureurs de l’État de Virginie viennent s’ajouter aux poursuites entamées en 2023 contre les plateformes du groupe Meta impliquées dans le trafic d’êtres humains. Un rapport du procureur général de Floride dévoilait que Facebook, Instragram et dans une moindre mesure, WhatsApp et Messenger, étaient les “applications préférées” des trafiquants.
Dans le cadre d’une procédure judiciaire intentée par l’État du Nouveau-Mexique, des documents internes à Meta ont été dévoilés en janvier 2024, démontrant que le groupe aurait fait la promotion de ses plateformes auprès des enfants, tout en sachant que des quantités importantes de contenus inappropriés et sexuellement explicites y circulaient.
Des employés du groupe dirigé par Mark Zuckerberg ont fait part de leur inquiétude en interne et les documents révèlent que la multinationale a reconnu les risques qui pèsent sur les mineurs, sans toutefois réagir pour maintenir la rentabilité.
“Pendant des années, les employés de Meta ont tenté de tirer la sonnette d’alarme sur les décisions prises par la direction de l’entreprise qui ont exposé les enfants à des sollicitations dangereuses et à l’exploitation infantile”, déplore le procureur général du Nouveau-Mexique. Selon lui, Meta et Mark Zuckerberg permettent aux prédateurs d’exploiter sexuellement des mineurs.
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