Gaza : Incertitudes autour du sixième échange d’otages sur fond d’offensives continues, les pays arabes s’opposent fermement au déplacement des Palestiniens
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Quoique fragilisé par des bombardements israéliens et les déclarations de Donald Trump, le cessez-le-feu à Gaza est toujours en vigueur. La première phase de l’accord de trêve, qui a débuté le 19 janvier dernier, touche à sa fin avec cinq échanges d’otages entre le Hamas et Israël, simultanément à des offensives israéliennes qui alourdissent toujours le bilan des 15 mois de guerre. Le sixième échange fait l’objet de crispations et de tensions ces derniers jours entre le mouvement palestinien et Tel Aviv, sur fond de déclarations polémiques du président américain sur une déportation des Palestiniens du territoire enclavé vers les pays arabes adjacents. Ces derniers expriment en chœur leur refus.
Depuis l’entrée en vigueur de la trêve, cinq échanges d'otages contre des prisonniers ont eu lieu. Jusqu’à maintenant, 18 otages israéliens et 582 prisonniers palestiniens ont été libérés, plus un Égyptien. La première phase de l'accord, d'une durée de six semaines, prévoit au total la remise à Tel Aviv de 33 otages, dont huit au moins sont décédés, contre 1 900 prisonniers palestiniens.
Incertitude autour du 6e échange, le nombre de morts continue de grimper
Le sixième échange, prévu samedi dernier et impliquant la libération de trois otages contre 183 Palestiniens, a été retardé. Le Hamas a publié un communiqué dans lequel il rejetait les menaces d’Israël et des États-Unis d’un retour de la guerre, réaffirmant son engagement à l'accord de cessez-le-feu tout en accusant Tsahal de compromettre la trêve.
Les accusations portées contre Tsahal font référence aux offensives qui se poursuivent malgré l’entrée en vigueur du cessez-le-feu. Jeudi, Israël a annoncé avoir "frappé" un lanceur de roquettes dans la bande de Gaza après avoir détecté un tir de projectile ayant, selon elle, atterri dans le territoire palestinien.
Le même jour, le ministère gazaoui de la Santé a annoncé un bilan de plus en plus élevé, atteignant 48 239 morts depuis le début de l'agression de l'occupation israélienne le 7 octobre. Le nombre de blessés s'est élevé à 111.676 depuis le début de la guerre. 17 Palestiniens ont été tués et deux autres blessés en 24 heures
Israël a tout de même déclaré hier attendre du Hamas qu’il libère trois otages "vivants" ce samedi pour garantir la poursuite du cessez-le-feu à Gaza. Le mouvement palestinien a réitéré sa disposition à appliquer l’accord de trêve et libérer des otages israéliens "selon le calendrier".
"Si le Hamas ne respecte pas l’accord, s’ils violent l’accord et ne libèrent pas nos otages, nous avons déjà amassé des forces à l’intérieur et autour de Gaza, donc si ces trois-là ne sont pas relâchés, si le Hamas ne rend pas nos otages, d’ici à samedi midi, le cessez-le-feu prendra fin", a déclaré David Mencer, porte-parole du gouvernement israélien.
Les États arabes opposés au projet de Trump
Selon une chaîne de télévision égyptienne, proche du gouvernement, c’est la médiation menée par l’Egypte et le Qatar qui a permis de "surmonter les obstacles" qui mettaient en danger le cessez-le-feu.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, le rôle de Washington dans la médiation n’est plus mis en avant, relégué au second plan, derrière les déclarations du président américain sur Gaza. Mercredi, le porte-parole du républicain a confirmé les récents propos de ce dernier lorsqu’il recevait Abdallah II, roi de Jordanie, selon lesquels “il serait bien mieux et plus majestueux que ces Palestiniens puissent être déplacés vers des zones plus sûres". “Beaucoup de Palestiniens aimeraient quitter Gaza s’ils pouvaient trouver un endroit où vivre”, déclarait-il en début de semaine dans son bureau Ovale.
Son invité "préférerait que les Palestiniens (de Gaza) restent sur place", tout comme de nombreux États arabes sollicités pour accueillir les Gazaouis. Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a adopté une réponse déterminée, sans compromis, annonçant la tenue d’un sommet arabe extraordinaire au Caire à la fin du mois pour y présenter “une vision globale” pour la reconstruction de l’enclave palestinienne de manière à garantir que les Palestiniens restent sur leur terre.
Le ministère saoudien des Affaires étrangères a réitéré l’engagement de Ryad en faveur d’un État palestinien et dénoncé toute tentative de “déraciner les Palestiniens”. Les Emirats arabes unis, malgré un accord de normalisation avec Israël en 2020, ont rejeté tout “compromis” sur les “droits aliénables du peuple palestinien” et toute tentative de le déplacer.
Bahreïn, autre pays du Golfe ayant normalisé ses relations avec Israël, a appelé à “l’établissement d’un État palestinien doté d’une pleine souveraineté d’une manière qui permette une coexistence pacifique avec Israël”.
Sur le plan humanitaire, la "catastrophe se poursuit" malgré la trêve, a tempéré jeudi le chef du Bureau des Nations unies pour les services d’appui au projet (Unops), Jorge Moreira da Silva. Il a appelé à un accès sans entraves de l’aide. Il a appelé à un "cessez-le-feu permanent", à "la "libération immédiate de tous les otages" et à un accès "rapide", et "sans entrave" de l’aide humanitaire.
Selon la même télévision égyptienne, après l’accord d’Israël, les "préfabriqués, les tentes, le carburant, l’équipement lourd, les médicaments, les matériaux de rénovation des hôpitaux et tout ce qui est lié au protocole humanitaire" pourront commencer à être acheminés dans la bande de Gaza.
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