Indice de perception de la corruption : régression en Europe, la France dégringole, l'influence des lobbies en matière de climat pointée du doigt
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En Europe, la corruption gagne du terrain selon une ONG. Dans un nouveau rapport, Transparency International (TI), qui compile l’indice de perception de la corruption dans 180 pays, la moyenne régionale pour l’UE a reculé cette année. Tout en classant la Hongrie comme étant le plus mauvais élève du Vieux continent, TI souligne que pour la première fois, la France perd cinq places dans l’indice. L’Allemagne n’est pas en reste selon cette ONG, qui affirme que le rôle du lobbyisme en matière de climat a favorisé cette hausse de la corruption, comme cela avait été constaté à partir de 2021 en raison du lobbyisme en matière de santé publique pendant la pandémie de COVID.
TI mesure la perception de la corruption dans le secteur public selon 13 sources de données, allant de la Banque mondiale aux sociétés de conseil et de gestion des risques privés. Les pays et les territoires sont notés sur une échelle allant de 0, "très corrompu", à 100, "très propre".
“Une dégradation alarmante” en France
Sur l'ensemble des 180 pays étudiées, environ un quart ont obtenu le score le plus bas depuis que l'ONG a commencé à utiliser sa méthodologie actuelle pour son classement mondial en 2012.
Cet indice de perception de la corruption (IPC) “note et classe les pays et territoires en fonction du degré de corruption présent dans le secteur public d’un pays tel qu’il est perçu par les experts et les chefs d’entreprise”, explique IT sur son site.
Sur les 13 sources de données auxquelles se réfère IT figurent “12 institutions indépendantes spécialisées dans l’analyse de la gouvernance et du climat des affaires”, qui reposent sur “des données publiées au cours des deux années précédentes”, explique-t-on encore.
En 2024, la corruption dans les pays de l'UE s'est aggravée, pour la deuxième année consécutive. La moyenne régionale pour l'Europe occidentale et l'UE était de 64 cette année, contre 65 l'année dernière. Avant 2023, ce score n'avait pas baissé depuis une décennie. Le rapport déplore “l’insuffisance” de la capacité de l'Europe à lutter contre la corruption, compliquant la “réponse de l'UE aux défis qui vont de la crise climatique à l'effritement de l'État de droit et à la surcharge des services publics”.
Le classement européen de cette année contient des surprises. A commencer par Paris qui perd quatre points à 67, dégringolant de cinq places dans le classement. “Une dégradation alarmante et inédite de la situation française”, commente TI. La France recule ainsi à la 25e position mondiale, une baisse “sans précédent” depuis la création de l’indice en 1995.
TI impute cette dégringolade à “des failles structurelles dans la lutte contre la corruption, aggravées par des scandales récents”, à l’image du procès de Nicolas Sarkozy dans le dossier libyen, l’affaire des attachés parlementaires du RN ou encore l’affaire Bygmalion, “et une perte de confiance dans les institutions démocratiques”, aggravée par les deux mandats du président Emmanuel Macron et sa décision de dissoudre l’Assemblée, donnant lieu à des législatives anticipées pendant lesquelles “la lutte contre la corruption et la probité a été singulièrement absente de la campagne législative et du débat public”.
“Le constat de Transparency International est sans appel : la France risque de perdre le contrôle de la corruption”, lit-on encore.
L'influence des lobbies
L’Allemagne a de son côté perdu trois points à 75 et obtient également le plus bas score depuis la mise en place de l’IPC. IT explique ce recul, aussi bien pour Berlin que pour Paris, par l'influence des lobbies des entreprises sur la politique et l'action en matière de climat.
"Deux des plus grands défis auxquels l'humanité est confrontée sont étroitement liés : la corruption et la crise climatique", explique TI, qui déplore “l'absence de mécanismes adéquats de transparence et de responsabilité accroît le risque que les fonds destinés à la lutte contre le changement climatique soient mal utilisés ou détournés, tandis que les conflits d'intérêts entre hommes politiques et le lobbying des industries polluantes sur les décideurs sont préoccupants”, selon le rapport.
"Ces facteurs ont entravé l'adoption des politiques et mesures ambitieuses nécessaires pour lutter contre le changement climatique, en favorisant les intérêts de groupes restreints au détriment du bien commun", indique TI. La même ONG faisait remarquer en 2021 la hausse des risques de corruption dans l’achat de produits liés au COVID-19, à travers des marchés publics notamment, comme cela a été le cas avec les scandales liés à Pfizer et la présidente de la CE, Ursula von der Leyen.
TI épingle particulièrement la Hongrie, considéré comme le plus mauvais élève européen avec un score de 41, en baisse d’un point par rapport à l’année dernière. L’ONG souligne "la corruption systémique et le déclin continu de l'Etat de droit" sous le Premier ministre Viktor Orbàn et se réfère notamment aux sanctions américaines imposées à un haut fonctionnaire du gouvernement. Viktor Orbàn et son parti au pouvoir, le Fidesz, ont toujours nié les allégations de corruption.
La Bulgarie, la Roumanie et Malte sont les autres mauvais élèves de la région. La Slovaquie est désignée comme un pays à surveiller après la chute de son score de cinq points, une régression imputée au gouvernement du Premier ministre Robert Fico, dont certaines réformes affaiblissent le contrôle anti-corruption”.
"Aujourd'hui, certains gouvernements vont plus loin, sapant ou politisant les cadres de lutte contre la corruption et permettant l'érosion de l'Etat de droit", poursuit TI.
Le Danemark est le “champion” de ce classement avec 90 points, suivi par la Finlande (88 points) et Singapour (84 points). En bas de l’indice, le Sud-Soudan n'a obtenu que huit points, supplantant la Somalie d'un point et devenant ainsi le pays le moins performant au monde cette année.
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