Fauci, après le pardon, la poursuite des ennuis et l’ennui des poursuites ?
![Fauci](/sites/default/files/styles/max_1300x1300/public/2025-02/JIM%20WATSON%20AFP.jpg?itok=GH8j9eCU)
![](/themes/custom/francesoir/image/copyright-symbol-logo.png)
Au-delà du parfum de scandale répandu par l’annonce du ‘pardon’ accordé par Joe Biden à Antony Fauci, quel est l’effet réel de ce pardon ? Fauci est-il sorti d’affaires quant à ses responsabilités dans la mauvaise gestion de crise Covid 19 aux Etats-Unis, et plus généralement dans l’état de santé déplorable de la population étatsunienne ? Et, en incidence, à quoi rime le communiqué de soutien à Fauci émis par le Bureau de l’Académie française des sciences ?
Le pardon présidentiel étatsunien est une procédure du même type que la grâce présidentielle française. Une particularité en est que le pardon peut porter sur des infractions non jugées par un tribunal, voire non encore poursuivies, ni même identifiées. Cet usage « préemptif » est cependant rare dans l’histoire du pays. Dans le cas de Fauci, le pardon couvre les faits depuis janvier 2014 (date de mise en place par l’administration Obama d’une interdiction (ban) des recherches de gain de fonction) jusqu’à son octroi le 20 janvier 2025. Le champ couvert est l’ensemble de ses responsabilités de directeur jusque fin 2022 du NIAID (institut national de recherche sur les allergies et maladies infectieuses, chargé de l’ensemble des recherches biomédicales civiles aux Etats-Unis, mais aussi de leurs volets militaires par délégation du Pentagone), de membre de la task force fédérale de gestion de la pandémie Covid 19, et de principal conseiller médical du président.
Qualifié par Biden de « plein et inconditionnel », le pardon, effectif puisque Fauci l’a expressément accepté, exonère-t-il ce dernier de tout souci ?
Pas vraiment ; d’une part il ne s’agit que d’un pardon fédéral américain ; des procédures en dehors des Etats-Unis ou sur la base de la législation de chacun des Etat fédérés peuvent continuer à être menées ou lancées. Par ailleurs, au niveau fédéral, selon la jurisprudence en vigueur de la Cour Suprême, Burdick vs US, qui date de 1915, le pardon accepté emporte une « admission de culpabilité et reconnaissance d’un aveu » (carries imputation of guilt and acceptance a confession of it).
Cette admission intrinsèque de culpabilité confère une connotation savoureuse au communiqué de presse du président-sortant de l’académie des sciences française et de ses collègues du Bureau ; il dénonce la fin de la protection policière de Fauci (d’un coût de $ 15 millions sur deux ans) et salue sa contribution à la science et à la prise de décision politique, ainsi que son intégrité. En fait de contribution et d’intégrité, il sera suggéré aux membres dudit Bureau de lire le livre de Bob Kennedy Jr « Fauci, Gates, et Big Pharma » préfacé par le Pr Péronne. Par ailleurs, le lien d’intérêt entre le président sortant, Alain Fischer, spécialiste d’immunologie pédiatrique, professeur de médecine expérimentale au Collège de France, et Fauci est patent : nommé Président du comité stratégique du programme français de vaccination contre le Covid, Fischer a contribué de façon décisive à aligner la France sur la politique ‘Fauci’ de généralisation aux Etats-Unis, sans attendre la fin de la phase expérimentale3, des inoculations géniques supposées anti-Covid 19, notamment les produits de BionTech/Pfizer et Moderna.
Ainsi, la reprise à son compte des mensonges de Fauci – par exemple : « des vaccins sans risque et efficaces », ou bien l’affirmation sans base scientifique que les injections d’ARN messager ne peuvent pas s’intégrer au génome humain puisque éliminées très vite - pourrait lui être reprochée. Ce d’autant que le Pr Fischer connait depuis 1999 les difficultés et le danger extrêmes des traitements géniques suite aux expérimentations qu’il a dirigées en dernière intention sur des enfants à très fort déficit immunologique. Ces expérimentations successives sur petites cohortes ont toujours rencontré des incidents, y compris le décès de l’enfant2, conduisant à l’arrêt rapide des tests : la technologie – sur laquelle les chercheurs français sont en pointe - n’a pas encore démontré de capacité opérationnelle. Est-ce la possibilité de participer à un test de thérapie génique sur des milliards d’individus en bonne santé qui l’aura intéressé dans la voie choisie par les Etats-Unis ? En tout cas, il n’y a aucune raison que le Pr Fischer ne soit pas mis en cause pour sa responsabilité dans la campagne d’inoculations défectueuses qu’il a validée. Il était temps qu’il quitte la présidence de l’académie des sciences.
Pour en revenir aux USA, suivant la jurisprudence Burdick vs US, Fauci devra notamment témoigner lors de toute citation à comparaitre aux Etats-Unis, sans pouvoir se prévaloir du 5e amendement de la Constitution. Il risque ainsi d’avoir un agenda chargé d’auditions difficiles devant les deux chambres du Congrès, ainsi que nombre de tribunaux.
Dans ce contexte, il risque aussi de commettre une nouvelle infraction, postérieure au pardon, et donc exclue de son champ d’action : s’il refuse de témoigner, ou fait de l’obstruction, s’il commet des mensonges sous serment lors des auditions à venir...
Reste à savoir si l’Administration et le Congrès étatsuniens ont vraiment intérêt à ce que Fauci divulgue tout ce qu’il sait. Entre les tenants de la vérité ou d’un règlement de comptes personnels, et ceux qui voudraient éviter tout risque que la responsabilité directe des Etats-Unis puisse être démontrée et engagée vis-à-vis du reste du monde, quelle option l’emportera ?
Documentation :
Le Pardon accordé à Fauci par Biden : dl
Analyse de la jurisprudence Burdick vs US : Burdick v. United States, 236 U.S. 79 | Casetext Search + Citator
Communiqué du Bureau de l’académie des sciences : CP Fauci FR.pdf
Daniel Godet est ancien administrateur civil, cadre de grande entreprise en retraite, et esprit curieux.
1 D’où la double rémunération de son directeur, l’agent fédéral le mieux payé du pays – plus de $ 480 000 l’an en 2022, niveau supérieur à celui du Président, qui plus est avant quote-part sur royalties issus des brevets du NIAID, et droit à pension de $ 350 000 l’an.
2 Thérapie génique : les raisons de l'arrêt d'un essai français sont publiées | Le Quotidien du Médecin (2003) ; Thérapie génique : deuxième coup d'arrêt - Science Actualités.fr (2005) ; Coup d'arrêt sur le premier succès de la thérapie génique - Doctissimo (2014) ; Thérapie génique pour bébés bulle : nouvel arrêt (2018) ; Thérapie génique : un enfant décède dans le cadre d’un essai clinique - Genethique (2024).
3 Cet amendement comprend notamment la disposition « nul ne pourra, dans une affaire criminelle, être obligé de témoigner contre lui-même ».
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.